Les hommes et les femmes sont égaux en droits...
C'était il y a bien longtemps...
Aujourd'hui, le monde a changé... A qui la faute ?
Chapitre 1
28 juillet 2198
Je m'appelle Antonia. Aujourd'hui j'ai 16 ans. Ce qui fait de moi une adulte, mais il n'y aura ni fête, ni cadeau, ni gâteau d'anniversaire. C'est ainsi dans mon monde.
Enfant, je pensais qu'être fille de roi m'apporterait tous les avantages dus à une princesse. Mais je me trompais. Mon père est bien Roi, mais je ne bénéficie guère de son titre, même si je suis sa fille. C'est justement cela le problème, celui d'être une fille. A cet instant, je le redoute. Mon père ou mon géniteur, comme j'ose parfois l'appeler, me commande de venir dans ses appartements. J'avoue que je crains souvent ce genre d'instant, en tête-à-tête avec lui. Je sais ce qu'il va me proposer ou plutôt m'imposer, et je ne pensais pas que cela arriverait aussi tôt.
Mon père est un grand roi, il est le Roi d'Italie et de Croatie qu'il a conquis en quelques mois. Mais un Roi n'est jamais satisfait ... Il en demande toujours plus. Aujourd'hui, il demande une alliance avec la France pour perpétuer la descendance royale et avoir le soutien d'un pays frontalier.
En fait, je ne suis pas princesse et ma mère n'est pas reine. Les hommes ne nous respectent plus. Toutes les femmes sont manipulées, utilisées et j'arrive encore à me demander si ne nous sommes pas devenues des esclaves à leur service... Nous sommes traitées comme des êtres inférieurs depuis l'Epidémie. Etrangement, un virus a dévasté la population féminine. En 2050, plus de soixante pour cent des femmes sont mortes en moins d'un mois à cause de ce fléau terrible. Les gouvernements se sont agités et de nombreuses révoltes ont suivi.
Au final, dans une bonne partie de l'Europe, le parti de l'Extrême-droite a pris le pouvoir et rétablit la monarchie. Ce fut un grand retour en arrière, voire une régression puisque la démocratie était de fait abolie. Le reste de la population prit peur, des manifestations s'en suivirent comme de nombreux coup d'Etat qui ne purent renverser le nouveau gouvernement. Malgré sa résistance, la république fut éradiquée définitivement.
Nous aurions pu penser que tout était terminé ; malheureusement, cela ne fut pas le cas. Le reste de la population féminine, qui pensait être immunisée contre le virus, développa une anomalie génétique tout aussi terrible. On découvrit peu à peu qu'une femme avait seulement une chance sur dix d'accoucher d'une fille.
C'est là que tout commença. La population diminuait considérablement, surtout le nombre de femmes. Les hommes savaient que la race humaine allait être exterminée s'ils ne faisaient rien. Alors les rois prirent une décision radicale. Ils prirent le contrôle et établirent de nouvelles règles concernant les femmes en les dépossédant de leurs biens et de leurs fonctions. Elles devinrent des génitrices Pour ce faire, elles devaient se déclarer « procréatrices » et exercer ce métier jusqu'à un âge relativement avancé.
Ma mère fut l'une d'elles. Fille du roi d'Autriche elle fut offerte comme présent à mon futur père, le Roi d'Italie. Je vous laisse imaginer comment cela fut très dur pour elle comme pour chaque femme. Mais elle put s'estimer chanceuse, car le sang royal lui apporta un certain confort malgré les inconvénients. Car c'était beaucoup plus cruel pour toutes les autres... Chaque fille, en âge de procréer, était destinée à un homme qu'elle ne connaissait pas, selon son rang et les alliances politiques que cela pouvait apporter. Pour le peuple, cela était également le cas, mais dans des proportions moins importantes car les gens du peuple n'avaient pas de biens à négocier.
