Une fois l'ouverture fermée, Rose regagna la chambre où l'homme avec qui elle avait couché quelques heures plus tôt dormait. Le poignard toujours en main, elle le scruta longuement, elle pourrait mettre fin à ses jours, là, maintenant. Il dormait, inconscient, inoffensif, un coup, un seul et tout était fini. Une fois, la chair, le poumon, le cœur et Thomas Shelby s'en ira rejoindre l'au-delà.
Rose leva le couteau dans les airs, juste au-dessus du corps de son amant et pour la première fois, sa main trembla. Elle savait qu'au fond d'elle, elle ne pouvait pas s'y résoudre, pas présentement. Elle baissa alors son bras et tenta de trouver toutes les excuses du monde pour ne pas le faire. Elle finit alors par se recoucher, mais le sommeille ne semblait pas lui faire grâce de sa présence ce soir-là.
À peine le soleil eut percé, le ciel Rose se faufila en dehors de l'imposante demeure et regagna son logement au plus vite. Tout juste arrivée chez elle, l'américaine se précipita sur le combiné et composa le numéro du bureau des services secret américains.
- Numéro d'identification. Déclara la voix mécanique du téléphone.
- M0135, agent Rose Richmond.
- Bonjour agent M0135, que puis-je faire pour vous aider ?
- Pourriez-vous me passer le bureau de monsieur Scott, je vous prie. Demanda Rose en contemplant le papier qu'elle tenait entre ses mains.
- Tout de suite.
La musique que de la mise en attente résonna pendant une trentaine de secondes.
- Rose ! Comment allez-vous ? Vous m'apportez de bonnes nouvelles, j'espère. S'exclama James.
- D'excellentes nouvelles même ! Répondit la jeune femme.
- Voilà ce que j'aime entendre ! Alors qu'elles sont-elles ? Demanda le patron du S.I.S.
- J'ai la lettre. Prononça Rose de manière à peine audible.
- Dieu soit loué, Rose, vous êtes impressionnante. Et la deuxième partie de votre mission, qu'est-ce qu'il en est ? S'enquit James.
- C'est, eh bien, en cours. Dit Rose sans trop en être sûre.
- Bien alors dans ce cas félicitation ! Votre frère serait fière de vous Rose. Sur ce, il faut que j'appelle monsieur Wilson. Passez une bonne journée et merci au nom des États-Unis d'Amérique.
- Il n'y a pas de quoi, c'est mon travail. Répondit Rose.
À peine eût la jeune femme raccrochée qu'elle s'empressa de se rendre dans sa salle de bain. Elle consulta sa montre, elle devait être au travail dans moins d'une demi-heure.
*
Il est 18 heures, la journée est terminée et pourtant, Rose n'a pas vu Thomas une seule seconde. Étrange, mais pas inquiétant. Alors, Rose finit la paperasse et quitta le grand bâtiment blanc qui lui était devenu si familier.
La rue était vide, sombre et pleine de brouillard, les talons de la jeune femme frappaient le pavé plus vite que jamais. Et alors qu'elle s'apprêtait à rejoindre son hôtel particulier, elle entendit des gémissements venant d'une ruelle. Elle hésita une seconde. Était-ce bien prudent ? Sûrement pas. Mais malgré tout, son goût du risque et sa curiosité prirent le dessus.
Alors, elle s'avança, dans cette ruelle terrifiante et aussi intimidante qu'une simple ruelle pouvait l'être. Elle s'approchait de plus en plus du bruit qui l'amenait là-dedans.
- Sainte Marie, mère de dieux ! S'exclama Rose face à ce qu'elle avait devant elle.
Thomas, en sang presque de la tête au pied, le visage tellement gonflé qu'on était à peine reconnaissable.
Rose devait penser vite et penser bien. Le seul problème était le suivant : le sauver était tout ce qu'il y a de plus contre-productif. D'un côté, n'était-ce pas de la chance ? Elle n'aurait pas à le tuer, mais juste à le laisser mourir. C'était parfait.
Et pourtant, semblant ne même pas y réfléchir une seule seconde, Rose avait enlevé sa chemise et observait ses plaies de près.
Aucune plaie par balle, plusieurs os cassés, quatre côtes fêlées, une cheville cassée, beaucoup d'hématomes et de maintes plaies ouvertes. Compliqué, mais pas impossible.
Le père de Rose est chirurgien, sa mère infirmière et les soins basiques étaient enseignés en première année de recrutement au SIS. En conclusion, Rose avait toutes les clefs en mains pour sauver cet homme.
- Thomas, c'est Rose, vous m'entendez ? Demanda Rose tout en pressant ses doigts contre la carotide de Thomas pour s'assurer que celui-ci est toujours en vie.
- Rose. Murmura Thomas, visiblement conscient, mais confus.
Rose se leva et courut au Garison qui n'était qu'à une minute à pied. Elle fit appeler l'hôpital et dès que cela fut fait, elle retourna auprès de l'anglais agonisant qu'elle avait laissé plus tôt.
*
Rose était assise dans un fauteuil dans la chambre d'hôpital. Dire que Thomas était défiguré serait un euphémisme et pourtant Rose lui trouvait quand même un certain charme.- Rose. Murmura Thomas, les yeux encore fermés.
- Je vous en prie, ne bougez pas. Dit Rose en se levant pour attraper la main qu'il lui tendait.
Et pendant un instant, encore une fois, elle songea à le tuer.
- Il faut, il faut que j'aille à Londres. Ce soir. Dit l'homme non sans mal.
- Impossible, vous êtes bien trop blessé pour cela. Répondit Rose presque amusée par le ridicule de l'idée.
- Mademoiselle, les heures de visite sont terminées. Annonça une infirmière qui venait d'entrer.
- Bien sûr, bonne soirée. Dit l'américaine en lâchant doucement la main de Thomas.
- Soyez au port de Charlie, demain matin à six heures. Ordonna quasiment l'anglais.
Rose ne répondit pas, elle se contenta de soupirer. Allait-elle se lever à cinq heures du matin pour faire dieux sait quoi avec Thomas ? Bien sûr.
*
Rose était allongée sur son lit, fixant frénétiquement le plafond. Un regard sur le réveil, trois heures du matin. Une fois encore, le sommeille lui manque. Il faut dire que ces temps-ci, elle n'avait pas beaucoup dormi.
Elle devait tuer Thomas, elle le savait. Ce qu'elle ne savait pas en revanche, c'est pourquoi elle n'y parvenait pas ? Était-ce de la faiblesse ? De la tendresse ? Ou pire, de l'amour ? Non. Ça certainement pas. Il fallait que Rose se reprenne, il fallait qu'elle se réveille !
Demain, il mourra. Il est affaibli, presque mourant. Demain Rose met la main sur la gâchette, demain, Rose met fin à la vie de Thomas Shelby. Qu'elle le veuille, ou non.
À suivre...
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S.P.Y : one shot
RomanceRose Richmond, une espionne des services secrets américain, est en vacances à Londres. C'est là qu'elle rencontrera Thomas Shelby sans connaître son identité. Mais c'est un an plus tard, quand elle est en mission à Birmingham pour enquêter sur les f...