CHAPITRE TRENTE-HUIT

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-Alors cette journée ?

J'ai à peine franchi le seuil du salon que ma mère me tombe dessus sans préambule. Je vois à son sourire qu'elle attendait mon retour avec impatience. Assise dans le canapé, elle me darde d'un regard emplit d'excitation.

L'interrogatoire peut commencer...

-Bonjour à toi aussi, Maman.

-Bonsoir plutôt. Tu rentres tard. Je suppose que tu as passé une excellente journée pour revenir à cette heure-ci.

Ce sourire conspirateur ne me plaît pas. Pas du tout même. Je connais assez bien ma mère pour savoir quand elle a quelque chose derrière la tête.

Toujours sur mes gardes, j'abandonne mes affaires près du sofa où elle est confortablement installée et croise les bras devant ma poitrine. Position défensive, je dois l'admettre. Avec cette femme, je m'attends à tout, du pire comme du meilleur.

-C'était une bonne journée, déclare-je simplement.

-Une bonne journée, c'est tout ?

-Ben, oui. Qu'est-ce que tu veux que je te dise d'autre ? On a simplement fait ce qui était au programme. Rien d'extraordinaire.

-Oh, je vois.

Intriguée, je fronce les sourcils et la dévisage d'un air curieux.

-Qu'est-ce que ça veut dire ça ?

-De quoi est-ce que tu parles, ma puce ?

-De cette tête que tu fais là. On dirait que tu es déçue. A quoi est-ce que tu t'attendais ?

Elle minaude et fait la moue comme si elle ne comprenait pas vraiment ce que j'attendais d'elle mais je connais ma mère. Je sais qu'elle peut être fourbe et qu'elle a forcément une idée cachée pour réagir de cette façon. Je pense même savoir ce qui lui trotte dans la tête.

-Tu crois qu'il aurait pu se passer quelque chose entre Cam et moi, je me trompe ?

-Je n'ai jamais dit ça, s'offusque-t-elle simplement pour la forme.

-Non mais tu le penses, pas vrai ?

Ses lèvres se serrent pour faire la moue et elle fixe un instant le plafond comme pour chercher ses mots.

-C'est juste que...

Elle hésite.

-Que quoi ?

-Vous étiez si fusionnels avant. Vous formiez le couple parfait malgré vos défauts et vos différents et j'ai toujours cru que c'était une histoire faite pour durer, que vous étiez fait l'un pour l'autre. Il s'est passé beaucoup de choses depuis mais après avoir vécu une telle passion, je me dis que tout est possible finalement.

-Je te rappelle que j'ai déjà quelqu'un, Maman. Je ne suis pas célibataire et mon histoire avec Cam est terminée depuis bien longtemps. J'ai Tommy maintenant. Tu te souviens de lui, j'espère.

Elle lève les yeux au ciel d'un air qui veut dire « J'ai un cancer, pas Alzheimer. ».

-Je sais que tu es avec Tommy et je l'aime beaucoup mais...

C'est une nouvelle manie de laisser les phrases en suspens ?

Ce petit manège commence à m'agacer.

-Vas-y, Maman. Crache le morceau.

-Je ne veux pas que tu le prennes mal.

-Tu peux dire ce que tu penses. Au fond, je suis presque sûre de le savoir alors dis-le.

THE WAY - LE DILEMMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant