Le lendemain, je découvre Rhéa en train de cuisiner. Je m'assois sur l'un des tabourets de bar et la regarde étonné.
— Qu'est-ce que tu fais ?
— Des pancakes ! dit-elle.
— En quel honneur ?
— Tu m'as aidé hier, tu m'as hébergé, fallait bien que je trouve un moyen de te remercier, annonce-t-elle.
Elle a beau faire comme si de rien n'était, j'arrive à sentir sa déception concernant l'évènement d'hier. Je mords les lèvres, elle se retourne, l'assiette remplit de pancakes.
— C'est prêt ! sourit-elle.
— Merci.
Elle nous sert un bol de café puis sort le nutella, la confiture et le sucre pour assaisonner nos minis crêpes avant de s'installer à côté de moi.
— Bon appétit ! dit-elle en se frottant les mains.
Pendant qu'on prend notre petit-déjeuner tranquillement, je fais, discrètement, un mouvement sec de la main afin de sortir une carte puis jette un rapide coup d'œil dessus : Roi de Piques.
— Oh putain, soufflé-je.
— Un souci ? demande t-elle
Je la regarde avant de lui sourire.
— T'as prévu quoi aujourd'hui ? questionné-je
— Pourquoi ?
— Comme ça, simple curiosité.
— Je repars au travail, j'ai raté une journée hier, le patron va me tuer.
Je ne sais pas si je dois être amusé par le patron qui risque de la tuer, ou prendre cette phrase au sérieux justement.
— Oui, c'est vrai, ton collègue était étonné de pas te voir ! dis-je
— Hein ?! Comment ...
— Vois-tu, je suis partis à ta recherche, mais comme je n'avais pas ton adresse, je suis allé à ton boulot en me faisant passer pour un ami qui débarque tout juste et je lui ai demandé ton adresse.
— Il te l'a donné ?! s'étonne-t-elle
— Tu étais la colocataire de Rozenn ?
Elle se tait, son visage se ferme soudainement. Elle pose le morceau de pancake dans son assiette avant de se lever. Je la stoppe dans son élan en l'attrapant par le poignet.
— Ce n'est pas une réflexion, assuré-je.
Je me rends compte que le moindre contact physique que j'ai avec elle fait de nouveau vriller mon coeur. Je lâche ma prise puis reprends mes esprits.
— Elle était amoureuse de toi, ajoute-t-elle.
— Pardon ?
— Tu as bien entendu. J'essayais de la raisonner car elle ne t'avais jamais vu, je ne voulais pas qu'il lui arrive quelque chose, même si j'ai échoué au final.
Elle se mure dans le silence quelques instants avant de reprendre.
— Le soir où elle a été tuée, elle m'avait dit que tu étais là, mais que tu ne t'étais pas montré. Tu l'aurais vu, elle était heureuse même si elle n'avait qu'entendu ta voix. Je m'en veux tellement...
— De ?
— D'avoir cette chance de te voir et de te parler alors que c'est elle qui devrait être à ma place, avoue-t-elle.
On reste silencieux. Mon esprit est dans le brouillard. Ce que ressentait Rozenn pour moi, je le ressentais à son égard. Forcément, je n'ai pas assumé, et voilà le résultat, elle n'est plus de ce monde.
— J'aimerais passer chez moi pour me changer, dit Rhéa en se levant.
— Fais attention à toi et si jamais t'as un souci, tu m'appelles.
J'attrape un bout de papier et un stylo qui traînent à côté de la machine à café et écris mon numéro de téléphone avant de le lui donner.
— Merci.
Je la raccompagne jusqu'à la porte d'entrée, on se lance un dernier regard avant qu'elle ne quitte l'appartement. Mon coeur me fait de plus en plus mal, ce sentiment est en train de me bouffer. Je pose une main contre ma poitrine et de mon autre main, je m'appuie contre le mur.
— A chaque pique que mon coeur recevra, je resterai sur le carreau... Ca commence déjà.
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Kingdom of Cards
ParanormalNoah est un jeune homme introverti qui préfère rester dans l'ombre. Il n'a qu'un seul ami, Teru. Il essaie de résoudre des meurtres qui, au fil du temps, ont un lien avec lui. Noah déteste échouer, il n'aime pas perdre et n'hésite pas à faire appel...