Partie 3

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— Après qu'on a discuté lors de cette soirée, Rhéa est venue me voir en me disant qu'elle souhaitait rentrer. Sur le chemin retour, elle a fait mine d'avoir oublié son téléphone et une fois que je me suis retrouvée seule, deux garçons ont débarqué et m'ont attaqué. J'ai subi les mêmes horreurs que ces filles mais j'ai eu de la chance de survivre, raconte-t-elle.

— Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?

— Tu le sais Noah...

— Oui, pardon. Excuse-moi.

Elle baisse son col roulé et je peux apercevoir une longue cicatrice qui parcourt son cou. Mes yeux s'écarquillent en voyant ça, je garde mon sang-froid autant que possible en serrant les poings.

— Comment t'es-tu sauvé ? questionné-je.

— Je ne pensais pas m'en sortir honnêtement. J'ai trouvé la force de t'envoyer ce message puis mes yeux se sont fermés. Quand je me suis réveillée, j'étais ici.

— Tu ne sais pas qui t'as sauvé ?

— C'est moi, fait une voix que je connais trop bien.

— Teru, grincé-je.

Je me lève soudainement pour me retrouver face à lui. Il se tient sur le pas de la porte du salon, adossé contre le mur.

— T'as changé de camp encore ? lâché-je en serrant les poings.

— Je n'ai jamais changé de camp, nuance, se défend t-il, je fais en sorte de récolter des infos pour tenter d'arrêter ce massacre.

— Tu comptais m'en informer quand ?

— Je crois que si vos retrouvailles n'avaient pas eu lieu, jamais, avoue-t-il.

Une douleur se fait ressentir au niveau de ma poitrine. Un autre pique... Décidément. Je regarde Rozenn puis de nouveau Teru, je ne sais pas quoi penser de cette situation. J'ai l'impression que tout ça n'est pas réel...

— Et tu as raison petit frère ! annonce Nolan derrière moi.

L'environnement s'efface ainsi que les corps de Rozenn et Teru pour laisser place à ma chambre. Je me retourne rapidement et me retrouve en face de mon frère, un sourire malsain se dessine sur son visage.

— Le rêve t'a plu j'espère, demande t-il en entrant dans la pièce.

— Pourquoi as-tu fait ça...

— Je me suis dis que ça serait amusant de jouer avec les deux personnes auxquelles tu étais attaché, dit-il amusé.

— Enfoiré...

— Pas tant, pas tant petit frère, ce n'est que le début de ton calvaire.

Il s'assoit sur le rebord de mon lit tout en fixant la fenêtre.

— Ça doit te faire bizarre de perdre le contrôle des évènements, toi qui, d'ordinaire arrive à tout gérer, à faire en sorte que cela se passe comme toi tu le souhaite.

Il marque un point. J'ai toujours tout contrôlé jusqu'ici, que ce soit mes émotions, les évènements, les rencontres, tout. Tout fonctionnait parfaitement jusqu'à ce que nos chemins se croisent à nouveau.

— Que comptes-tu faire maintenant ? Croire en ce que tu as entendu dans ce joli rêve ou continuer à aider Rhéa ? demande t-il, est-ce qu'au moins, elle est encore de ce monde ?

C'en est trop, je perds mon sang-froid et viens l'attraper par le col de son t-shirt pour le plaquer au sol. Il se met à rire sans se débattre pour autant.

— Allons petit frère, voyons... Il ne faut pas s'énerver comme ça ! Surtout pour une fille.

Il fait mine de réfléchir avant de me fixer dans les yeux.

— A moins que tu ne commences vraiment à ressentir quelque chose pour elle ?

— Ferme-la !

Mon poing atterri violemment sur son visage, il continue de rire en s'essuyant le sang qui coule de ses lèvres.

— Pas mal, pas mal...

Il renchérit en me frappant dans les côtes, je perds l'équilibre et me retrouve à sa merci. Il frappe mon ventre avec son pied, je serre les dents.

— Ne t'avise plus jamais à lever la main sur moi petit frère. Tu as et tu seras toujours faible.

Sur ses mots, il quitte la pièce en continuant de rire. Je reprends ma respiration en mettant ma main sur mon ventre. Cet enfoiré m'a coupé la respiration en un seul coup.

— Noah ! fait une voix féminine, je suis rentrée.

— Rhéa, chuchoté-je

Je me lève difficilement pendant qu'elle monte les escaliers. Elle arrive devant la porte de ma chambre et quand elle me voit en difficultés, elle accourt vers moi pour m'aider à me relever.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé Noah ?! s'inquiète-t-elle.

— Rien de grave, je suis tombé, c'est tout.

— Je vais te croire ! Allonge-toi.

Je me surprends à l'écouter et me pose sur mon lit, une violente douleur à la hanche m'arrache un cri. Le regard apeuré de Rhéa n'annonce rien de bon. Je baisse la tête au niveau de la douleur et vois que du sang commence à s'écouler.

— Comment...

Je me refais la scène pour comprendre à quel moment il a pu me blesser de cette manière. Mais impossible de savoir.

— Putain, c'est pas une chute qui t'a causé ça ! s'inquiète Rhéa.

Elle sort de la chambre en courant pour aller récupérer la trousse de soins dans la cuisine puis revient vers moi.

— Enlève ton haut, m'ordonne t-elle

— Pas besoin de l'enlever entièrement... râlé-je.

Je mords mes lèvres au moindre mouvement que j'effectue, cet enfoiré ne m'a pas loupé. Je me force à me redresser pour ôter mon haut, Rhéa m'aide puis regarde les dégâts.

— Comment un mort peut-il être blessé ? s'étonne-t-elle.

— On s'en fout, lâché-je en me laissant retomber sur mon oreiller.

Je la sens passer du coton imbibé d'alcool, je serre les dents et m'agrippe au drap. Quand elle a fini, elle bande la blessure puis me dit de ne plus bouger.

— Comme si j'allais t'obéir... soufflé-je.

— Evidemment que tu vas m'obéir ! s'insurge-t-elle.

Je suis sans voix face au ton qu'elle emploie. Je décide donc de déclarer forfait et de l'obéir. Elle sort de ma chambre pour aller ranger la trousse de secours. J'en profite pour tenter de me relever. Je serre les dents mais je finis par y arriver. Une fois assis sur le rebord du lit, il ne me reste plus qu'à me lever.

— J'ai dit quoi Noah ! s'énerve Rhéa en venant se mettre devant moi.

— Je ne sais plus.

— Restes allongé !

Quand elle commence à me pousser par les épaules pour que je reprenne ma position initiale, je lui tiens les mains en lui disant d'arrêter de me couver comme si j'étais un enfant.

— Vu comment tu agis, tu en es un actuellement ! lance-t-elle.

Les battements de mon coeur s'intensifient, la même sensation étrange dans mon ventre s'installe. Bon sang, c'est pas le moment. Je ferme les yeux pour essayer de me changer les esprits.

— Noah ? Noah ? Tout va bien ? s'inquiète-t-elle.

— Rapproche-toi, je dois vérifier quelque chose.

Étonnée de ma demande, elle s'exécute tout de même et se rapproche de moi, je lui demande de baisser son visage, quand celui-ci est à quelques centimètres, je le saisis délicatement et viens poser mes lèvres contre les siennes.

Même sensation que dans mon rêve.

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