REINE DE CŒUR

31. 𝐑𝐄𝐒𝐓𝐄.

🂭

APRIL
Scotland – Glasgow

    Je ferme les yeux en passant la pulpe de mes doigts sur l'épiderme de mon cou. C'est encore douloureux. C'est irrité, sûrement à sang. Je n'ai pas pu m'empêcher de démanger ces plaques sur ma peau, déformée par des hématomes déjà rougeâtres. Une douche froide m'a permise de me calmer et éviter de m'arracher la peau. Bella se positionne à mes côtés, assises toutes les deux au sol, elle se mets à miauler en frottant sa tête contre mon mollet. J'expire doucement, caresse sa petite tête rousse.

Je laisse retombée ma tête vers l'arrière, contre le matelas juste derrière moi. J'expire doucement et me concentre sur le son de la pluie qui claque contre les vitres de ma chambre. Je sursaute en entendant quelque chose claquer contre les vitres, comme si que quelqu'un venait d'y frapper. Je fronce les sourcils et reste immobile, c'est peut-être mon imagination qui me joue des tours... sauf que cette fois-ci, des nouveaux coups sont accompagnés d'une voix.

– April, t'es là ?

Je me relève alors, en reconnaissant cette voix. J'ordonne à Bella de rester où elle est et de ne pas bouger. J'ouvre le store et aperçois à travers la vitre, l'ombre de son corps. Il est habillé tout de noir, une capuche recouvre sa tête et cache son visage. Il la pousse vers l'arrière et nos regards se croisent, il semble à la fois trempé et essoufflé.

J'ouvre la porte baie vitrée et me recule pour lui laisser de l'espace lorsqu'il entre dans ma chambre. Mes yeux se posent sur les goutes d'eau qui détrempe déjà une partie de mon sol. Je relève les yeux vers Kurt, mes paumes de mains commencent à me démanger par sa faute. Il me fixe, ses yeux analysent mon visage puis le reste de mon corps.

– Qu'est-ce que tu fais ici ? Je lui demande froidement.

– Qui t'as fait ça ?

Il s'approche de moi.

Le simple fait qu'il pose ses chaussures mouillées sur mon tapis propre, fait pulser mon sang violemment dans mes veines. Un éclair traverse le bas de mon visage, mes poings se resserrent mais il n'a pas trop l'air de s'en préoccuper. Ses doigts se saisissent de ma mâchoire pour relever mon visage vers le sien, ses yeux analysent une partie de mon cou. J'essaie de repousser ses doigts en même temps que j'articule :

– Tes putains de chaussures sur mon tap-

– Je répète, qui t'as fait ça ? Il articule à son tour les dents serrées, ses yeux azur dans les miens.

Je me tais. Il relâche mon visage, expire profondément et passe à côté de moi, je le suis des yeux puis m'élance à sa poursuite. Je passe à côté de lui et plaque mon dos contre la porte de ma chambre pour lui éviter le passage. Il me fixe, les dents serrées.

– C'est lui hein ? Il me dit.

– Tu es en train de salir toute ma cham-

– Répond moi ! Sa voix rauque claque entre les murs de ma chambre.

Je lui fais les gros yeux pour lui sommer de se taire. Et encore une fois, il semble s'en foutre complètement. Il s'approche et pose ses mains contre la porte de chaque côté de ma tête. Il y a une certaine distance entre nous deux mais je reconnais cette même pression qui opère dans ma poitrine lorsqu'il est proche de moi. Je me plaque un peu plus contre la porte et j'observe ses yeux azur.

– C'est lui qui t'as étranglé April ?

– Ça ne te regarde pas.

Il rit nerveusement, son regard s'assombrit sur moi.