32. 𝐒𝐀𝐍𝐆 𝐑𝐎𝐘𝐀𝐋.

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🂭

KURT
Scotland – Glasgow

    Je ne dors pas. C'est assez rare que je fasse une nuit complète, depuis plusieurs années. Après la mort de ma fille, accepté des contrats m'a permis de garder le fil. En tuant pour essayer de survire. Tuer pour survivre. C'est complètement irrationnel, putain. C'est pourtant ce que j'ai fait. Je me suis éloigné de l'organisme de mon père après cet événement, je ne savais pas si c'était commandité par lui, par quelqu'un d'autre et je n'en ai toujours pas la certitude, mais aujourd'hui, j'ai éliminé quasiment toutes les têtes qui ont souillées l'innocence et l'intimité de ma fille. Il n'en reste plus qu'un, peut-être deux avec mon père. J'ai un plan dans ma tête pour lui, depuis plusieurs années. Je vais encore attendre pour le tuer car je vais finir par le faire. Maman, Maë, Isaac, je vais le faire pour nous, pour cette ordure qui nous a toujours mené la vie dure.

Cette nuit je n'arrive pas à dormir. Je garde un œil sur April. Elle dort à poing fermé dans son lit avec son chat dans ses bras. Le chat ronronne et la respiration lourde de April berce la pièce, elle doit certainement se sentir en sécurité pour dormir de cette manière après ce qu'il s'est passé avec son père, plus tôt dans la journée. Encore un bel enfoiré sur Terre. Encore un. Encore un qui est violent. Encore un qui ne pèse pas la chance d'avoir sa fille auprès de lui. Sa fille. J'ai perdu la mienne. April a perdu les siens, de parents.

Je me relève sans faire de bruit et rejoins la salle de bain. Je retire mon teeshirt en expirant bruyamment, j'ouvre l'eau du robinet et me passe un peu d'eau sur le visage. Je pose mes mains sur le rebord des vasques. Je relève mon visage vers le miroir. La gueule tirer par la fatigue. Marquer par les traumatismes d'une vie entière. Je ferme le robinet, passe une serviette sur mon visage et ma nuque, je rejoins à nouveau la chambre.

Je regarde vers Angel qui a l'air un peu plus agitée dans son sommeil. Je m'approche légèrement vers le bout de son lit, son chat quitte ses bras et vient s'étendre au bout du lit, sûrement déranger par les mouvements de la blonde. Le visage de April se crispe, elle murmure des mots. Je m'approche alors d'elle, pose un genou sur le matelas lève la main pour dégager ses cheveux blonds vers l'arrière de son visage, je tresse la longueur de ses cheveux en un rien de temps.

Je glisse ma paume autour de son menton.

Angel, tu es avec moi, c'est un cauchemar.

Ses lèvres bougent et elles chuchotent des mots, encore une fois. Les sourcils froncés, ses mâchoires se resserrent. J'expire bruyamment, me saisit de ses épaules pour la tourner sur le dos puis vers moi.

April.

J'ai mal... lâche moi.

Ses mains me repoussent mais je m'en saisis et referme mes paumes contre les siennes. Elles se resserrent autour des miennes et j'attends patiemment qu'elle reprenne ses esprits. Elle ouvre les paupières en respirant un peu plus fort, les lèvres pincées, son menton tremble. Elle ferme à nouveau les paupières.

Angel.

Elle ne dit rien, sa tête avance légèrement puis repose maintenant contre mon épaule qui est appuyée contre le matelas. Je relâche ses paumes de main, je regarde son visage qui bouge au dessus de mon torse, sa joue repose contre, un bras autour de mon ventre. Mes mâchoires se resserrent et je ferme les yeux pour lutter. Son corps qui tremble contre le mien, me renvoie en arrière lorsque le petit corps de ma fille venait juste là, quand à son tour, son sommeil était pris de toute sorte de tourments. Aujourd'hui c'est April à cette place. Je glisse un bras autour de ses épaules pour la ramener contre moi.

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