Medicine at Midnight

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Sur le chemin en direction d'Indianapolis, Steve faisait tout pour paraître serein et confiant. Eddie le connaissait trop bien pour savoir que le calme n'était qu'une façade et qu'il était pétrit d'inquiétude. Munson ne pouvait pas s'empêcher de le prendre comme un défaut de confiance. Il croyait qu'il gerait la situation. Steve était moins naïf.

Ils passèrent le trajet a éviter le sujet, parlant de tout et de rien, du beau temps et du contenu de leurs valises, si Steve n'avait pas oublié ses lunettes ou si Eddie était sûre d'avoir tous ses câbles.
- Tu sais princesse, un jour tu seras bien obligé de les porter pour conduire. J'aime bien l'air mystérieux que tu te donnes en plissant les yeux comme ça mais un de ces quatres tu vas nous foutre dans le décor, dit il en riant.
- C'est pas drôle Eddie. Tu sais bien que je te ferai pas de mal.
- Stevie, je déconne, je sais bien ... Eddie s'enfonça dans son fauteuil et se renfrogna.
- Pardon love. Je suis un peu plus tendu que ce que je voudrais.
- Je vois ça ... Fais moi confiance un peu, ça te fera pas de mal.
- Tu sais bien qu'il s'agit pas de ça putain ... Je sais que c'est pas évident de changer ses habitudes ... Les addictions c'est ...
- Tu me prends pour un toxico ou quoi, s'enerva Eddie alors qu'il avait déjà mille fois parlé de lui en ces termes.
- Eddie je t'aime. Mais je vais pas te laisser réécrire l'histoire. Tu sais très bien que t'as un  problème avec l'alcool et la came. Ça date pas d'hier. J'ai peur que la pression des concerts, d'avoir des trucs sous le nez ça te ...
Eddie sentait l'émotion de Steve. Il pressa sa main contre sa cuisse.
- Pour toi je suis capable de faire beaucoup de choses.
- Je sais Eds. Je voudrais que tu puisses le faire pour toi surtout.
- Alors disons que c'est pour nous deux.
Steve n'osa pas ajouter que l'addiction était une maladie et que tout l'amour du monde ne serait peut être pas suffisant pour préserver Eddie ...

Le public faisait déjà la queue devant le club quand Eddie arriva. La nouvelle de son malaise l'avait élevé un rang plus haut sur l'échelle de la rock star et cela c'était ressenti sur les ventes de billets.
Lorsqu'il arriva en backstage il fut accueilli par les membres du groupe. Steve ne pu s'empêcher de noter qu'ils avaient tous un verre a la main.
- Putain Eddie on est si heureux de te voir dit Gareth, pendant que tous lui tapait dans le dos.
- Salut les gars ! Dites j'espère que vous avez répété en mon absence. Histoire de vous maintenir à niveau, les chambra t il dans un éclat de rire.
- T'es con, aller, viens t'installer au lieu de dire des conneries.
- Salut Steve !
- Ah quand même, je sais que c'est pas moi la star mais j'ai failli mal le prendre.
- On va pas t'oublier aussi vite maman, on est content que tu sois là.
- Bon, dans ce cas je vais voir le regisseur, et voir deux trois trucs avec lui, pendant que vous vous installez. Pas de blagues hein. Je vous le confie.
- Mais oui beauté, répondit Eddie en écrasant ses lèvres contre celles de son amoureux.

Puis ce fut l'heure. Il fallait monter sur scène. Dans le salle la petite foule scandait le nom du groupe. Les autres membres s'avancèrent en saluant leur publique, mais Eddie mit quelques secondes de plus. Il tenait ses mains à plat sur ses cuisses pour qu'elles ne tremblent plus. Steve n'avait pas compris son manège mais savait que dans le crane d'Eddie, une tempête devait faire rage. Il ne se doutait pas que le déluge était en fait des vagues de bières et des pluies de whisky. Eddie se détestait pour ça. Il avait l'impression de trahir Steve en pensant à la douce chaleur de l'alcool dans sa bouche et le long de sa gorge. Il attrapa sa guitare et monta sur scène avec un sourire provocateur, son masque de rockeur.
- Salut, on est les Corroded Coffin et on est ravis de vous retrouver. Profitez en tant que vous le pouvez.

Steve détestait les phrases funèbres de début de concert d'Eddie. Comme s'il imaginait déjà qu'une chose terrible allait arriver. Mais Munson plaqua ses premiers accords et la peur d'Harrington disparu avec eux. Il retrouvait son amoureux à mesure qu'il egrainait son répertoire. Il ne pouvait pas quitter des yeux le bassin ondulant d'Eddie derrière sa guitare. Il retrouvait ses bras puissants, sa mâchoire serrée, ses doigts fins qui courraient sur le manche comme ils courraient sur sa peau quand il faisait l'amour. Et l'inquiétude de ses derniers jours laissa la place à une douce chaleur au creux du ventre de Steve.

Lorsqu'ils sortirent de scène, Steve n'avait pas encore rejoint les backstages. Eddie regardait lourdement les autres membres decapsuler des bouteilles de bière. Il salivait, en même temps qu'un sentiment d'urgence le gagnait. Il sentait ses mains devenir moites et s'agiter en même temps qu'il imaginait le liquide roux descendre le long de sa gorge.
Il sentit la main de Steve autour de ses épaules.
- Je me suis dit que tu aurais soif. Je nous ai pris deux sodas.
Eddie sourit a son amant et englouti en une gorgée le Dr Peppers tiède qui lui sembla bien fade.

- On mange un morceau et on monte se coucher, proposa Steve en voulant écourter les sources de tentation ?
- Ça t'embête si on prend un truc a emporter et qu'on monte direct ?
L'occasion était trop bonne. Steve était ravi qu'Eddie prenne les devants.
- Va finir de ranger ton matos, je vais nous commander deux burgers et on se casse, dit il en mettant une tape discrète sur les fesses de Munson avec un clin d'oeil.
Eddie n'était pas d'humeur mais il lui rendit un sourire faussement aguicheur. Il ne voulait ni blesser Steve, ni éveiller ses soupçons.

- Je dois dire que je suis assez impressionné Eds. Je pensais pas que tu t'en tirerais aussi sereinement. Ta force m'impressionne, dit il en engloutissant son burger.
Eddie sourit avec un air plus triste qu'il ne l'avait anticipé.
- C'est pas si facile que ça en a l'air en réalité... Je pensais pas que j'étais si accro que ça ... Ces derniers jours avec toi c'était assez facile. J'avais pas d'alcool sous le nez, ni de drogues, t'as pas bu ni fumé non plus. C'était un peu trop idyllique. Là, les voir tous un verre a la main ... C'était difficile, dit il en deglutissant.
Steve s'était laissé surprendre. Et le regarda presque interloqué.
- T'as bien donné le change... Je veux t'aider ... On pourrait faire ça a deux. Plus d'alcool pour moi non plus, dit il très satisfait de son idée !
- Je veux pas que tu t'infliges ça.
- Je m'inflige rien du tout. C'est pas si dur pour moi. Et je voudrais que les choses soient plus faciles pour toi.
Eddie repoussa les burgers sur un coin du lit et vint enlacer Steve. Il plaça son visage dans son cou. L'endroit où il se sentait le plus en sécurité.
- Merci Steve. Je sais pas ce que je ferais sans toi tu sais.
- Oh love, c'est sérieux si tu m'appelles par mon prénom ...
- Je suis très sérieux. Sans toi je sais pas ce que je serais devenu. Je veux pas l'imaginer. Je veux pas que tu me lâches. Jamais. Je me sens en sécurité avec toi. J'ai peur de te décevoir et de te perdre ...
- Eh beauté, qu'est ce qui se passe ? Il défit son étreinte et prit le visage d'Eddie entre ses mains. Je vais nulle part. Je suis là, je te lacherai jamais. Moi non plus je sais pas ce que je ferai sans toi. T'es ma bouffée d'oxygène, mon rayon de soleil, sans toi ma vie serait triste et morne. Maintenant que je t'ai trouvé je suis pas prêt à te laisser partir.

Les grandes déclarations n'étaient pas dans leurs habitudes , alors que finalement ils se trouvaient plutôt doués a ce jeu là. Et malgré ce qu'il pouvait dire, Eddie en avait besoin. Il avait besoin d'entendre ces mots pour être complètement rassuré. Steve lui apportait tous les jours des preuves de son amour. Mais l'entendre apaisait Eddie.
Steve embrassa Munson du bout des lèvres, sur le front, sur les joues, sur les paupières, dans le cou ... Munson grognait de plaisir et souriait béatement. Puis Steve écrasa ses lèvres humides contre celles d'Eddie. Et quand il sentit la langue d'Harrington contre la sienne, cela lui arracha un râle ... Les vêtements volèrent dans la pièce et il ne fallut pas longtemps pour que les corps des deux jeunes s'accrochent pour ne plus se lâcher. Entre eux c'était doux, animal, épidermique, instinctif. Leurs corps s'emboitaient comme s'ils se connaissaient depuis toujours, leurs peaux s'attiraient inexorablement. Leurs mains, leurs bouches courraient partout sur le corps de l'autre. Et lorsqu'il finirent par s'endormir, leurs bras et leurs jambes étaient encore emmêlées.

The Great Gig in the SkyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant