Ce que les morts laissent aux vivants

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La mort n'arrête pas l'amour.
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Avril 2019

La mélodie du piano résonnait dans la villa, depuis de longues minutes, mais ça en était reposant, relaxant, apaisant. J'aimais la mélodie que dégageait cet instrument, si douce. Elle résolvait tous les maux l'espace d'un instant, nous transportant loin dans l'univers de la musique. J'aimais l'écouter, et je savais que peu importe où je me trouverais, je l'entendrais toujours.

Ça faisait quelques jours que je n'étais pas sortie de ma chambre, je n'y arrivais tout simplement pas. Je ne pouvais pas croiser mon père et faire comme si de rien était, comme s'il ne s'était rien passé. Alors qu'il m'avait jeté dans la gueule du loup volontairement, et sans même m'en parler. J'avais failli mourir, j'avais failli me faire violer, mais ça ne l'importait peu tant que tout allait bien pour lui. Il ne s'était même pas soucié de mon bien-être et de comment je m'en étais sortie, il n'en rien à faire, tant que le travail était fait.

Seulement, mon estomac commençait sérieusement à crier famine et il me fallait descendre dans la cuisine pour espérer le remplir convenablement. Prenant mon courage à deux mains, j'enfilais correctement mon jogging et sortie de la chambre, le pas léger, en espérant ne pas me faire voir. La mélodie de l'instrument qui se jouait résonnait toujours, alors ça pouvait parfaitement me camoufler durant quelques minutes.

Descendant les marches en marbres, je voyais Lewis sur le tabouret en velours, devant le piano, jouant paisiblement, les yeux fermés. Je le savais tourmenté, devant une impasse où il fallait qu'il trouve une solution. Il jouait souvent lorsqu'il n'arrivait pas à résoudre un problème. Je m'arrêtais alors juste derrière lui, et je savais qu'il avait senti ma présence, Lewis ne se trompait jamais.

Cet instrument, était aussi varié que les sorts d'un elfe magique que je lisais étant petite, une diversité de mélodie impressionnante et c'est ça qui faisait la beauté de cet objet. Tout était possible, l'on pouvait retranscrire tout ce que l'on souhaitait, une infinité de possibilités toutes aussi apaisantes les unes que les autres.

Une mer déchaînée comme une douce berceuse d'enfant. Une vaste tempête comme une journée ensoleillée.

Cet instrument arrivait à faire imaginer, voir, et ressentir des choses sur lesquels nous avions du mal à placer des mots. Mais lui, avec seulement une suite de notes instrumentales, pouvait faire voir le monde sous un autre angle, développer la pensée et élargir l'esprit.

J'ai toujours eu pensé que même les monstres méritaient d'entendre la douce mélodie de cet instrument aussi majestueux. Qu'il adoucissait les cœurs de chacun.

Qu'il était possible de tout à celui qui savait apprécier à sa juste valeur le piano.

Je me laissais ainsi emporter, comme une barque sur l'eau d'un océan agité, se laissant guider par la seule force qu'était l'eau. Et bien là, c'était la mélodie qui me guidait, me donnait envie de plus, que cela ne s'arrête plus. Malheureusement, ça ne dura pas aussi longtemps que je l'aurai espéré. Lewis s'arrêta net en se retournant, sans même me regarder, ses yeux étaient vissés plus loin. Alors je me retournais aussi et fut surprise d'y trouver ma famille au complet, du moins, nos frères ainsi que notre géniteur. Leo et Laël détournaient le regard, fuyards, alors que notre père me fixait durement.

J'allais passer un sal quart d'heure.

__ « Où est Eden ? » Demandais-je dans l'espoir de détourner l'attention.

__ « Elle continue sa part de la mission. » Me répondit-il glacial, notre géniteur.

Son allure me paraissait comme menaçante, je n'étais pas du tout en confiance. Son apparence trop parfaite, avec ses yeux d'un bleu profond semblaient m'aspirer dans ma totalité, je ne parvenais pas à m'en défaire. Mon souffle se coupait automatiquement alors que je voyais son regard se faire plus sombre, il m'indiqua de le suivre et je n'avais nul autre choix que de m'exécuter docilement.