Chapitre 7

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Je m'installais sur la table qui se vidait petit à petit grâce à Rookie, alors que Burn Head s'attaquait à un autre placard. On était déjà à deux sacs poubelles pleins.

— Vous avez de la musique les gars ? Demandais-je en me saisissant de l'économe pour éplucher des pommes de terre en nombre.

— Que dans la pièce principale, pas de musique dans la cuisine, répondit Rookie dépité.

— C'est une de vos lois ou juste que vous n'avez rien pour en écouter ici ?

Ma question eut le mérite de les faire ricaner.

— Tu es étrange Frenchie, comment le fait qu'il y ait de la musique dans cette pièce pourrait être une de nos lois ?

— Je ne connais pas vos règles, juste qu'il faut que je les applique, donc je pose des questions stupides.

Après négociations avec le Rookie pour qu'il aille chercher mon ordinateur dans ma chambre, je les laissais choisir un début de playlist, pas forcément à mon goût, mais au moins ils s'amusaient et cela rendait le travail moins fastidieux. La musique fût interrompue par la sonnerie d'un appel vidéo. Je l'ignorais et continuais ma tâche. Cependant, mon contact insista avec un nouvel appel.

— Qui est-ce ? Demandais-je à Burn Head qui avait l'ordinateur sur le plan de travail avec lui.

— C'est marqué ma homme. Tu nous cache ton petit copain ? Demanda-t-il moqueur.

Ok lui le français c'était pas sa tasse de thé pour écorcher ce mot.

— Merde. J'aurai préféré... j'étais désemparée et pas du tout prête pour cet appel, il ne lui aurait quand même pas dit ? Non ?

— Tu as encore loupé l'appel, commenta Burn Head en s'amusant de moi, ah non ! Ton mec semble tenace, ajouta-t-il en entendant à nouveau la sonnerie.

— Donne-moi le pc avant qu'elle ne se décide à prendre un avion, j'appuyais sur répondre pour éviter un nouvel appel manqué, mais je pris comme précaution de lever l'écran afin qu'elle ne me voie pas. Tu n'es pas censé parler une langue latine toi, c'est écrit maman. C'est ma mère...

Mélissandre Estelle Moureau, pourquoi je vois un plafond, à qui tu parles et pourquoi ton frère m'a dit qu'il t'était arrivé quelque chose de grave ? Ne m'ignore pas sinon je prends le prochain vol pour ce satané pays !

Oui, ma mère. Je fermais les yeux face à ce flot de questions et aux réponses que j'allais devoir donner.

— Les mecs, ça ne vous dit pas une pause cigarette dehors s'il vous plaît ?

J'avais presque trente ans, mais je me sentais l'âme d'une enfant de dix ans quand elle me parlait sur ce ton. Mon Dieu comme mon père me manquait ! Lui aurait su m'écouter et me réconforter comme j'en avais besoin.

Je les entendis sortir par la porte d'à côté du frigo qui donnait sur l'extérieur sans les regarder. Je n'avais ni besoin de leur pitié, ni de leur condescendance, ni de voir leur sourire moqueur face à ma mère. Je n'avais nulle envie de choisir l'un ou l'autre de ces sentiments dans leurs yeux ou leur attitude, alors je les avais ignorés.

Mélissandre ! S'impatienta ma mère.

— Maman, tu me promets que tu ne vas pas faire de crise quand tu me verras ? C'est plus impressionnant que ce n'est grave.

— Mélissandre, ne joue pas à ça avec moi, s'il te plaît. Sa voix portait toute la détresse d'une mère loin de son enfant blessé. Elle allait me faire pleurer à ce rythme-là et je m'y refusais.

What a shitty American Trip.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant