chapitre quatorze

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 Il ne savait pas ce qui avait faillit le prendre. L'espace d'un instant, Minho avait pensé à attraper ce petit bout d'homme et à le serrer dans ses bras, pour le rassurer. Il avait une mine si coupable au faciès, le brun désirait la chasser pour que plus jamais elle ne revienne, que plus jamais des doutes quand à sa responsabilité dans son comportement à lui ne l'assaillent.

  Se rendre compte de ce qu'il avait faillit faire lui fit comme une claque, si bien qu'il rentra dans son mobilhome sans trop en avoir conscience, et ce comportement étrange n'échappa pas à son meilleur ami, qui veillait sur lui depuis l'incident de la veille.

« – Minho, ça va ? Ça s'est bien passé ?

Hein ? Ah oui oui, c'est lui qui m'a ouvert la porte et j'ai pu m'excuser, souffla le brun.

T'es sûr que ça va ? T'as une mine torturée, j'aime pas ça, insista Jeongin.

Je sais pas Innie... Il s'en voulait à la mort, ça se voyait, et ça me fait encore plus culpabiliser... C'est pas de sa faute mais je sais pas quoi faire pour qu'il me croie.

Si les mots suffisent pas, emploie les gestes. Les gestes ça marque parfois plus que les paroles tu sais.

J'ai failli lui faire un câlin. Je te jure je me sens si mal, il avait l'air tellement inquiet pour moi et ça se voyait qu'il se sentait responsable de ma fuite, alors que c'est de mon unique faute.

Eh, Minho, dis pas ça. C'est de la faute de personne, t'as paniqué et c'est ton droit. T'as tes propres démons, et ça chacun peut le comprendre.

Ouais mais là ça a dû le blesser et...

Et toi t'as pas envie de le blesser, compléta Jeongin.

Ouais... Je sais pas, c'est comme si c'était instinctif, je comprends pas et ça me fait chier de me rendre compte de ça.

Je sais bien, tu serais pas parti d'un coup comme ça hier soir sinon.

Mmh.

Tu devrais juste attendre de voir comment ça évolue si tu veux mon avis. Ça sert à rien de t'en vouloir pour hier soir, passe à autre chose et montre lui qu'il peut le faire lui aussi. Et si vraiment t'es attiré par lui, bah agis naturellement et vois ce que ça donne par la suite. Si tu dois finir par développer des sentiments pour lui bah... C'est comme ça. Et qui sait, pt'être que lui aussi il est pas indifférent à ta personne. Après j'te dis ça, mais t'es pas obligé de prendre ce que je te dis comme vérité hein, je préfère que tu suives ce que ton cœur te fait ressentir plutôt que de te conformer à mes propos. Mais rappelle toi que je suis là pour t'aider, que je serai toujours là pour toi Min', t'es comme mon frère et pour rien au monde je te laisserais tomber.

Merci, t'es toujours le pro pour trouver les mots qui me remontent le moral. Aller viens pas là mon p'tit soleil, l'attira Minho dans une étreinte dont il avait bien besoin. »

  Ils s'étaient étreints, là, au beau milieu d'un mobilhome qui se trouvait au beau milieu d'autres mobilhomes, et la vie avait semblé l'espace d'un instant plus clémente envers Minho, moins rude. Elle lui accordait une caresse; restait à savoir si la caresse était instigatrice de poison ou de douceur, cette fois-ci.

  Dans son esprit s'insinuait le visage empreint de peine d'un certain jeune homme à la chevelure bleu nuit, et il commençait à comprendre qu'il ne s'en déferait pas de sitôt. Alors, il souffla longuement, et redressa vers son meilleur ami un regard brillant d'émotions, de toutes les sortes, de toutes les couleurs, de tous les goûts. Des émotions que Jeongin voyait naître dans ses prunelles à nouveau, des émotions dont il n'avait plus vu la teinte depuis ce fameux soir orageux, en mai dernier. Alors à lui aussi, son regard brilla, et un éclat de rire soudain le prit. Il se mit à rire, seul dans un premier temps. Et puis le brun le suivit, et il rit aussi, ils rirent en chœur, comme pour trinquer à la vie nouvelle qui s'offrait avec cet été en bord de mer, aux émotions réapparues dans le cœur de Minho, timides mais qui s'ancraient pourtant avec fermeté.

❝ à quand les beaux jours ? ❞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant