Bienvenue à Vegas

20

Evy

Je flotte sur mon petit nuage depuis que Charles est parti. C'est impossible d'arrêter de sourire. Quelque chose à changer entre nous, ce week-end.

Je m'étais promis de ne pas m'attacher, mais seigneur, avez-vous vu cet homme?

Quand il a quitté sa roulotte, j'ai pris quelques minutes pour m'étirer et sentir les draps. Ils sentent encore son odeur. J'ai compris à ce moment-là que j'étais plus éprise que je croyais. Je me suis habillé et je me promène dans les paddocks. Je vérifie sur mon cellulaire si Audrey m'a écrit, mais pas encore. Elle m'a prévenue qu'elle voulait aller voir Pierre avant qu'on parte. C'est avec beaucoup d'histoires croustillantes qu'on rentrera au Texas. J'imagine déjà le visage de Karel et Marie lorsqu'on leur racontera que notre belle Audrey s'est tapé un pilote. J'ère dans le marché principal et achète un porte-clés Ferrari comme mémento du week-end. Même si mon histoire avec Charles ne va pas plus loin, c'est un souvenir que je chérirais longtemps. Je jongle avec la petite voiture rouge dans mes mains et j'avance vers la roulotte. Après tout, je suis convaincu qu'il y repassera prendre son sac de transport. Je salue tous les gens que je rencontre, même si je ne les connais pas. J'aurais cru que l'ambiance serait mondaine, mais bien au contraire. J'arrive presque à la roulotte, mais mon attention est retenue par la voix de mon beau pilote.

-Putain, pourquoi tu fais ça?

Je m'avance pour découvrir Charles adossé au mur, devant une Charlotte assez entreprenante. Jusqu'à maintenant, ils ne font que parler, même si leur posture laisse à désirer. Je suis incapable de bouger, je suis hypnotisée par la scène.

— Je savais que je te faisais encore de l'effet. Ajoute Charlotte juste avant de l'embrasser.

Cette fois, il n'essaie pas de se défaire d'elle, au contraire. Il échange de place avec elle et l'écrase sur le mur. Ses mains touchent sa poitrine. Leur gémissement raisonne dans la ruelle et s'en est trop pour moi. Je laisse tomber le porte-clés et rebrousse chemin. Je cours sans m'arrêter jusqu'à la sortie des paddocks. Le garde me regarde drôlement, mais attrape le badge que je lui tends. Je sors mon téléphone de mes poches et j'écris à mon amie.

-Moi : J'ai attrapé un coup de chaleur, je suis rentré à l'hôtel.

Je marche en direction de l'hôtel, laissant couler les larmes sur mon visage. Personne ne me connaît, je n'ai pas besoin de jouer les durs à cuire. La scène repasse dans ma tête en boucle. En l'espace d'une heure, ses mains ont caressé ma poitrine et celle de Charlotte. Dire que j'ai eu la prétention de croire qu'il se développait quelque chose entre nous.

Quelle idiote!

-Ma belle, je suis venue aussi vite que j'ai vu ton message. Ça va mieux? Demande mon amie en entrant dans notre chambre.

Il suffit que je la regarde pour éclater en sanglots.

-Oh! Ce n'est pas un coup de chaleur ton problème, je me trompe?

Je secoue la tête et elle court vers moi.

-Qu'est-ce qui s'est passé... La dernière fois qu'on s'est parlé, tu étais sur un petit nuage.

-Je l'ai vu avec Charlotte.

-Ma belle, il t'a dit qu'il n'avait plus rien avec elle.

-Pourtant ça ne l'a pas empêché de lui lécher le fond de la gorge, tout à l'heure.

-QUOI?

-TU as bien entendu. Ils s'embrassaient passionnément. Je suis partie avant d'être témoin de leur baise. Crois-moi, ils s'en allaient dans cette direction.