La vengeance de Valentina

[Partie II] I - Luca

6 mois plus tard

Tout en secouant le biberon, je reviens vers le salon où m'attend la demoiselle qui commence à s'impatienter. Installer dans son transat, le temps que je m'occupe de sa boisson, elle secoue ses bras et ses jambes en voyant le Graal que je tiens. Cela fait trois mois que Kiara embellie nos journées et raccourcie nos nuits. Mais elle est surtout ma raison de vivre. Sans elle, il y a longtemps, que j'aurai craqué.

— On dirait que tu as faim ? Dis-je en m'approchant de Kiara.

Je pose le biberon sur la table et prends ma fille dans mes bras. Son odeur de bébé est le plus doux des parfums que je connaisse. Après une journée de boulot, je me ressource en prenant ma dose de bonheur dans son cou. Je m'installe avec Kiara dans le fauteuil du salon et récupère son biberon. La tétine est à peine devant sa bouche qu'elle ouvre celle-ci bien grand. Elle se cramponne à mon petit doigt de sa main si minuscule et commence à téter, ses yeux immenses fixés dans les miens.

J'observe ses traits fins pour essayer de trouver une ressemblance. Les quelques cheveux qu'elle a sont si blonds qu'on ne les voit pas. De ce côté-là, pas de doute, elle a pris ceux de Sara. Non, moi ce que je cherche à voir, c'est la couleur de ses yeux. Depuis le jour où elle les a ouverts, je les scrute. J'ai espéré qu'ils auraient la même particularité que ceux de Valentina, mais j'ai dû me faire une raison, ils ne seront pas vairons. Mais ce matin, dans ses billes bleutées comme les miennes et celle de sa mère, de petites tâches dorées apparaissent.

— J'aimerai tellement qu'elle te voit et fasse ta connaissance.

Six mois qu'elle a voulu mettre fin à ses jours de la pire des façons. Six mois que je m'en veux de ne pas avoir su trouver les mots pour l'empêcher de fuir. Six mois que tout a basculé.

Les larmes reviennent une nouvelle fois recouvrir mes joues. A croire que c'est une source inépuisable. Je revis sans cesse ce jour, où Ethan est parti en courant me laissant sombrer dans le sommeil, pendant qu'il partait essayer de sauver ma sœur. Je m'en veux de l'avoir entraîné dans cette histoire. La sonnette de l'appartement me sort de mes souvenirs.

— C'est ouvert ! Dis-je assez fort pour que Katy entende.

Sara a repris le boulot, il y a une petite semaine et elle fait sa première garde de deux jours depuis hier. J'ai donc géré ma première nuit seul avec ma fille. Eh bien, je peux dire que j'envie Sara d'être de garde ! Je préfère les interventions en pleine nuit que les biberons et les couches à changer.

— Quel joli spectacle ! Dit Katy en s'approchant de nous.

— Bonjour Katy, mais je crois que ma tête ne doit pas être belle à voir.

— Tu as la tête d'un papa qui a passé une mauvaise nuit, c'est vrai. Mais je suis certaine que tu ne voudrais pas changer de vie à cet instant.

Je reporte mon attention sur ma fille qui s'accroche toujours à mon petit doigt et me regarde attentivement. Katy a raison, je ne changerais rien à ce que je vis en ce moment. Enfin presque rien.

— Tu as raison, même si c'est parfois difficile. Et Steeve et toi, comment allez-vous ?

— Ne t'inquiète pas pour nous, Luca. On se bat à ses côtés, on ne le lâchera pas. Et tu n'y es pour rien. Enlève-toi ça une bonne fois pour toutes.

— C'est difficile. S'il n'avait pas voulu m'aider à la retrouver...

— Luca, il ne te tient pas responsable de ce qui lui arrive. Il se bat tous les jours depuis sa sortie de coma. Mais il lui manque quelqu'un à ses côtés.