WAGERS

Prologue

Harrison.
À treize ans.

– On parle d'un cancer du sein de stade deux. J'ai rencontré des cancers beaucoup plus agressifs que celui-ci, j'ai bon espoir.

Le médecin continue à parler mais j'ai du mal à tout suivre. Il emploie des termes que je ne suis pas certain de comprendre. Tout ce que je retiens c'est qu'elle n'est pas en bonne santé.

Ma mère serre ma main dans la sienne. Je ne sais pas si c'est pour me réconforter moi ou elle. Les deux peut-être.

– Il existe plusieurs traitements possibles. Je recommanderai une chimiothérapie...

Mes oreilles se mettent à siffler en même temps qu'une larme dévale la joue de ma mère. Elle pleure. Elle ne pleure jamais. Même son sourire a disparu.

Ma gorge s'étrangle.

Ma mère est malade et elle est triste. Pas besoin d'être fort à l'école pour faire le lien. Elle va mourir. Ou elle va avoir mal. L'un comme l'autre ne me plait pas. Pourtant le médecin a dit qu'il avait bon espoir...

Isadora.
À treize ans.

Misha me serre la paume alors que je sautille. Il ne veut pas que je m'éloigne trop, maman lui crierait dessus s'il me perdait. Et on sait tous les deux ce qui se passe lorsque sa veine du front ressort... Rien de bon. Maman énervée c'est Hulk version rouge.

– On arrive bientôt ? je demande.

– On vient à peine de sortir de la voiture. Encore deux minutes, c'est en bas de la rue.

Je le suis jusqu'à un bâtiment très peu éclairé mais surtout très grand. Il n'y a pas de fenêtre, c'est moche.

Misha se stoppe, se baisse pour être à mon niveau, puis saisit mon autre main.

– Tu veux toujours savoir où je vais le soir ?

J'acquiesce.

Misha part toutes les nuits et revient tôt le matin, quand je dors encore. Il ne m'a jamais dit où il allait, mais il m'a promis de m'y emmener un jour.

– Super, alors on y va.

L'excitation me redresse droite comme un piquet.

– Vraiment ?!

Il rit devant mon enthousiasme.

– Oui. Je vais juste te demander de ne surtout pas te séparer de moi, il y a beaucoup d'inconnus.

– D'accord.

Misha me guide à l'intérieur du bâtiment. Des gardes sont plantés devant toutes les portes, ils font un peu peur.