Epuisée et sentant la friture, je tournai la clé de la serrure de ma chambre d'hôtel, ne rêvant que d'une délicieuse douche chaude. Je fermai la porte derrière moi et la verrouillai avant de sentir les poils de ma nuque se redresser, m'avertissant d'un danger imminent. Je glissai ma main dans mon sac, avant de me figer net quand je sentis le corps puissant et musclé d'un homme dans mon dos.
— Ne me donnes pas de raison inutile de te tuer, Petite Fouine.
Une larme roula sur ma joue et sans pouvoir l'empêcher, je me mis à trembler. De tous les hommes à mes trousses, celui qui se trouvait dans mon dos était le pire de tous. Sa réputation et son nom ne faisaient rien qu'à eux frémir les hommes, même les plus aguerris de ce milieu qu'était le nôtre. L'argent, nos richesses, nos maisons, nos biens, tout était entaché par le sang de nos ennemis ou même celui de victimes innocentes qui se trouvaient au mauvais endroit, au mauvais moment. Mais l'homme qui se trouvait derrière moi, lui, ne tuait pas pour l'argent, mais pour le plaisir de tuer. Le sang ne le dégoûtait pas, non, bien au contraire, il en savourait chacune des gouttes qu'il faisait couler. Peu de personnes pouvait prétendre de l'avoir vu en action, en réalité personne ne pouvait le faire hormis moi. J'avais dix ans quand Zeno Galeotti a égorgé un homme, sous mes yeux. Je me souvins de mon tapis rose de princesse se teindre en rouge ainsi que mes collants en laine, blancs. Je me souvins de son regard gris qui me fixait alors que je tenais mon journal intime dans ma main. Je me rappelai aussi du hurlement de ma mère et du regard de mon père quand il avait découvert qu'un homme était entré dans ma chambre. Après ça, j'avais eu l'occasion de croiser Zeno. Ce dernier ne parlait pas ou très peu. C'était un tueur à gage et sa loyauté n'était destinée qu'à celui qui payait pour l'obtenir et à sa propre personne. Alors le savoir derrière moi, ne me disait rien qui vaille pour ma survie.
Il se débarra de mon sac qu'il jeta à l'opposé de la pièce tout en s'emparant de l'arme que je détenais, puis sans ménagement, il me jeta sur mon lit et alluma la petite lampe de chevet avant de prendre place sur une chaise.
— Si tu veux me tuer, fais ça vite, dis-je dans un souffle.
— Je n'ai pas l'intention de te tuer. Je sais que tu n'as pas tué ton père, Petite Fouine.
— Alors pourquoi tu es là, si ce n'est pour me tuer ? demandai-je en sentant mon coeur battre la chamade et surtout de peur.
— Si j'avais voulu te tuer, cela ferait déjà longtemps que tu serais morte, Suri. Tu m'as épaté tu sais. Tes frères ont suivi tes empreintes bancaires, j'ai eu envie de rire quand je les ai vu braquer une pauvre prostituée. Contrairement à ce que les gens pensent, tu es très intelligente et tu as un talent inné pour fouiner. Tu es curieuse et surtout la seule femme au monde à ne pas me regarder comme un monstre sans coeur et sans émotion.
— Tu veux quoi ? osai-je demander dans un souffle.
— Je suis un solitaire et tout comme toi, j'ai subi une injustice. Je vais te faire une offre à toi de choisir.
— Quelle offre ? susurrai-je.
— Je t'apprends tout ce que je sais, je te fais découvrir ce qu'est le vrai monde et non celui dans lequel tu as été bercée durant toute ton enfance. Quand tu seras prête, si tu le veux, tu pourras te venger et venger ton père. Ou bien tu peux fuir, mais sache que si demain on me contacte pour te retrouver et te tuer, je ne refuserai pas le contrat.
— Pourquoi tu veux m'aider ?
— Ma proposition est à durée excessivement courte, répliqua-t-il en se levant avant de poser sa main sur la poignée de ma chambre.
Je déglutis et alors qu'il allait franchir la porte, je soupirai et lui demandai d'attendre. Je me levai du lit et acceptai de le suivre. Sans se retourner, ni même me regarder, il m'ordonna de le suivre et cela sans rien prendre avec moi. Je laissai donc mes affaires derrière moi avant de le suivre dehors jusqu'à une berline lambda. Je vis qu'elle avait été louée et présumai que cela avait été fait sous un faux nom.Zeno m'ouvrit le coffre et je le fixai incrédule, il me lança un regard noir et froid. Je ne tergiversai point et grimpai dans le coffre. Une fois allongée à l'intérieur, il me tendit une bouteille d'eau et referma le coffre.
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Traquée par Le Silencieux.
Short StoryAccusée du meurtre de son père, pour sa sécurité, Suri, la princesse de la mafia napolitaine a fui. Traquée par ses frères et les hommes de son père qui jadis devaient la protéger, elle est rattrapée par le pire de tous, Zeno. Ce dernier est de rép...