La Protégée du Vampire.

8- révélations.

Mon frère ? Il avait bien dit "mon frère" ? Pourtant ils ne se ressemblaient pas du tout.
La mâchoire de "Monsieur" se contracta et son regard brillait d'une lueur meurtrière quand ses yeux fixèrent les mains de l'inconnu qui entouraient mes poignets.

-lâche là immédiatement. S'exclama-t-il d'un ton posé mais qui dissimulait une haine que je ne lui aurais jamais prêtée jusqu'à présent. Sa colère avait un aspect de vengeance pas encore exécutée mais déjà plus que imaginée, comme si il s'obligeait à rester froid et à maîtriser ses émotions dans l'attente de porter un coup bien plus fatale. Moi qui le voyait plutôt avoir une colère volcanique le genre de haine explosive qui détruit tout sur son passage sans réfléchir, pas cette colère maîtrisée et finalement imprévisible...
Mais si lui représentait la glace, son frère lui, était clairement le feu:
-ooh tu entends ça mon cœur, il ne veut plus partager ses jouets avec son petit frère. Dit-il en me fixant dans les yeux avec une fausse moue attristée, avant de se détourner de moi et de regarder à nouveau le maître de maison avec un grand sourire provocateur :
- pourtant ça te dérangeait pas autrefois, hein Ascian, tu t'en souviens comment tu savais bien t'amuser...

-"Ascian?" Répétais-je incrédule en plongeant mon regard dans le sien cherchant à m'accrocher à cette première révélation sur le personnage mystérieux qu'il était. Alors il s'appelait Ascian...
Je crû apercevoir, juste une fraction de seconde,dans son regard meurtrier une lueur de peine ou d'émotion passer, comme si il savait que plus j'en savais plus j'étais en danger ou que je lui faisais de la peine, que je méritais mieux que tout ça, dû moins c'est l'interprétation que j'en faisais.
Puis il s'adressa de nouveau à son frère :
- tu sais pourquoi elle est là donc dégage de chez moi.

- mais elle ? Elle sait pourquoi elle est là ? Visiblement elle ne sait même pas qui tu es. Il baissa la tête vers moi et s'avança vers mon visage, automatiquement je reculais pour me dégager de ce rapprochement forcé, mais sa colère teintait ses yeux d'un bleu sombre et une des ses mains s'empara de ma mâchoire avec une force démesurée par rapport à mon geste. Ses doigts s'enfoncèrent dans la peau de ma gorge et de chaque côté de ma mâchoire me faisant respirer plus fort à cause de la douleur qui traversait mon corps.
Mais il continua de se rapprocher de moi malgré les cris étouffés que je poussais. Tout en fixant son frère du coin de l'oeil, il me chuchota quelques mots à l'oreille :
- si tu savais qui tu étais et ce qu'il avait fait à ta mère, tu serais déjà parti bien loin. Le jour où tu le découvriras, viens avec moi je saurai bien m'occuper de toi mon cœur. Il ne sait pas à quel point tu es précieuse.

Il n'eût pas le temps d'en rajouter que d'un coup il se retrouva projeté contre la baie vitrée, cette dernière explosa en un bruit strident. Des milliers de bouts de verre recouvrirent le parquet en bois et le bruit de son corps qui tomba du premier étage retentit dans toute la pièce.
Un long silence s'ensuivit où je fixais Ascian debout, maintenant à côté de moi, sa respiration était forte et sa poitrine montait et descendait à un rythme effréné, les muscles de ses bras étaient tendus et une veine pulsée dans son cou, son coeur devait battre si fort... Est-ce qu'il se rendait compte de ce qu'il venait de faire à l'instant ? À quoi il pensait ?

Son regard se détourna du trou béant qui c'était maintenant formé dans les grandes fenêtres de la bibliothèque, seul élément qui pouvait attester de la tempête qui venait de se produire dans cette pièce quelques secondes auparavant mais que le silence pesant venait recouvrir, comme si rien ne c'était passé.
Il leva les yeux vers moi et quand il constata mon regard perdu et la peur qui c'était emparée de moi il s'adoucit immédiatement et ses yeux reprirent cet aspect triste que j'avais pû apercevoir tout à l'heure. Il reprit son souffle et me regarda une dernière seconde avec peine.
Je m'attendais presque à ce qu'il dise qu'il était désolé pour tout, je voulais qu'il me prenne dans ses bras et me rassure, mais son regard changea une nouvelle fois, maintenant je pouvais y lire de la colère et du dégoût pour moi comme si tout était de ma faute. Il baissa les yeux sur mes jambes encore écartées et contracta sa mâchoire d'un aire dégoûté. Il se retourna et quitta la pièce en criant après un employé, sûrement pour nettoyer toute la merde qu'il venait de causer.
- Ascian, qu'est-ce que tu viens de faire ? Chuchotais-je derrière son dos qui s'amenuisait au fur et à mesure de sa trajectoire.
Je descendis du piano et lissais ma robe comme pour me redonner un air soigné mais au fond je me sentais sale comme si j'avais provoqué ce qu'il venait de m'arriver et que maintenant, par ma faute l'inconnu gisait au sol dans une mare de sang.
L'air dégouté d'Ascian m'avait donné envie de pleurer, jamais je n'avais fait de telles choses, je n'étais pas comme ça, les garçons ne m'intéressaient pas, il n'y avait que lui qui me captivait, il était le centre de mes préoccupations depuis tant d'années, c'était lui et seulement lui.
Son regard avait été comme un couteau en plein coeur.
Mais après tout je ne pouvais pas me morfondre de la sorte, si lui me voyait comme ça alors tempis, même si ça me faisait mal, je savais ce que je valais et après ce qu'il venait de faire à son frère il était hors de question que je le laisse me juger et m'atteindre de la sorte surtout que dans l'histoire j'étais la victime, je ne voulais rien de tout cela...
Je me dirigeais lentement vers la grande fenêtre, je savais ce que j'allais trouver en bas mais pourtant quelque chose en moi me poussait à aller voir son corps.
Le corps du frère d'Ascian... Il avait vraiment tué son frère ? C'était tellement surréaliste, étais je obsédée par un psychopathe ?
Mais au moment où l'étendue de verdure du jardin s'exposa devant moi, je ne trouvai aucun corps. Encore pire, aucune tâche de sang, absolument rien. Les domestiques n'étaient même pas en bas à s'activer pour nettoyer. Rien ni personne n'était au sol...
.