Allie

Inespéré

Alyson était encore assise dans sa voiture. Elle regardait droit devant elle, emprise d'un sentiment étrange, indescriptible. Elle avait retouché au moins cinq fois son maquillage qui n'en avait aucunement besoin dans le rétroviseur, et enroulait maintenant frénétiquement ces cheveux autour de son index. Ces gestes témoignaient de sa nervosité car elle ne se souciait presque jamais de sa coiffure ou de son maquillage, bien qu'elle fasse quotidiennement un effort pour être présentable, ce n'était jamais bien extravagant. Au collège par contre, elle avait été extrêmement soucieuse de son apparence, et surtout de ce que les autres pensaient d'elle. Elle en faisait presque une maladie autrefois, et elle avait jadis été reconnue pour cela. Il faut dire que l'emploi très haut placé dans une banque de son père, permettait à ce dernier de lui offrir tout ce qu'elle désirait, et Allie était devenue totalement dépendante de cet argent qu'elle dilapidait d'ailleurs avec entrain. Et puisque sa mère n'était jamais présente à cause de son travail à l'étranger, elle ne pouvait imposer de limite a Allie. Par contre, Allie avait été obligée de revoir ses priorités et avait changé du tout au tout quand son père avait dû payer une fortune à cause d'une accusation de fraude d'un client lors de sa première année de cégep, et qu'elle avait dû déménager à Montréal avant même le début de celle-ci, où le coût de la vie était beaucoup moins élevé, mais surtout où le scandale ne salissait pas la réputation de son père. Elle était devenue beaucoup moins axée sur l'apparence. Bien qu'elle soit à peu près la même physiquement, elle se préférait mieux au naturel maintenant. Ce qui la rendait si nerveuse était quelque peu bizarre. Ce fameux rendez-vous fixé pour des retrouvailles de son collège était arrivé pour Allie. Ce moment dont ils avaient souvent parler à l'école lorsqu'ils étaient jeunes, comme d'un moment auquel ils avaient hâte, lui semblait beaucoup moins reluisant une fois face à celui-ci. Revoir ses anciens amis la rendait nerveuse et Allie redoutais d'être déçue. Et ce n'était pas tout, bien qu'elle reconnaisse plusieurs éléments typiques de New York comme les taxis jaunes qui semblent être pressés à toute heure du jour ou de la nuit, ou encore les gratte-ciels qui semblaient réellement chatouiller les nuages, elle se sentait étrangement peu familière à son quartier d'enfance où elle avait pourtant vécu les plus belles années de sa vie auprès de ses amis. Cette pensée la transposta dans un de ses souvenirs nostalgiques de cette époque:

C'était une soirée chaude de mai et il était environ 17 heures. Allie marchait avec Gabriel main dans la main. Son meilleur ami avait encore des problèmes avec une de ses nombreuses admiratrices qui, bien malgré lui semblait-il dire, s'accrochait a lui. En regardant dans une vitrine d'une boutique de vêtements pour femmes, elle se fit elle-même la remarque qu'elle était véritablement chanceuse d'avoir Gabriel comme meilleur ami. Oui certes il était beau a en tombé par terre, attentionné envers les filles, populaire et intelligent mais il se confiait toujours à elle et elle adorait ça. Elle le regarda et sourit puis se colla a lui et l'écouta pour la millième fois, lui raconter comment il avait dû évincer une candidate. Elle ne manquait jamais une occasion de le taquiner sur ce sujet et il riait de bon cœur, mais était modeste quant à ses conquêtes. Il n'y avait apparemment personne qui l'intéressait et Allie en était satisfaite, car peu importe qui serait l'élue du cœur de Gabriel, elle savait qu'elle ne la trouverait jamais assez bien pour lui. Ils avaient tellement partagé de choses depuis l'école primaire que maintenant personne ne pouvait les séparés et aucune dispute digne de ce nom n'était survenue entre eux depuis 5 ans. Ils s'étaient promis, en bons meilleurs amis, de ne jamais laisser une fille ou un garçon les séparés. Les seules fois où il y avait de la discorde entre eux c'était quand elle se plaignait d'être détestée à tout coup par les admiratrices de Gabriel qui étaient irrévocablement jalouses de leur relation et ces situations l'énervait lui autant, ou plus, qu'elle. Ca le mettait en rogne mais ils finissaient toujours pas se réconcilier et honorer leur promesse de ne laisser personne mettre de l'espace entre eux. Elle décida de penser à quelque chose de plus gai et demanda tout à coup à Gabriel avec qui il comptait aller à la fête ce samedi pour le 16e anniversaire d'une connaissance.