Déchirement

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Wouuu-waa ! fis-je en étirant les bras au ciel.
Je me réveillait enfin.
Ma gueule de bois ne m'avait pas encore totalement quittée, puisque ce réveil un peu brutal me martyrisait le crâne.
J'entendis alors un petit bruissement à ma gauche, et surpris, tourna aussitôt la tête.

Justine était là, encore assoupie, occupant la place de gauche. Je mis longtemps avant de me souvenir pourquoi elle se tenait là.
La veille, il était très tard quand on avait quitté le manoir. On était tous les deux claqués, et vu qu'elle habite super loin je lui avais proposé de dormir chez moi.
Nous avions par contre pris nos précautions et nous nous étions munis de protections (une muraille de coussins entre nous).

J'alla me doucher. C'est alors que je me mis à penser à Iron-Man. Je me souvenais que Mlle Potts hésitait à rejoindre son chéri dans la douche. Je gloussais comme un dindon... se pourrait-il que, Justine, prit d'un désir insoutenable, vienne se coller à mon corps humide ?
Ho-ho-ho ! On se calme, Lazare !  me rappelais-je tout de suite à la raison.

C'est alors que la porte s'ouvrit lentement. Mais non pas sur une belle jeune fille mais sur un gros minet. Gaston (car tel était son nom) dodelina de la tête en miaulant en ma direction. Cela pouvait très bien dire « Pense à la planète et arrête l'eau » ou encore « Bah quoi, tu veux ma photo ? ». Quoi qu'il en soit, il se déplaça d'une manière totalement ridicule jusqu'au lavabo, où, comme à son habitude, il commença à y lécher les rares gouttes .

1 h later...

Justine : Merci pour tout !
Lazare : De rien, à lundi !

Elle s'en alla alors après un tout petit baiser de rien du tout.

Je m'installa dans le canapé tout en démarrant un appel vidéo sur le groupe L2AT (qui voulait dire Lazare Lauren Alex Titouan, par manque d'inspiration).

Titouan : Yo les reufs !
Lazare & Alex : Salut !
Titouan : Vous êtes au courant que Lauren est à l'hôpital !?
Lazare & Alex : (tous les deux se regardent, choqués)
Titouan : Laissez moi vous expliquer la situation. Hier, avant de partir, cette folle a sûrement dû trouver très malin l'idée de faire un petit tour en moto. Du coup elle a chourré celle de Noam et s'est élancée en chantant sur du « Don't stop me now ».
Elle s'est rétamée quelques mètres plus loin après avoir pris ce qui pouvait ressembler à un tremplin, fracassant au passage une Audi lors de l'atterrissage.
(les deux garçons qui l'écoutaient étaient vidés de toute émotion)
Lazare : Ah ouais quand même...
Alex : Enfin bon... on est habitués maintenant.

Bla-bla-bla...
Fin de l'appel

Alex avait vraiment l'air préoccupé... Il s'est passé quelque chose hier soir ?, méditais-je.

Mais je ne croyais pas si bien dire.
En effet, la veille, Vasco avait quitté brusquement la soirée après avoir reçu un appel de son chauffeur. En partant, il semblait préoccupé, et son problème était devenu celui d'Alex. Celui-ci était sans nouvelles depuis, et commençait à paniquer. Était-ce sa faute ? Sa petite amourette n'aurait-elle pas dû exister ?

🌀 Flashback : (vous allez ici être informés d'une anecdote inédite dont personne à part Vasco n'est au courant) 🌀

En face, Alex me sourit. Je lui souris aussi. Ce qui vient de se passer entre nous, whoa... c'est sublime.
Soudain, quelque chose se met à vibrer dans ma poche. Je m'empare alors de mon tel.
L'écran affiche : Gunther.
Mon chauffeur ? Pour quelle raison peut-il donc bien m'appeler ?
En temps normal, j'aurais ignoré l'appel, mais là je ne suis pas contre l'idée de m'éloigner un peu d'Alex, de prendre une pause dans ce flot d'émotions déroutantes.
Je glisse le bouton sur « accepter l'appel » et colle la sortie audio contre mon oreille.
Allô ? ... Gunther ??
Mais il y trop de bruit.
Mes tympans sont submergés par une vague de sons parasites.
Je n'entend presque rien, hormis une voix haletante. « Monsieur... c'est terrible... ».
Je jette un coup d'œil à Alex puis décide de m'éloigner du bruit.
« C'est votre... votre fruit... »
Mais qu'est ce qu'il racontait le boug ?
Après avoir dressé l'oreille en lui exigeant de répéter, je pus comprendre « C'est votre frère.
Venez immédiatement sur le parking.»
Mélangé par l'incompréhension et l'inquiétude,  je laissa la fête derrière moi en me ruant dans la Bugatti de Gunther.

Je détestais cette voiture. Depuis tout petit déjà, mes allers-retours pour l'école ou le piano se faisaient dans cette auto de luxe au cuir ausi pétant qu'un coucher de soleil en Sybérie.
Son chauffeur, Gunther, était un individu taciturne et l'inverse de sociable. Il avait dû connaître une tragédie dans sa vie, parce qu'il était muet comme une carpe. Je m'amusais souvent à essayer de lui arracher un sourire, ce qui s'avèrera être une chose impossible.

Lorsque je fus installé et accroché sur le siège arrière droite, il démarra. Cette fois, c'était encore pire. Même pas de « Bonjour, Monsieur Ziev ».
Durant tout le trajet je demeurais perplexe, car l'atmosphère était palpable. Ses gants en cuir noir brillant tapaient machinalement le volant. Grâce à mes années d'expérience à l'observer, je peux en conclure qu'il était en état de stress intense.

Mais qu'est ce qui se passe ici, bordel de merde ?!

Gunther gara sa voiture précipitamment, ce qui était inhabituel. Il m'avait à peine adressé  un regard, comme s'il fallait éviter à tout prix de me regarder.
De plus en plus louche...
Il me fit signe de le suivre. Il passa d'abord par le salon, tourna à gauche pour prendre l'escalier nord, passa devant ma chambre pour enfin arriver dans le salon d'hiver.
En voyant la scène tout d'un coup, je crus que mon cœur allait sortir de ma poitrine. Ma cage thoracique agonisait.
Maman était allongée là, sur le canapé, pleurant à chaudes larmes et poussant des petits cris retenus.
Papa était là aussi, dans le même état.
Joe, le cuisinier, et Ayana, la femme de ménage, étaient tous les deux à leurs côtés.
Je n'en croyais pas mes yeux. Je n'estimais plus mes parents capables de verser la moindre larme depuis longtemps.
Quelque chose de grave s'était produit aujourd'hui. Je cherchais désespérément Luc des yeux. Mais mon frère n'était pas là. C'est alors que je me remémorais les paroles de Gunther au téléphone.
Un éclair me foudroya sur place. Inconsciemment, une larme coula sur ma joue. Je baisa la tête et l'observa chuter vers le sol, avant de s'écraser sans bruit.
Tout me paraissait si lent, comme si on avait arrêté le temps.
Ma mère s'avança alors vers moi et me serra si fort dans ses bras. Je ne pouvais plus rien dire, plus rien penser, plus rien sentir.
Je cherchais un regard rassurant dans ses yeux verts pomme, pour me prouver que j'avais tort, que tout allait pour le mieux.
Mais je ne vis qu'une blessure qui cherchait désespérément à être soignée.
Ces deux yeux globuleux me faisaient pitié. Ils étaient enfoncés dans les miens, tout en me lançant des appels au secours.
Elle me fixa alors, et réussit à articuler :
« Vasco, mon trésor. Il faut que tu sois fort.
Ton frère... il allait trop vite... »
Sa voix était entrecoupée de sanglots gras.
« Il a perdu le contrôle et sa voiture a dérapé... le vide.
Il est...
Vasco, Luc est... »
Elle n'avait pas besoin de finir sa phrase. Mort.
Ce mot résonna dans mon crâne.

Je me sentis alors valser en arrière.
Ma tête buta violemment le parquet, puis mes yeux se fermèrent, m'abandonnant dans les ténèbres.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 26, 2023 ⏰

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