64 - Broken Wings

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La première chose que fit Yeosang en ouvrant les yeux ce matin-là fut de hurler de toute la force de ses poumons. Son cri se répercuta sur les murs du modeste chalet et fit trembler les vitres, mais il ne se stoppa que lorsqu'il fut à bout de souffle et incapable de continuer à s'égosiller de la sorte. Le jeune homme, la respiration hachurée et le regard écarquillé porta une main à sa poitrine et ses doigts se resserrèrent compulsivement autour de la chemise qu'il portait. Dans son esprit, c'était le chaos. Il se souvenait être sorti se balader malgré les avertissements de sa famille et de la tempête violente qui avait frappé les environs du village pendant sa promenade. Yeosang se redressa aussi vite que possible malgré la douleur qui vrillait ses membres et tenta de voir dans son dos. Ses ailes étaient toujours bien là mais les larmes lui montèrent aux yeux quand elles refusèrent de lui obéir et restèrent sagement repliées dans son dos. 

Les appendices transparents s'agitèrent à peine quand il tenta de les redresser et il abandonna quand la douleur devint trop forte. Il avait l'impression que son dos allait se fendre en deux s'il persistait à faire des essais. Une de ses mains accrochée au drap dont il était couvert, l'autre remonta jusqu'à son front et entra en contact avec un tissu rêche, légèrement humide. Il grimaça quand en appuyant il empira sa migraine et il laissa retomber sa main sur sa cuisse. Il ne se souvenait pas de grand-chose, si ce n'était cette tornade qui l'avait arraché à sa forêt natale et qui l'avait propulsé il en savait où. Yeosang s'estimait chanceux d'être encore en vie après une pareille épreuve, mais la peur de ne plus jamais être capable de voler l'empêchait de se réjouir de ce miracle. 

La fée releva son regard noisette pour essayer d'en découvrir plus sur l'endroit où elle se trouvait et découvrir qui était son sauveur. Les planches grossièrement taillées qui composaient les murs de l'habitation n'avaient strictement rien en commun avec les maisons des fées. Yeosang avait grandi dans un arbre géant dont les branches entrelacées servaient de piliers et de murs, la nature elle-même leur servait de maison. Jamais une fée n'aurait eu l'idée de mutiler un arbre pour s'en servir de chambre. Il y avait aussi cette drôle odeur de feu à laquelle Yeosang n'était pas habitué et qui lui chatouillait le nez. Il faisait aussi beaucoup plus chaud, il n'était couvert que d'un drap léger mais il suffoquait déjà. Il s'en débarrassa donc et tenta de faire basculer ses jambes dans le vide. De cette façon, il s'aperçut que les propriétaires des lieux avaient un étrange sens de l'aménagement, le lit était sur une sorte de plateforme isolée en hauteur et il fallait sauter une bonne distance pour atterrir à l'étage inférieur. 

Yeosang chercha du regard un moyen de descendre autre que le saut. Il était complètement courbaturé et de nombreux bandages enroulaient son corps. Il ne voyait même plus le bout de ses doigts tellement ils étaient enrubannés. Ses tentatives pour se mettre debout portèrent leurs fruits au bout de plusieurs essais, même si elles le laissèrent en nage et nauséeux. Yeosang ne se souvenait pas s'être déjà senti aussi mal dans sa vie. Pas même quand il avait fait sa première soirée à l'hydromel avec ses amis et qu'ils avaient eu des maux de tête pendant presque deux jours. Cette fois c'était différent, tout son corps souffrait et il n'avait aucun moyen d'apaiser sa souffrance. 

La fée se laissa tomber sur le rebord de la plateforme, les jambes se balançant faiblement dans le vide. Il avait beau essayer de se rappeler, d'essayer de revivre son sauvetage, il ne se souvenait de rien du tout. Il soupira lourdement et se prit la tête entre les mains. Il ne savait pas où il était ni chez qui, il voulait juste rentrer chez lui mais impossible avec des ailes dans cet état. Il n'était même pas capable de quitter l'espace où il avait été alité. 

Yeosang releva lentement la tête en entendant du bruit, pas très loin de lui. A défaut de pouvoir le voir, il entendait qu'il n'était plus seul et cela lui donna l'espoir d'avoir accès à des informations. Il se racla la gorge et toussota pour s'éclaircir la voix. 

K-OS [Commandes Fermées]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant