Chapitre 10

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La soirée est longue. Trop longue.

Je ne peux pas dire. La nourriture était grandiose, Dante est un très bon cuisinier et le dessert de Sakura, une vraie tuerie. Les boissons ont été par moments un peu trop corsées à mon goût mais bon, on n'arrête pas de me servir et pour le coup, je suis heureux d'habiter l'appartement d'en face.

— Tu dois pas conduire pour rentrer chez toi, Céleste ? s'inquiète brusquement Keegan après avoir rempli pour la énième fois son verre presque à ras le bord.

Elle secoue la tête avec un peu trop d'énergie puis se fige d'un coup, les sourcils froncés. La tête doit lui tourner. Je ricane et réponds à sa place :

— Elle dort chez moi.

— Avec toi, précise-t-elle, un sourire en coin.

— Oh vous... Il se passe quelque chose entre vous ? nous interroge Anna, excitée par cette idée.

— Berk ! Jamais de la vie. Pourquoi tout le monde croit qu'on couche ensemble ? se plaint-elle en me fixant.

— Peut-être parce que tu viens de dire qu'on allait partager un lit ? proposé-je.

Elle fait une petite moue avant de hausser les épaules.

— Enfin vu tout ce que tu as bu, tu vas ronfler pas mal, donc je me contenterai du canapé, expliqué-je.

— Je ne ronfle pas !

— Si...

Elle croise les bras devant elle pendant quelques secondes puis se lance dans une description de son Daniel d'amour – ce sont ses propres mots – aux amis de Dante.

— Ça va ? me demande notre hôte.

Sans même hésiter, je hoche la tête. Même si j'aimerais rentrer chez moi, je dois bien admettre que ce petit groupe est très agréable et intéressant. Pourtant en temps normal, les gens me barbent mais pas là. Bien sûr, comme toujours, je n'ai pas beaucoup participé aux conversations, préférant écouter mais je ne me suis pas ennuyé, ce qui est une véritable victoire en soi.

— Action ou vérité ? lance le faux surfeur.

— Pardon ? m'écrié-je, choqué.

Mon dieu, j'ai trente ans, j'ai passé l'âge de jouer à ce genre de choses. C'est un truc d'ado ou dans le pire des cas, les première année d'université mais pas à mon âge. Les filles semblent toutes très emballées par cette idée et ça me fait encore plus peur. L'alcool fait du mal.

— Je vais passer mon tour, affirmé-je en levant les mains.

— Oh mais non ! Il faut que tu joues aussi, sinon y'aura moins de garçons que de filles, balance Céleste comme excuse bidon.

Je m'apprête à la renvoyer balader comme j'en ai l'habitude quand Dante me tapote le genou. Je tourne la tête vers lui et le déteste aussitôt. Il me fait un regard de chiot perdu, ça me débecte qu'il ose jouer cette carte. Ça devrait être interdit. J'inspire à fond pour prendre mon courage à deux mains et déclare, sûr de moi :

— Jamais de la vie.

— Si tu joues avec nous, je te donne le manga que tu as adoré l'autre soir.

Mes yeux s'écarquillent sous la surprise.

— Vraiment ? Celui qui n'est plus édité ?

— Oui !

— Je suis des vôtres !

Bien entendu, tout le monde explose de rire et j'admets que j'ai moi-même esquissé un sourire à mon comportement. Il est tellement facile de m'acheter que ça en devient pathétique.

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