Chapitre 17

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 Ryan et Marine n'échangèrent plus un seul mot pendant tout le reste du voyage. Le jeune homme lui avait donné chaque jour de quoi manger avec l'aide qui allait avec. Il lui avait également donné une petite robe en toile autrefois blanche pour la protéger du froid. Malgré le fait que le vêtement soit dans un sale état, la fillette lui en était très reconnaissante.

Petit à petit le vent se mit à souffler sur le petit convoi, portant avec lui les effluves salées de la mer. Marine sentait que Ryan était de plus en plus stressé au fur et à mesure qu'ils avançaient. Il pâlissait à vue d'œil lorsqu'un soldat venait lui parler. Il trébuchait sans arrêt et regardait souvent dans le vague.

Marine lui découvrit de nombreux tics nerveux, il se rongeait les ongles et avait tendance à se masser le cou. La fillette avait eu tout le temps de l'observer. Même sans lui parler, elle comprenait tout à fait ce qu'il devait ressentir. Sa colère et sa douleur s'étaient un peu calmés maintenant, elle ne lui en voulait plus.

Ces derniers jours, elle avait connu toutes sortes de sentiments, elle avait été triste, puis heureuse puis triste à nouveau... à présent elle se sentait décidée et sûre d'elle. À vrai dire, elle ne ressentait aucune forme d'angoisse à l'approche du terme de leur voyage. Ryan s'inquiétait pour deux à lui seul. Elle savait exactement ce qu'elle allait faire. Après presque quatre jours de marche, ils arrivaient à l'aboutissement de leur voyage.

Marine dormait malgré les ballottements que sa tête subissait constamment quand elle entendit une voix lointaine crier :

– Nous y voilà !

Elle ouvrit les yeux et regarda autour d'elle. Elle avait rêvé bien sûr, elle était toujours enfermée dans sa cage. Ryan marchait toujours derrière les barreaux d'acier, plus livide que jamais. Marine tenta de regarder par-dessus son épaule. En se tortillant sur les côtés elle aperçut le château du seigneur Freyen.

C'était un beau bâtiment, très ancien, qui datait probablement du moyen-âge. La forteresse reposait sur une falaise écartée de la baie, de sorte que le bâtiment tout entier semblait être une île à lui seul. Un petit pont de pierre reliait le château à la plaine. Le vent était d'une puissance inouïe, il faisait resplendir les multiples drapeaux qui ornaient la forteresse. La mer aussi était d'une violence extraordinaire, les vagues venaient se briser sur la roche avec force en provoquant un déluge sur cent mètres autour d'elles. L'eau et le vent se mêlaient et leur parvenaient alors qu'ils étaient à plus d'un kilomètre de la falaise et du château.

Ce cadre avait tout de vacances majestueuses pour la fillette, elle qui aimait tant l'eau elle avait son compte dans un tel endroit. Et la pluie lavait un peu les plaies qu'elle portait.

La cage s'ébranla sur la charrette en rompant ce petit instant contemplation. Elle devait avoir encore une fois heurté des rochers sur le sol. Marine se détourna et regarda droit devant elle.

Ryan avait l'air plus soucieux que jamais. Les regards des deux amis se croisèrent. Marine vit les yeux bleu du jeune homme s'empourprer et se mettre à briller. Il se détourna pour cacher sa nouvelle montée de larmes. Lorsqu'il regarda à nouveau la fillette, il lui sourit.

Ryan semblait essayer de tout son être de paraître heureux et confiant mais il était toujours autant crispé. Marine lui rendit son sourire. Un vrai sourire, sans larmes et sans craintes. Ryan parut surpris de la voir si détendue. Il eut un sourire en coin et cette fois c'était bien réel. La jeune fille espérait lui communiquer un peu d'espoir en utilisant son seul regard. Les mots n'auraient servi à rien.

Le convoi mit plus de trois heures à atteindre le château. Marine avait l'impression qu'ils n'avançaient que de quelques millimètres par heure. C'était interminable. À mesure qu'ils s'en rapprochaient une fine pluie s'abattait sur eux, ou alors ce n'était que l'eau de la mer projetée par les vagues lorsqu'elles rencontraient la falaise. L'eau semblait ralentir la procession et le vent l'aidait dans cette tâche.

L'Avarielle - La légendeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant