In the stars

Chapitre 15

Cela ne fait même pas cinq minutes que Swann est parti du café que Céleste fait déjà son apparition. Telle une tornade, elle se contente d'un geste de la main vers Dante qui sert un dernier client pour le saluer et se précipite vers moi, slalomant entre les tables. Elle ne prend pas la peine d'enlever sa doudoune et s'installe sur la chaise à ma droite.

— Alors comment ça s'est passé ?

— Mais qu'est-ce que tu fais là ?

Ses yeux s'écarquillent à l'écoute de ma question. Elle descend sa fermeture éclair et affirme :

— Je n'allais pas attendre demain pour que tu me racontes tout.

— Je vais rien te raconter du tout !

— Pardon ? s'écrie-t-elle.

Heureusement, il est assez tard. Le café étant sur le point de fermer, il n'y a quasiment plus personne de présent. Seuls Dante et son dernier client se sont tournés vers nous. Je me force à sourire en secouant la tête pour leur signifier que tout va bien mais au fond de moi, j'ai envie d'enfermer Cély dans une malle à double tour.

— Tais-toi, grogné-je.

Elle lève les yeux au ciel, se fichant comme toujours d'attirer l'attention sur elle. Céleste se déshabille et fait tomber son sac à main par terre.

— Allez s'il te plaît, dis-moi tout ! En cinq ans...

— Six ans, la corrigé-je.

— C'est la première fois que tu as un rendez-vous amoureux, poursuit-elle comme si je n'avais absolument rien dit.

— Ce n'était pas un rendez-vous amoureux !

— Et moi, je suis la reine d'Angleterre !

— Elle est morte, lui rappelé-je.

Elle grimace.

— Il y a bien l'autre, là ! Camellia.

— Camilla ?

— Voilà !

Puis elle doit réaliser que j'ai réussi – avec une facilité déconcertante – à détourner le sujet de conversation. Elle tape la table du plat de la main et me sermonne :

— La question n'est pas là, affreux !

— Elle se trouve où alors ? Personnellement, je trouve qu'il faut être assez précis dans...

— La paix, me coupe-t-elle, fatiguée par mon comportement.

Je lui adresse un sourire amical, presque fraternel. Même si j'adore la faire tourner en bourrique, elle reste l'une des personnes les plus importantes de ma vie. Toujours prête à me soutenir mais aussi me mettre un coup de pied aux fesses si la situation le préconise. Les bras croisés, je prends appui sur la table et lui souffle :

— Ce n'est pas amoureux. Pour le moment.

Tout en me fixant, elle plisse les yeux comme pour tenter de lire en moi et ainsi déterminer si je suis honnête ou pas. Pourtant, depuis le temps que nous nous connaissons, elle devrait savoir quand je mens ou pas.

— D'accord, abdique-t-elle. Mais je veux vraiment que tu me dises ce que vous avez fait, ce que vous vous êtes dit, ce que tu as pensé de lui... Raconte-moi tout !

— Pas sans moi, intervient Dante depuis l'autre bout du café.

Cette fois, c'est moi qui lève les yeux au ciel.

— Je ne suis pas le dernier ragot à la mode !

— Bien sûr que si, me contredit mon amie.

Dante contourne son comptoir et va fermer à clé la boutique en nous expliquant :