Couleur émeraude

Il n'y avait rien, tout était sombre, puis je me mis à voir. Un soleil de plomb, de la verdure à perte de vue, les oiseaux qui chantent joyeusement, le vent qui me murmure à l'oreille le temps qu'il fait, un arbre immense me surplombe et me protège de cette température élevée. Je me redresse doucement, comme pour profiter encore un peu de cet instant.

Qu'est-ce que je fais ici ? Je ne me rappelle de rien, j'ai la tête qui tourne. Même mon prénom m'échappe. Alors je me mets à marcher dans la direction où, au loin, une fumée de cheminée s'échappe.

Lors de mon trajet je croise quelques animaux de petite taille. Des choses étranges se produisent : ils s'approchent, mais jamais trop prêt. Par moment certains sont énervés, sortent les crocs comme pour attaquer, mais sans jamais aller plus loin.

Je continue mon chemin jusqu'à me retrouver à l'orée d'une forêt. J'entends le bruit de toute cette faune qui vit dans ce feuillage, notamment le hululement d'une chouette alors que la lumière du jour commence à décliner. Ce son se rapproche en s'intensifiant, je relève la tête et voilà l'origine de ce son qui se jette sur moi comme une fronde, toutes serres et bec dehors. Ma présence doit lui déplaire. Je ne suis même pas surpris, mon corps a l'air tellement habitué à cette situation. Je ne fais qu'observer la chouette mécontente me foncer dessus, sans même tenter d'esquiver ou de me protéger. J'aperçois qu'elle vise peut-être l'une de mes épaules, ou plutôt ma gorge. A-t-elle l'habitude de blesser mortellement des êtres humains ? Mon corps ne tremble toujours pas alors que la menace se rapproche. Elle parvient à sa cible, une serre attaquant l'épaule et l'autre voulant écorcher ma gorge. Je ne ressens rien. A la place, son cri de colère se tut subitement.

Je tourne légèrement la tête pour apercevoir une lueur verte l'empêcher de me toucher, ses membres se retrouvèrent pris dans cette étrange lumière qui émane de moi. Elle battait des ailes des plus frénétiquement, des plumes volent dans l'air, obstruant légèrement ma vision, ce qui ne m'empêche pas de voir cette lueur se propager sur le corps de l'animal auparavant en colère et qui maintenant est terrifié. Son corps est devenu presque complètement recouvert de vert, à l'exception d'un œil qui me regarde fixement. Il reste à mon niveau malgré ses ailes piégées, je continue pourtant de ressentir un mouvement d'air comme s'il continuait de les battre frénétiquement. La lumière commence à remplir sa pupille, je ressens mon mal de crâne ressurgir me forçant à plaquer ma paume sur mon front et à plisser les yeux. Des flashs emplissent mon esprit, j'observe des corps humains de tout âge mutilés, griffés de partout, d'un point de vue en hauteur, on dirait une toile sur laquelle on a jeté un seau de peinture rouge. Même le feuillage émeraude des arbres ne put échapper à cette vision macabre teintée de pourpre.

Je finis par comprendre que c'est le passé du petit être paralysé juste à côté de moi. Sans même ressentir de la colère ou bien de la pitié à son égard, je l'observe froidement se faire engloutir par cette lumière avant de s'évaporer, comme aspiré. La lueur verte réintègre mon corps puis tout redeviens comme s'il ne s'était jamais rien passé.

Je me décide à pénétrer dans cette forêt. Il y fait de plus en plus sombre, pourtant mes pas savent où aller. Je ne trébuche à aucun moment, j'évite chaque crevasse, chaque tronc d'arbre ou racine qui jonchent le sol.

Une fois sorti de cette forêt luxuriante, je retrouve le faisceau de fumée qui guidait mes pas. Il se trouve juste devant moi, à quelques centaines de mètres. J'y aperçois déjà au loin les prémices d'une civilisation qui commence à se regrouper pour tenter de survivre. 

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Des cris percent l'atmosphère, les gens autour de moi se mettent à courir pendant qu'une maison est en flamme. Une femme est tombée en arrière, à hurler de désespoir tout en me fixant, le visage déformé par la terreur.