Adeline
La brise qui pénètre par la baie vitrée entrouverte me force à ouvrir les yeux. Il est un peu plus de midi, et je suis déçue de constater que nous sommes encore le même jour. Sans grande conviction, je quitte le lit. Me dirigeant instinctivement vers la terrasse en traînant des pieds, je prends appui sur la rambarde et savoure l'air de la mer qui me caresse chaleureusement le visage. La vie ici n'a, au premier abord, pas l'air si terrible que ça, me dis-je. En contrebas, mon regard est automatiquement attiré par la silhouette qui longe la piscine. Des cheveux bruns, presque noirs, flottent dans l'air, soulignés d'épaules larges et viriles. Le jean sombre de cet homme ne laisse aucune place à l'imagination. Sa chemise noire, dont les manches sont, en partie, retroussées, me dévoile des avant-bras tatoués. Mh... pas mal la vue au réveil. Quand il se retourne, ses yeux se cramponnent instantanément aux miens. Merde. Par réflexe, je me baisse derrière la rambarde, cherchant à me cacher bêtement. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine. Retrouvant contenance, je me relève doucement et me rends compte qu'il n'est plus là. Non mais sans rire... Adeline ! C'est juste un mec, et tu paniques ? Tu as quel âge ? Quinze ans ?
Environ cinq minutes plus tard, je quitte ma chambre. La maison est tellement silencieuse que c'en est déprimant, donc je lance la musique dans mes écouteurs. Avec flegme, je rejoins tranquillement le coin cuisine. Personne. En ouvrant le réfrigérateur, j'y découvre une assiette emballée, avec un post-it sur lequel est inscrit :
« Bon appétit, mademoiselle ».
J'imagine que madame Jonhson m'a préparé ce sandwich pendant que je dormais, après que Larry lui a confié mes envies. Me souvenant que l'heure pour déjeuner est idéale, je m'empresse aussitôt de le déballer, avant de me rendre à l'extérieur, en direction de cette fameuse piscine. Maintenant assise en tailleur sur l'un des nombreux transats disponibles, je dévore l'œuvre de madame Jonhson, réalisant que le casse-croûte ressemble à celui que me préparait ma grand-mère lorsque j'étais petite. Thon mayonnaise et œufs durs. Comment peut-elle le savoir ? Je suis sûre que mon père lui-même ne s'en souvient pas ! Peut-être que je me trompe. Peut-être qu'il s'en souvient et qu'il a pris soin de le lui dire, mais, très franchement, je m'en moque pas mal. Une boule se forme dans ma gorge lorsque je déglutis la première bouchée. Ma grand-mère me manque terriblement, et me sentir tout à coup de nouveau à ses côtés me serre l'estomac. Ne souhaitant pas démarrer la journée ainsi, je m'empresse d'essuyer la larme qui roule sur ma joue, lorsqu'une main tendue brandit un mouchoir sur ma gauche. Je tressaille, forcée de me rattraper pour ne pas tomber à la renverse. Une fois la catastrophe évitée de justesse, je regarde brièvement les tatouages qui entourent le morceau de papier blanc et délicat. Craintive, je me relève vivement, devinant qu'il s'agit du type que j'ai pu voir cinq minutes plus tôt du balcon de ma chambre. Partant du bout de ses chaussures, mes yeux remontent peu à peu jusqu'à ses pupilles. Il est si grand qu'il me surplombe de toute sa hauteur. Et ses mains sont si imposantes que mon cœur tambourine dans ma poitrine, rien qu'à les voir. Furieusement, je retire un écouteur de mon oreille, sans pour autant chercher à faire cesser la musique.
— C'est juste un mouchoir, calmez-vous, lâche-t-il avec mépris, tout en me dévisageant de ses yeux obscurs.
Mes sourcils se tordent d'incompréhension. Ou bien de dédain, je ne sais pas trop.
— Il vous arrive de prévenir quand vous arrivez quelque part ? balancé-je sèchement. Et puis, qui êtes-vous déjà ?
— Je suis un ami de James, se justifie-t-il. Et vous, qui êtes-vous ?
Mes iris le toisent un instant.
— Mais, vous n'avez même pas la trentaine... suspecté-je. Comment pouvez-vous être ami avec mon père, qui, lui, en a presque cinquante ?
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Fucking Perfect Enemy (SOUS CONTRAT D'EDITION CHEZ SPICY EDITION) ~
RomansaDu haut de ses 18 ans Adeline Rey, étudiante en droit, est forcée de retourner chez son père, juste le temps d'un été. Le problème ? Cela fait maintenant six années qu'ils ne sont pas vus. D'après elle, ce séjour s'annonce donc interminable, alors p...