UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]

CHAPITRE 84 - SKYLAR

Il est onze heures passées lorsque je rejoins Sarah et Kheliss à la cafétéria. Le restaurant est étonnamment bondé, contrairement à d'habitude. Je n'avais pas vu ça depuis le jour de la rentrée.

Les examens de fin de semestre approchent et c'est l'occasion pour la plupart des étudiants de commencer les révisions en prenant d'assaut les locaux de la faculté et les bibliothèques universitaires.

Je repère rapidement les filles à une table ; elles ont pensé à me garder une place et je les rejoins en me frayant difficilement un passage parmi la foule d'étudiants affamés.

J'échappe un soupir à fendre l'âme en me laissant tomber sur ma chaise.

— T'as une petite mine. Me fait remarquer Kheliss en croquant dans une tranche de pizza décongelée.

— Tu ne manges pas ?

Sarah s'étonne de me voir les mains vides.

Elle a raison, je n'ai même pas pris la peine de faire la queue pour me prendre quelque chose à grignoter. Mais j'ai l'estomac trop retourné pour avaler quoi que ce soit. Je pensais que toute cette histoire avec la police allait calmer mes nausées, mais il faut croire que ça n'avait rien à voir.

Je secoue la tête et grimace en sentant de nouveau le goût de la bile au fond de ma gorge.

— Je ne me sens pas bien. Je souffle.

Kheliss fronce des sourcils et se penche vers moi, inquiète.

— Ça s'est mal passé ?

Je comprends qu'elle fait référence à l'interrogatoire que j'ai passé quelques heures plus tôt. Je les ai tenues au courant de mon absence aux cours de ce matin.

— Ils ont retrouvé le meurtrier d'Andrew. Je leur annonce.

Les filles écarquillent simultanément les yeux, les faisant presque sortir de leurs orbites.

C'est assez drôle à voir, sur le moment.

Elles restent silencieuses, attendant que je poursuive. Mais j'hésite à tout leur dire. Elles n'ont pas besoin de savoir que j'ai mêlé mon père à cette histoire. C'est beaucoup trop glauque, et une oreille indiscrète pourrait faire circuler l'information dans tout le campus et je serais catégorisée comme la fille d'un meurtrier – à défaut de coucher avec.

Un frisson de honte et de malaise me traverse à cette pensée.

Alors, je hausse innocemment les épaules.

— Je ne sais pas qui c'est, ils m'ont juste remerciée pour l'aide que j'ai apportée à l'enquête. Je mens.

Les filles affichent une mine déçue, mais se reprennent.

— On le saura sûrement au journal télévisé. se rassure Sarah.

Je fais la moue et grimace.

Je passe le reste de l'heure à les regarder manger en parlant des examens et du stresse que ça engendre en elles à la simple idée de foirer leur dernière année. Mais elles réussiront, je ne m'en fais pas pour elles.

Quant à moi, les larmes me montent aux yeux en réalisant le peu d'intérêt que j'ai accordé à mes études ces derniers mois.

J'ai quitté ma mère et mon pays en me promettant de tirer profit de ce que pourrait m'offrir les Etats-Unis en terme d'enseignement, et voilà que je me retrouve à coucher avec mon stalker aux penchants meurtriers et à dissimuler la vérité à la police pour couvrir ses frasques.

Des larmes de colère contre moi-même, et de frustration à l'idée d'échouer mon année, affluent devant mes yeux et me brouillent la vue. Je suis à deux doigts d'imploser, et l'envie de hurler pour me libérer de toutes ces tensions ne manque pas.