CHAPITRE 20

1.1K 77 5
                                    

Quand je sens une matière froide autour de mes lèvres, j'entrouvre légèrement les yeux encore endormis avant de croiser le regard de Dallas qui sourit de manière moqueur, et ce n'est souvent pas bon signe, vraiment pas. Le voyant un feutre à la main, je commence à comprendre ce qu'il était en train de faire, mais au moment où je tente de me lever pour l'agripper par le col de son t-shirt, Elone ressort sa tête de ma nuque pour contempler mon visage et explose de rire.

— Picasso aurait dû avoir peur pour sa carrière en l'an 1937.

Voyant mon expression confuse, il me tend la caméra de son téléphone pour que je puisse voir l'œuvre de Dallas, des motifs enfantins et plusieurs autres dessins douteux sont dessinés sur mes joues et mon front.

— DALLAS !

Ce con referme le bouchon du feutre avant de claquer la porte de la chambre afin de rejoindre le séjour sous les plaintes de Marìana qui n'arrive pas à démarrer la plaque de cuisson. Voyant que le brun à mes côtés continue de rire, je frappe doucement son épaule.

— Arrête de rire, imbécile.

Immédiatement, il cesse de pouffer et sort un paquet de lingettes de la table de chevet passant la première sur mon visage, peu à peu, le feutre disparaît tout en s'entachant du blanc de la lingette. La situation plus calme, je me permets d'enrouler mes doigts autour d'une mèche brune en m'avançant lentement près de lui.

— Elone ?

Il détourne le regard en haussant le sourcil, il sait déjà que j'attends des réponses, et pas n'importe lesquelles cette fois.

— Tu n'as pas posé de question lorsque Jessi t'a rendu ta planche de surf quasi-neuve, une partie était manquante, pire, le sang sec dessus n'est pas arrivé seul.

Soupirant, il semble désormais bien plus fatigué qu'il y a quelques minutes, mais je refuse de lâcher l'affaire avec cette planche.

— Quelqu'un a dû l'utiliser ce jour-là Emi, c'est commun de se prêter les planches quand quelqu'un manque à l'appel.

— Maintenant que nous sommes ensemble, tu crois encore que mentir est la bonne solution ? Tu étais là durant la compétition.

S'extirpant du lit, il semble vouloir faire semblant de ne rien avoir entendu alors je me contente de faire des cercles sur son dos nu.

— Laissons tomber cette histoire.

Avant que je ne puisse répliquer, la porte s'ouvre doucement laissant passer Marìana avec de nouveaux sablés au citron, Elone se réfugie rapidement dans la salle de bain sous notre regard mitigé.

— Est-ce qu'il va bien ?

Je hoche la tête en croquant dans la moitié du sablé, Dallas à l'entrée tapote du doigt sa montre pour me signifier qu'il est temps pour moi de rentrer avant que mes parents ne s'inquiètent davantage.

Nouant mes converses et replaçant ma veste en jean, je fais le tour de la chambre en espérant pouvoir lui dire au revoir. Des voix se rapprochent petit à petit de la porte tandis que des bras empoignent mes poignets pour l'entraîner dans la salle de bain. Un doigt sur les lèvres pour m'intimer de ne pas parler, je me fige.

— Elone a dû raccompagner Emire et Dallas jusqu'au hall du bâtiment.

Un soupir atteint mes oreilles et un bruit de sachet qu'on serait en train de déballer se fait entendre dans toute la chambre.

The Shade Of SosthèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant