27- Aveux 

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Le prénom de ma mère s'affiche sur l'écran. Pourquoi elle m'appelle ? Frida ne l'a pas prévenu quand même. Je décroche en me redressant.

- Allo

- Bonsoir chérie. Comment tu vas ?

- Je vais bien. Il se passe quelque chose ?

- Je voulais te parler d'un truc avant d'oublier.

- Je t'écoute.

Mon ton est froid et monotone. Je suis dans une phase où je lui en veux énormément de ne pas être avec moi. J'essaie de ne pas y penser mais à chaque fois que j'entends sa voix cette colère remonte. Je n'ai pas envie de lui parler maintenant alors mieux vaut aller droit au but, espérant que ça ne se finisse pas en dispute. Et je sais pertinemment qu'elle ne m'appelle pas parce que je lui manque.

- Ton père veut te parler.

Mon souffle est coupé un instant. Quoi ? J'ai mal entendu je crois. Pourquoi il veut me parler lui ? Pourquoi après tout ce temps ?

- Je sais que c'est soudain. Mais je ne peux pas te séparer de lui éternellement. C'est ton père après tout, il a le droit de te parler.

- Je ne veux pas lui parler.

Hors de question que je lui parle. J'en ai rien à foutre que ce soit mon père. Dans mon cœur et dans ma tête je n'ai jamais eu de père. Lui aussi il semblait oublier qu'il a une fille. C'est pas maintenant que ça va changer.

- Tina, je ne te demande pas de le voir. Moi non plus je ne veux pas que tu le vois. Mais il veut juste discuter avec toi, au téléphone.

- Je ne veux pas lui parler. Bonne nuit.

Je raccroche et jette mon appareil de l'autre côté du lit. Et là mes larmes m'échappent. C'est quoi cette journée putain. Pourquoi il n'y a que des merdes qui m'arrivent ?

C'est justement toi la merde.

Ça s'arrêtera qu'après ta mort.

J'enfonce mon visage dans mon oreiller pour étouffer mon cri. En plus les étoiles sont absentes ce soir, recouvertes par les nuages. Alors je n'ai personne.

« Je serais toujours là pour toi ma petite étoile. »

Je souris malgré mes larmes en repensant à ses mots. Je ne sais pas ce qu'il ferait s'il me voyait dans cet état. Mais il ferait sûrement son possible pour me remonter le morale. Peut-être qu'il séchera mes larmes et me prendra dans ses bras.

Merde, il manquait plus que je me fasse des scénarios avec lui. Ce gars a su s'immiscer dans ma tête comme personne. Je me retourne dans mon lit en séchant mes larmes, mais d'autres les remplacent aussi tôt.

Tout ce qui s'est passé aujourd'hui m'a fait revenir des années en arrière. Quand je me retrouvais seule toute la journée à la maison, à me demander pourquoi je n'avais pas une mère et un père comme mes amis ? Pourquoi ma tante m'ignorait depuis le départ de Mika et Ivan ? Pourquoi personne ne m'aimait à l'école ? Pourquoi je me faisais harceler par ces garçons ? Mais surtout je me demandais pourquoi je me retrouvais seule du jour au lendemain à devoir m'assumer moi même à seulement douze ans. Je ne comprenais pas pourquoi je n'étais pas comme les enfants de mon âge.

Mais j'ai fini par m'habituer à cette solitude. Aujourd'hui elle m'est indispensable. Je ne supporte plus les gens. J'ai beaucoup de mal à m'intégrer à eux. J'ai l'impression que tout le monde me ment et que personne ne me montre son vrai visage. Alors je reste sur mes gardes et me protège le plus possible.

Première quête Où les histoires vivent. Découvrez maintenant