Chapitre 3 : Visites

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Les semaines suivantes furent horribles. Edward n'avait pas menti, je n'avais plus moyen de contacter aucun des membres de la famille Cullen. Ils ne s'étaient pas pour autant donné la peine de couper leurs lignes téléphoniques, je tombais simplement sans cesse sur leurs voix me demandant de laisser un message. J'abandonnai rapidement ces tentatives. Je n'osai pas me rendre jusqu'à la villa immergée dans la forêt, sachant que cela aussi serait inutile, qu'elle serait totalement vide de leur présence.

Mon quotidien étriqué de lycéenne ne suffisait largement pas à me distraire du manque causé par leur absence. Je pensai à retrouver un petit boulot pour le remplir davantage, mais cela dut attendre, car je me retrouvai de nouveau en béquilles. Le lendemain de ma lecture du mot d'adieu de mon meilleur ami, je tentai encore de ne rien laisser paraitre à l'extérieur. Les regards commençaient à se tourner vers moi au lycée et, bien que la nouvelle du départ des Cullen allaient forcément bientôt se répandre, je souhaitais repousser au maximum le moment où tout le monde allait comprendre l'abandon que je venais de subir. Un tel flot de pensées et de peine me submergeait ce jour-là que, durant l'entrainement de cheerleaders - où je continuais d'aller malgré l'affaiblissement flagrant du lien social qui me liait au reste de l'équipe - je chutais d'une tentative de pyramide. Je me blessai la cheville récemment remise de la poigne surnaturelle de James. Si j'étais du genre dramatique, je dirais que la douleur ne fut cependant rien comparée à celle qui me serra le coeur lorsque, patientant dans l'une des salles des urgences, je vis la porte s'entrouvrir et espérait un instant voir entrer Carlisle, avant de me rendre compte qu'il ne serait désormais plus jamais celui qui soignerait mes blessures. Le décevant de normalité médecin, bien que gentil et certainement compétent, conclut à une entorse. Je résistai tant bien que mal à la tentation de lui demander si le Dr Cullen avait laissé une quelconque indication sur sa nouvelle destination, principalement par peur de fondre en larmes lamentablement.

La cantine m'apparut dès lors comme une épreuve, que donc j'évitai. Mon handicap temporaire rendait trop évident le fait que je n'avais plus d'ami pour m'aider à porter mon plateau jusqu'à une table. Et puis, je n'avais plus de table où m'asseoir, ne me résolvant pas à m'installer seule à celle que je partageais avant avec eux. Je me mis à déjeuner dehors, dans l'herbe, les plats que je me cuisinait moi-même. J'aurais pu apprécier cette nouvelle activité, vu le temps qu'elle me prenait, si elle avait occupée l'esprit autant que les mains sans laisser autant d'espace libre pour mes pensées. Lorsqu'il pleuvait (souvent), je me réfugiais plutôt dans les gradins du gymnase.


À mon plus grand étonnement, c'est là qu'Emery vint me trouver, un midi. En le voyant traverser le terrain vide, je pensai un instant à partir avant qu'il ne m'atteigne. Mais, non seulement ma curiosité l'emporta, et l'idée de tenter de semer un loup-garou m'apparut vite stupide. Il attendit d'être assis sur le même banc que moi - le plus bas, puisque je ne pouvais que difficilement monter les marches - pour parler.

« Hey, me salua-t-il simplement.

- Salut.

Soudain, je ressentis une vague de colère à son égard. J'étais en colère contre à peu près tout le monde depuis leur départ. Mais là, pris-je conscience, j'avais face à moi quelqu'un qui haïssait purement et simplement les Cullen, et qui se réjouissait certainement de leur départ. Une cible de choix pour ma rage.

- J'ai appris, pour le départ des Cullen, m'annonça-t-il justement.

- Tu dois être ravi. Es-tu venu jubiler ? Assénai-je.

Il fronça les sourcils, reculant presque face à cette attaque.

- Non. Enfin, je ne suis pas mécontent de leur départ mais, je suis venu car je m'inquiétais pour toi. »

The space between a rock and a hard placeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant