Mars 2025
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Je dépose Elly le plus doucement possible sur mon lit. Elle est dans un très mauvais état, mais heureusement, rien qui ne justifie de l'emmener aux urgences. Je la cale sur le flanc, et la recouvre de ma couverture. À son arrivée chez moi, elle était totalement sous le choc. Son attitude n'avait rien de normal. Même si je ne l'apprécie pas, la voir ainsi, ça m'a brisé le cœur. Elly était terriblement bouleversé, la douleur émanait de ton son être. Je ne sais pas ce qu'elle a vécu ce soir, ni même avant, mais ça ne va pas arranger son état.
Je la contemple en silence. Sa grande tache rouge, au niveau de son menton, m'interpelle. Je me demande si elle l'a toujours eu. C'est une belle femme, et cette particularité lui donne un charme atypique. J'imagine bien que beaucoup de personnes n'ont pas la même sensibilité que moi face à son physique, mais pour moi, elle est magnifique. C'est d'autant plus difficile de la détester en ayant conscience de ça. L'être humain n'est pas fait pour haïr quelqu'un qui lui plaît physiquement. J'aimerais bien faire l'ignorant et rester dans le déni, mais les faits sont là. Je ne suis pas insensible au charme d'Elly. Je me surprends à caresser sa pommette meurtrie. Je stope mon geste quand je prends clairement conscience de ce que je suis en train de faire. Je ne suis pas une grande brute sans cœur, même si je déteste les junkies plus que tout, la détresse de cette fille me heurte. Sa peine m'a éclaté en pleine gueule ce soir, et je ne peux pas la mettre dehors, encore une fois.
Son nez se remet doucement à saigner, avant que le sang ne tache l'oreiller sur lequel sa tête est posée, je l'éponge avec un mouchoir. Je ne sais pas qui est l'ordure qui l'a mise dans cet état, mais j'ai envie de lui refaire le portrait. Je n'ai qu'une hâte, qu'Elly se réveille et qu'elle me dise enfin qui est le coupable. Je continue d'admirer ma nouvelle colocataire quelques secondes avant d'aller m'asseoir dans le fauteuil en face de mon lit. La silhouette chétive d'Elly, s'abaisse et se soulève au rythme de sa respiration. Son sommeil n'est pas de toute douceur. Je le vois à ses sourcils froncés. Les cauchemars sont en train de gagner du terrain dans sa tête. Elle se met à gigoter dans tous les sens, sans se réveiller. J'hésite à me lever et à la rejoindre, mais son corps se calme et elle repart dans des rêves plus doux.
- Reste avec moi.
La voix d'Elly s'élève dans le silence de ma chambre. J'ai l'impression d'avoir halluciné, mais je préfère lui répondre pour ne pas l'inquiéter.
- Rendors-toi Elly.
Je ne veux pas passer toute la nuit à la regarder dormir. La situation est déjà suffisamment compliquée à gérer, je n'ai pas envie de rester planter là. Je me lève et je me dirige vers le salon. Pickles se précipite vers moi, il se prend les pâtes dans le tapis et s'écrase contre le parquet. Ce chien n'est vraiment pas fait pour se développer dans un environnement "hostile". La nature (et tout le reste aussi), se dresse contre lui...
- T'es une vraie empotée ma petite vache à lait, rigolé-je.
Lily ne supporte pas que je surnomme Pickles "ma petite vache à lait", mais je suis désolé, c'est un gros boudin, court sur pattes, avec des taches noires sur un pelage blanc. C'est une minuscule vache. Le seul couac, c'est que c'est un mâle, mais la ressemblance est frappante. Pickles se relève difficilement, il prend son élan et fonce pour sauter sur le canapé. Bien sûr, c'est un échec. Il retombe mollement sur le sol. J'ai vraiment choisi le plus futé de la portée. Mon chien me regarde avec des yeux tristes. Je sais qu'il essaye de me manipuler pour que je le monte sur le canapé à côté de moi.
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Nos cœurs sous la cendre
RomanceJeune sapeur-pompier, Maximilien est un homme qui a été blessé par la vie. La carapace qu'il s'est forgée est désormais infranchissable. Ce qu'il hait le plus ? Les junkies qu'il croise bien trop souvent dans son quotidien de héros. Les femmes ne fo...