MIDDLE OF THE NIGHT

6

Unfaithful - Rihanna

Mon trajet me semble interminable. Chaque bruit, chaque ombre, chaque passant me plonge dans la terreur. Le message que j'ai reçu il y a quelques minutes me hante : une photo de moi, prise juste devant mon appartement. Il me suit, il sait où je suis. Mon esprit s'affole, et j'accélère le pas, les sens en alerte.

Mon téléphone est prêt dans ma main, une bouée de sauvetage au cas où. Je ne suis qu'à quelques pas de chez moi. Des scénarios horribles défilent dans ma tête, mais j'atteins enfin mon immeuble. Aussi vite qu'un éclair, je me précipite à l'intérieur et verrouille la porte à double tour. Mes affaires sont à peine rangées dans l'entrée que je me dirige vers la douche, espérant que l'eau chaude puisse laver cette terreur qui me colle à la peau. Tout va bien, Lia. Tout va bien.

Mais l'eau ne fait rien pour apaiser mon esprit tourmenté. Les souvenirs de cette soirée qui avait pourtant bien commencé sont éclipsés par la menace imminente de mon passé. Le meurtrier de mes parents rôde près de moi, et chaque jour qui passe est un nouveau compte à rebours vers un destin que je redoute. Immobile sous la douche, je laisse l'eau couler sur moi pendant une dizaine de minutes, essayant en vain de reprendre mon souffle. Finalement, je sors, encore plus contrariée. Je m'habille rapidement d'un pyjama, mais la tension ne me quitte pas.

Mon téléphone sonne à l'autre bout de la pièce. En pensant que c'est Johanna, je me dépêche de répondre.

- Désolée ! J'allais t'appeler, Johanna, je suis...

- Je dois comprendre que tu es bien rentrée alors ?

Hayden. C'est lui. Surprise, je bafouille.

- Hayden, je pensais que c'était Johanna. Je n'ai pas fait attention.

- Tu es bien rentrée alors ?

- Oui, oui.

- Ça va ?

Ma voix me trahit. Je perds tous mes moyens en lui parlant. Sa présence, même à distance, bouleverse mes émotions, et la fatigue accentue ma vulnérabilité.

- Hayden, je suis fatiguée. Je vais te laisser. Bonne nuit.

Appuyée contre le plan de travail, je fixe un point invisible, lui souhaitant une bonne nuit d'une voix tremblante. Il me répond gentiment et je raccroche. Je vérifie une dernière fois que tout est bien fermé chez moi avant de me diriger vers ma chambre. Anxieuse à l'idée qu'il soit si proche, je m'allonge dans mon lit, m'attendant à tout et rien en même temps.

10H00. C'est mon téléphone qui me réveille, ses vibrations incessantes me tirent de mon sommeil agité. La tête encore dans les nuages, je me lève pour éteindre la sonnerie. En passant, je vois des messages de Hayden et de Johanna, mais un en particulier attire mon attention : un numéro inconnu.

Ton heure approche aussi.

Je n'y crois pas. Je frotte mes yeux et relis le message. Assise au bout de mon lit, mon téléphone dans les mains, ma respiration s'accélère. Il est vraiment tout près. Terrifiée, je compose un numéro au hasard dans mes récents appels.

- Allô ?

La voix de Hayden me ramène à la réalité.

- Hayden, je...

Je n'arrive plus à parler. Ma peau frissonne, l'angoisse m'envahit, mes larmes coulent sans retenue et ma respiration devient saccadée. Je suis dépassée par la panique, le souvenir du meurtrier de mes parents m'envahit.

- Lia ? Ça ne va pas ? Où es-tu ?

Ma respiration est totalement haletante. Plus aucun mot ne sort. La panique est à son comble, je suis incapable de répondre.

- Écoute, je vais arriver, essaie de...

Mon téléphone glisse de mes mains, je n'entends plus rien. Je le fixe au sol, puis regarde autour de moi, ma vision floue. Je me lève rapidement et me précipite dans la salle de bain. Mon reflet dans le miroir me renvoie une image dévastée. J'ouvre le robinet et m'asperge le visage d'eau, mais cela ne change rien. Ma respiration douloureuse m'épuise, j'aimerais que cela cesse.

J'entends frapper violemment à la porte. C'est Hayden. Il est là, il doit m'aider. Mais lorsque je fais quelques pas, un violent vertige m'emporte et ma tête heurte brutalement le coin du meuble. Je m'effondre au sol, sonnée, la douleur pulsant dans mon crâne. Je saigne, je le sens, le sang coule sur le sol. Mon corps est trop lourd, je ne peux plus bouger.

Je me sens sombrer dans un abîme noir. Mon corps m'abandonne, et l'obscurité m'enveloppe de ses ailes ténébreuses.