CHAPITRE 86 - SKYLAR

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Étonnamment, je me sens beaucoup plus détendue que ces dernières semaines. Il y a comme un poids qui s'est retiré de mes épaules. Une sorte de culpabilité que je subissais, une responsabilité que je portais malgré moi.

Maintenant que la police n'en a plus après le meurtrier d'Andrew, que mon père est définitivement rayé de la vie de Kirsten – et de la mienne –, et que ma mère a su me rassurer quant à cette grossesse surprise, c'est comme si je pouvais enfin respirer et me concentrer sur moi et moi seule.

Savoir que l'on porte en soi l'embryon d'un futur incertain reste effrayant, mais je n'ai plus cette affreuse boule pesante et douloureuse qui hantait le creux de mon ventre depuis des mois, maintenant. Parce que je sais que ma mère est là, cette fois, et que je n'ai plus rien à lui cacher.

Me rendre aux derniers cours de ce semestre et les suivre assidûment a été beaucoup plus facile. Et je peux même dire que ça m'avait manqué.

Il nous reste moins d'une semaine de révisions avant les vacances de Noël et, enfin, la semaine d'examens. Je passe mes journées à la bibliothèque universitaire, auprès de Sarah et Kheliss, à revoir nos cours, et mes soirées à confectionner mes fiches de révisions. C'est comme retourner à ma vie d'étudiante normale, au point où j'en viens presque à délaisser Delko, quelque fois.

Mais, il comprend.

Il comprend que mes études doivent primer sur tout le reste, désormais. Et même si je ne le vois plus aussi souvent à cause de son job et de mes révisions, il m'est étonnamment d'une grande aide, lorsque je profite de ses deux jours de repos par semaine pour réviser chez lui.

Il me nourrit quand j'oublie parfois de le faire, obnubilée par mes fiches de révision ; m'oblige à tout arrêter lorsque je ne réalise pas moi-même que je suis trop crevée pour continuer ; et m'offre un peu de compagnie rien que par sa présence – silencieuse, certes, mais une présence tout de même.

C'est comme s'il agissait dans l'ombre tout autour de moi, faisant en sorte de me créer un endroit calme et propice à de bonnes conditions de travail.

Ça fait même plusieurs jours qu'il ne m'a pas touché. Pas très longtemps, en tout cas – hormis quelques caresses innocentes. Et je le soupçonne de se masturber dans mon dos, sous la douche ou en plein milieu de la nuit, quelques fois...

Ça me fait sourire d'y penser, mais je rêve peut-être.

Quant à Kristen, j'ai tenté de la joindre à mainte reprise ces derniers jours, mais je reste sans réponse.

J'ai d'abord pensé qu'elle avait changé de numéro de téléphone, mais elle m'aurait sûrement prévenu si c'était le cas. J'ai aussi cru qu'elle m'en voulait peut-être d'avoir brisé sa famille, séparé ses enfants de leur père et elle de son mari. J'ai voulu me rendre au centre d'accueil pour prendre de ses nouvelles, quitte à passer pour une harceleuse. Je refusais l'idée que ça ait pu mal tourner après tout ce qu'elle a enduré, après tous ses efforts et ses sacrifices.

Kristen et ses enfants méritent le meilleur.

Puis je me suis faite une raison ; elle est au courant pour Alec, et a besoin de temps.

J'ai abandonné l'idée de prendre de ses nouvelles, espérant silencieusement qu'elle daigne m'en donner sous peu.

La balle est dans son camp, désormais.

Malgré tout ça, je n'ai pas oublié ce qui se trame dans mon ventre. Même si mes nausées ont diminué au fil du temps, elles sont toujours présentes. Et, si j'en crois le seul test de grossesse que j'ai fait à l'infirmerie de la faculté, il y a un peu plus d'une semaine, je dois maintenant être à presque trois semaines de grossesse... Je ne l'ai toujours pas dit à Delko. Voulant attendre d'avoir les résultats du laboratoire d'analyse, j'ai préféré me taire et faire passer mes méchantes nausées pour l'expression de mon stress à l'approche des examens, auprès d'un Delko inquiet.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant