CHAPITRE 88 - DELKO

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NOËL

Comme le soir de Thanksgiving, toute ma famille est réunie chez mes parents pour le réveillon de Noël. Et alors que je pensais qu'ils seraient déjà tous au courant que j'étais sorti de ce mutisme traumatique qui me suivait depuis plusieurs années déjà, ma mère m'a avoué qu'elle ne leur avait encore rien dit, et que ça pourrait leur faire une belle surprise le soir du réveillon.

Une connerie de miracle de Noël...

En revanche, elle n'a pas pu le cacher à mon père. Il ne m'a pourtant pas appelé une seule fois depuis le dîner de Thanksgiving – préférant sûrement me laisser tranquille. Mais, lorsque j'ai débarqué un peu en avance, dans la soirée, pour les aider à préparer le réveillon, il a été le premier à me serrer dans ses bras.

Ça m'a surpris.

Mon père n'est pas du genre à dire aux gens qu'il les aime, ni à faire étalage de son affection. Tout passe toujours par les plaisanteries et les taquineries ; c'est sa manière de montrer qu'il nous adore. Et, si du jour au lendemain il cessait de rire avec vous, c'est qu'il vaudrait mieux s'inquiéter.

Alors, j'étais surpris, ouais.

La dernière fois que j'avais sentis ses bras autour de moi, je ne devais être qu'un petit garçon. Même lorsque j'ai obtenu mon diplôme, à la fin du secondaire, mon père s'était contenté d'une tape sur l'épaule, fière.

Secrètement, j'ai savouré son étreinte, et son éternelle odeur de tabac et d'eau de Cologne – celle qui ne l'a jamais quittée et qui me rappelle mon enfance à ses côtés, avec de ma sœur.

Ma gorge s'est brusquement serrée.

C'est comme s'il était fière à nouveau. Comme si j'avais réussi un autre putain d'examen.

Il m'a fait jurer de ne plus recommencer. Je n'ai pas pu m'empêcher d'expirer un souffle moqueur par le nez.

Comme si j'avais eu le choix...

Mais je lui ai promis.

Mes parents ne m'ont pas posé plus de questions que ça. Le reste de ma famille non plus, d'ailleurs.

Personne n'a cherché à comprendre le pourquoi du comment la parole m'était de nouveau possible. Ils ont plaisanté sur le fait que Chaton y était pour quelque chose ; comme si elle avait réussi à entrer dans mon cerveau et avait réparé les parties cassées, brûlées par l'accident.

Selon eux, elle m'a fait sortir de plusieurs années d'état traumatique, d'une manière ou d'une autre, et leurs fabulations semblaient leur convenir.

Ca peut paraître stupide mais, d'une certaine manière, ils ont peut-être raison – si c'est bien ce qu'ils croient.

Je devrais me payer une séance de psy avec elle...

Des coups donnés à la porte d'entrée me sortent de mes pensées et le brouhaha ambiant est de nouveau capté par mes tympans. Je constate alors que les pleurs de Lily ne se sont pas taris et que sa mère tente, tant bien que mal, de les apaiser en me jetant des regards à la fois désolée et amusée.

Je soupire et me redresse en portant ma bière à mes lèvres. Je grimace en constatant que les bulles ont presque disparu.

Je suis ma mère du regard qui abandonne tante Linda à ses décoration de biscuits de Noël pour se diriger vers l'entrée.

Ça ne peut être qu'elle.

Depuis que le dernier membre de ma famille a franchi le seuil de la maison, je n'ai pas cessé de tendre l'oreille vers la porte d'entrée et de la fixer comme si elle allait s'ouvrir d'un instant à l'autre.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant