2046, quatre jours avant le drame.
-Joyeux anniversaire Sofia, joyeux anniversaire Sofia, joyeux anniversaire !!
Je m'avance vers ce magnifique gâteau au chocolat et souffle sur les dix bougies plantées sur la surface du dessert.
Mon souffle se sauve entre mes deux lèvres et les flammes s'éteignent comme par magie.
Tout le monde applaudit et me sourit.
Je suis légèrement gênée et m'enfonce dans mon siège en me tortillant et en affichant mon plus beau sourire pour les téléphones qui me filment.
Ça y est, je viens d'avoir dix ans.Je saute de ma chaise pour courir vers les cadeaux joliment emballés de plusieurs couleurs.
-Les cadeaux ! je crie en souriant.
-Sofia, vient manger ta part de gâteau et ensuite on ouvrira tes cadeaux, annonce ma mère en déposant une part dans mon assiette.
Le sourire disparaît aussi vite de mon visage. J'attends ça depuis ce matin ! Il me faut absolument la maison de barbie.
Toutes mes copines l'ont, je suis la seule qui ne l'a toujours pas obtenu.Après avoir finit ma part de gâteau, ma mère me ramène les différentes cadeaux qui étaient positionnés dans l'entrée.
À mon plus grand désespoir, la maison ne figure dans aucun paquet...
On m'a offert quelques jeux de société et quelques barbies.
La maison attendra l'année prochaine.Ma mère m'a prévu une surprise. Elle me bande les yeux et me rassure en me disant qu'elle reste près de moi et que tout va bien se passer. L'excitation prend une place de plus en plus importante dans mon corps mais la peur se frais un chemin. J'entends la porte de l'entrée s'ouvrir. Quelqu'un s'approche de moi et s'agenouille devant moi. C'est le noir complet mais mon ouïe est très développée. Je reconnais également ce parfum. Non, c'est impossible.
Le bandeau glisse lentement et la lumière du jour commence à se faire voir.
Je le reconnais directement. Cet homme agenouillé devant moi n'est nul d'autre que mon père. Il est venu pour mon anniversaire. Cela fait deux mois que je ne l'ai pas vu et il se trouve enfin devant moi.
Mon père est présent pour mon anniversaire. Il est vivant.Je me jète dans ces bras, ces bras que je n'ai pas touché depuis deux mois. Des larmes coulent le long de ma joue.
Après quelques secondes à l'enlacer, il se détache de moi et me donne un paquet qui était posé à ses pieds.
Je le déballe et observe la maison de barbie. Je l'ai. Elle est enfin à moi.Un flot de larmes coulent sur mes joues. J'enlace une nouvelle fois mon père.
-Contente de ton cadeau ma chérie ? murmure t'il.
-Mon cadeau, et qui est sûrement le plus beau, c'est de te voir aujourd'hui.Il me regarde avec des yeux pétillants. Des petites larmes apparaissent aux coins de ses yeux couleur noisette. Les mêmes que les miens.
2046, trois jours avant le drame.
Le réveil me sort de mes rêves.
Il est temps de retourner à l'école après ce week-end festif. Je vais pouvoir expliquer la journée d'hier à Sandra.
Mon père est le garde du corps du président de ce pays. Il a dû partir lors du repas hier, et il ne rentrera sûrement pas avant quelques jours.
C'est son métier...Je me lève, descends dans la cuisine et me prépare mon petit déjeuner. Le grand classique, céréales avec du lait.
J'approche mon bol du comptoir, le dépose et j'escale le tabouret qui se trouve en face.
Après quelques secondes de bataille pour réussir à grimper, je m'assois correctement et rapproche le bol vers moi.
Mon regard se pose sur un petit bout de papier qui est déposé près du vase.
Je l'attrape du bout des doigts et l'ouvre.Ma chérie, quand tu verras ce message je serais déjà reparti au travail.
Mais saches que je suis très fière de toi et que je t'aime plus que tout au monde.
Bonne journée,
Papa.Son petit message me réchauffe le coeur dès l'instant où j'ai lu le dernier mot. C'est vrai que physiquement il n'est pas vraiment présent, mais il essaie de se rattraper dès qu'il le peut.
Je ne lui en veux pas pour ça. C'est son métier, son travail. Et le travail est très important.Je glisse le morceau de papier dans la poche de mon pyjama et finis mon bol de céréales.
Je me prépare pour partir à l'école et ma mère me fait monter dans la voiture.Après quelques minutes de route nous arrivons devant l'école.
L'école est peinte en plusieurs couleurs et des animaux sont dessinés à la peinture sur la façade. Mon préféré est le papillon bleu. J'ai toujours aimé les papillons car eux, au moins, ils sont libres.
Dans notre pays, les gens ne sont pas libres. Un couvre feu est installé à vingt heures pour les femmes et les enfants et à vingt deux heures pour les hommes. Enfin, apparemment ce n'est pas le pire, mais maman refuse de m'expliquer le reste. Elle dit que ce sont des «problèmes d'adultes»...J'ouvre la portière, fait un bisou sur la joue à ma mère et sort de la voiture.
La directrice m'attend à l'entrée, m'indiquant que je suis en retard.-Ce n'est pas moi qui conduit madame.
Elle rigole et referme la grille derrière moi.
Je me dépêche d'entrer dans le bâtiment et d'aller en classe avant de me faire disputer suite à mon retard.
Je toque à la porte, la maîtresse m'ouvre et me fais rentrer.
Je m'installe à côté de Sandra, comme à mon habitude, et sors le cahier de maths de mon cartable.-Alors tu as eu la maison pour ton anniversaire ? me souffle t'elle.
-Oui ! Et devine qui me l'a offerte ?
-Mmh, je donne ma langue au chat !
-Mon père ! je crie un peu trop fort.La maîtresse nous lance un regard noir, signe de nous taire mais je suis beaucoup trop excitée pour suivre son conseil.
Je chuchote pour qu'elle évite de nous entendre.-Mon père me l'a offerte hier. Il est juste venu deux heures mais c'était déjà super !
-Je suis contente pour toi Sofia !Sandra est ma meilleure amie depuis maintenant quatre ans. Je l'aime énormément. Elle est toujours à l'écoute et elle est toujours contente pour moi.
La maîtresse s'approche vers nous et nous dépose une feuille d'exercice.
Les mathématiques, je déteste ça.Le reste de la journée se passe tranquillement. Je rentre à pied chez moi car aucun de mes parents peut venir me chercher.
Il est dix-sept heures quand je rentre à la maison. Je dépose mon sac à l'entrée, retire mes chaussures et m'allonge dans le canapé.
J'attrape la télécommande et allume la télé.
Le soleil est en train de se coucher et le reflet vient se poser sur la télé. Je décide alors de me lever pour aller fermer les stores.Je m'approche de la fenêtre quand un groupe de personne avance dans la rue, des pancartes à la main. Il hurle des choses inaudibles. Je décide alors de sortir et de rester devant la porte pour essayer de comprendre ce qu'il se passe.
J'ouvre la porte et la referme derrière moi doucement.
Le groupe est un groupe d'hommes, habillés en noir.-Ils vont nous tuer ! N'ayez pas confiance en l'Etat ! Leurs tests vont vous tuer !
Je ne comprends absolument rien à ce qu'ils racontent, mais une chose est sûr, ces hommes me font peur.
Une alarme se déclenche dans la rue, signe que la police arrive. Les hommes continuent leurs discours devant maintenant une foule bien distincte.
Quelqu'un s'approche de moi et pose sa main sur mon épaule, ce qui me fait sursauter.-Sofia, tu ne devrais pas rester là, rentre chez toi et fais tes devoirs pour demain.
Je lève la tête et observe la voisine, Valentina qui me lance un sourire rassurant. Je hoche la tête pour la rassurer et rentre chez moi. Encore des «problèmes d'adultes».
Je cours directement vers la télé et je mets les infos. En premier titre, une histoire de laboratoire. Les tests ont disparu et plusieurs personnes accusent l'état de cacher des choses à la population.
Alors c'est ça qu'ils racontaient dans la rue ?
VOUS LISEZ
Individus
AksiÀ première vue, ils ressemblent à des humains, mais la réalité est bien plus sombre... 10 ans après le drame, Sofia sort du bunker en pensant être seule, mais elle se rend compte assez rapidement que le danger l'entoure. Sera-t-elle faire confiance...