K-OS [Commandes Fermées]

67 - Rebellion

Le ciel avait-il toujours eu cette couleur ? Un gris sombre aux nuages mouvants, zébré d'un orange terrifiant qui ne laissait plus passer les rayons du soleil depuis bien longtemps. Yunho ferma les yeux un instant, les jambes dans le vide et le visage tourné vers l'horizon capricieux. Il n'arrivait plus à se souvenir de la sensation de l'astre brûlant sur sa peau, sa chaleur n'était plus qu'un souvenir qu'il n'était même pas sûr d'avoir vécu. Est-ce qu'il avait déjà connu le monde à son apogée ou se l'imaginait il d'après les histoires qu'il entendait par ci par là ? Il voulait croire qu'il avait déjà connu autre chose que ces terres désolées, brisées, qui s'étendaient sans fin.

Yunho rouvrit les yeux, le même paysage en ruine s'étalant sous eux. Aucune expression n'altérait les traits las de son visage, aucune étincelle n'égayait son regard, aucun sourire ne courbait sa bouche. Tout était fade, vide de sens et d'espoir. L'air vicié, acide, s'engouffra dans sa gorge et le brûla. Une toux habituelle le secoua alors que l'amertume emplissait sa bouche. Chaque inspiration était une torture qui lui donnait l'impression de brûler de l'intérieur, chaque seconde était une épreuve à surmonter et parfois Yunho se demandait pourquoi il n'abandonnait tout simplement pas.

Ce monde n'avait plus rien à offrir à personne. Encore moins à lui. Il ne faisait que survivre comme les autres, sans rêves et sans ambition. Chaque jour était une lutte pour essayer d'ouvrir les yeux une fois de plus, mais dans quel but ? Yunho n'avait plus d'espoir. Peut-être même qu'il n'en avait jamais eu. Il était un fataliste, l'utopie d'un monde meilleur il la laissait à d'autres dont le cœur pouvait encore subir une déception, lui n'en avait plus la force. 

Perché sur le toit d'un bâtiment abandonné depuis longtemps, Yunho observait les ruines de la civilisation humaine en contrebas. Les toits arrachés, les murs effondrés et les carcasses de quelques anciens meubles offerts à la colère du ciel. Le jeune homme n'avait aucune idée de ce qu'il s'était passé pour qu'ils en arrivent là. Il avait été bien trop jeune pour comprendre quand les gens en parlaient, depuis c'était un sujet devenu tabou. Comme si parler du passé risquait de le faire se reproduire. Il trouvait ça ridicule, mais il n'allait pas se battre pour ça. Yunho économisait son énergie pour ce qui en valait la peine. Une poignée ridicule de choses qui arrivait à causer un soubresaut à son cœur anesthésié.

Un grincement sinistre dans son dos fut capté par son oreille et il attendit, les épaules tendues, que le nouvel arrivé s'annonce. Les pas se rapprochèrent de lui puis une masse se laissa tomber avant que, à peine quelques secondes plus tard, une tête rousse et blonde se pose sur ses cuisses. Le regard de Yunho s'éclaircit et l'ombre d'un sourire étira ses lèvres. Mingi était l'une de ses rares sources de joie et celle qu'il chérissait le plus.

— Tu n'es pas venu à la réunion, lui reprocha le jeune homme.

Yunho haussa les épaules, peu affecté par le reproche. Il n'avait pas sa place là-bas, il n'était pas du genre à pouvoir insuffler de l'espoir et à voir le positif, il n'aurait fait que les décourager. Ils en avaient tous les deux conscience, pourtant Mingi lui faisait toujours remarquer ses absences.

— Je n'aurais pas servi à grand-chose et Joong me fera un résumé si quelque chose a été décidé.

— Ce n'est pas une question d'utilité, j'aurais juste aimé que tu sois à côté de moi. C'est étouffant et... parfois j'ai juste besoin de ta présence près de moi pour mieux respirer.

Yunho lui jeta un regard surpris. Ils se fréquentaient depuis quelques années mais la franchise de son petit-ami le surprenait toujours. Mettre des mots sur ses sentiments semblait tellement simple pour Mingi, lui n'avait compris qu'au bout d'un long moment qu'il était attiré par celui qui pendant longtemps n'avait été qu'un ami. Parfois, il se demandait comment l'autre faisait pour l'aimer. Il était distant, froid et peu agréable au quotidien, une routine dont il n'arrivait pas à se défaire. Ils étaient les opposés et là où il trouvait de la chaleur et du réconfort, lui n'avait que de la désolation à offrir. Mingi lui assurait que non, qu'il avait des qualités mais refusait de le reconnaitre, Yunho avait du mal à y croire mais si c'était pour Mingi alors il ferait confiance.