Scandal [ANCIENNE ÉDITION]

Chapitre 1 - Harper

Alors que je sirote mon milkshake, je l'observe avec attention, espérant qu'il se lèvera bientôt de son foutu siège.

Il a osé s'en prendre à moi, mais dommage pour lui, il ne sait pas à qui il se mesure. J'ai beau être plus jeune que lui, j'ai vite appris à me défendre comme un requin.

Pas le choix quand on en est entouré.

Entrer dans Hollywood de la façon dont je l'ai fait est violent. Tu passes du petit théâtre de quartier à l'industrie la plus célèbre, produisant seulement des blockbuster à succès.

Mon rêve s'est écroulé à mes pieds alors même que je savais à quoi m'attendre.

Je ne m'attendais pas à ce que ce soit si intense.

Le travail de cinq à trois heures du matin certaines fois, les paparazzis qui te photographient même dans ta maison si tu fais l'erreur de laisser tes rideaux ouverts, les fans qui manquent de t'arracher des cheveux tant ils sont agressifs, les journalistes qui tentent de s'immiscer dans ta vie privée dès qu'ils ont l'occasion de te poser des questions, et les nombreuses menaces de mort non-fondées reçues sur les réseaux sociaux de façon quotidienne.

Non, ce n'est définitivement pas ce à quoi je m'attendais.

Tyler se lève, mettant fin à ma rétrospective sur ma vie de rêve pas si rose que ça.

Avec un sourire malicieux, je me redresse sur mes pieds, prête à passer à l'action.

Je fais un premier pas vers lui, puis un deuxième, alors qu'il s'avance lui-même vers moi, sans se douter un instant de ce qui va lui arriver dans un instant.

Nos pas nous rapprochent l'un de l'autre de manière significative et, bientôt, nous sommes presque face à face.

D'un mouvement presque imperceptif, je dévie et me retrouve sur son chemin.

Plus qu'un pas et nous entrons enfin en collision.

— Oh, merde ! m'exclamé-je faussement en découvrant sa tenue pleine de milkshake.

Les yeux de Tyler se mettent à me mitrailler de haine.

— Putain, t'es pas capable de regarder où tu vas ? Il coûtait une blinde, ce costume !

— Pauvre petit chéri, me moqué-je, mauvaise. Il y a des gens qui meurent de faim dans ce monde, tu sais ? C'est plus important que ton costume taché.

— Tu peux parler, grogne-t-il, c'est pas toi qui a du milkshake à la fraise partout !

Je penche la tête sur le côté, lui offrant ce point – je sais être altruiste, parfois.

— Oups, dis-je en mettant la main devant la bouche comme dans un film des années cinquante où les femmes étaient tenues de rester minimalistes dans leurs manières.

— Tu l'as fait exprès, réalise-t-il en prononçant sa phrase avec un air énervé. Tu le regrettera.

Un sourire en coin apparaît sur mon visage, le faisant vriller dans une telle colère que c'en serait presque sexy si ce n'était pas un sal con.

— Possible. Peut-être. Ou pas. C'est une chose que tu ne sauras jamais, comme tu ne sauras jamais rien de moi. Dans tous les cas, j'ai bien hâte de voir ce que tu me réserves.

— Parce que tu penses que tu m'intéresse ? crache-t-il en parcourant mon corps de ses yeux.

Oui, parce que c'est le cas.

Je lâche un rire.

A-t-il conscience qu'il est incapable de mentir sur l'attraction qu'il ressent pour moi ? Il peut faire semblant de me haïr autant qu'il le veut, ses yeux me délivrent un message bien plus intéressant que sa bouche.