Chapitre 2 - Tyler

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Je la déteste.

Pensait-elle sincèrement que j'allais laisser passer ça ?

Jamais.

Elle devrait faire attention à qui elle se mesure si elle veut durer dans cette industrie.

Elle n'est là que depuis trois ans, c'est une novice qui ne sait pas encore où elle a mis les pieds, peu importe le niveau qu'elle a pu atteindre.

Ce n'est qu'une gamine qui pense tout savoir alors qu'elle ne connaît que les bases. Elle a juste eu de la chance, voilà tout.

Maintenant que mon costume est ruiné, je le mets dans un sac en plastique le temps de pouvoir l'emmener dans un pressing.

Heureusement, j'étais sur mon chemin pour me changer afin de vêtir la tenue que je dois porter lors de la première scène que nous allons devoir jouer ce matin.

Une idée me vient, diabolique, mais bien suffisante pour la pousser dans ses retranchements et se souvenir de qui je suis.

Tyler Brooks, vingt-cinq ans, a joué dans une dizaine de blockbusters, et a trois awards en poche.

Je rejoins ma maquilleuse et m'installe sur le siège disposé en face du miroir.

D'un coup d'œil, je m'observe, un sourire malicieux aux lèvres.

Harper Sinclair, tu tombera bien avant moi, je t'en fais la promesse.

Alors que la maquilleuse se met à faire son travail sur mon visage, j'ouvre l'application de mes mails et cherche un contact bien précis.

Une journaliste, toujours avide d'informations exclusives.

Je tape rapidement mon mail et souris, fier de moi.

Avoir décidé de m'emmerder est la pire chose qu'elle a pu faire.

Et elle le regrettera d'ici peu de temps.

Connaissant Aubrien, l'article sortira d'ici la fin de journée au maximum.

— Et voilà, déclare la maquilleuse, c'est terminé.

Je la remercie avant qu'elle me laisse seul.

Rapidement, je termine mon message et bientôt, nous sommes appelés sur le plateau.

Toutes les équipes sont en place, il ne manque plus que nous, au milieu de l'appartement créé de toutes pièces, prêts à tourner l'une des scènes centrales du film.

— Vous êtes prêts ? demande le producteur alors que Harper et moi sommes face à face.

Nous nous regardons en chiens de faillance, nous dévisageant, sachant déjà que nous allons devoir jouer des sexfriends.

Bien sûr, la première scène à tourner ne pouvait être que celle où les personnages sont prêts à coucher ensemble pour de bon.

— Oui, acquiescé-je malgré ma haine.

— Oui, confirme à son tour Harper tout en me fixant droit dans les yeux.

— Et... action ! ordonne le producteur.

Nous nous sourions, respirons plus fort qu'à la normale, prêts à se sauter dessus.

— Camilla... chuchoté-je d'une voix rauque. Tu... Tu es magnifique.

Ces mots me griffent la gorge, paraissant encore moins naturels qu'avec mes partenaires précédentes.

— Thomas... murmure-t-elle en approchant son visage du mien.

Elle humidifie sa lèvre inférieure de sa langue, me troublant momentanément.

Intérieurement, je me secoue afin de remettre mes idées en place.

— J'ai envie de t'embrasser, avoué-je alors que ce n'est pas dans le script.

Merde.

— Couper ! s'écrit le producteur alors qu'Harper semble perdue. Tu nous fais quoi, Tyler ? On a dit pas d'interprétation.

Harper se marre.

— Alors, on ne sait pas écouter les consignes ?

Son comportement minable me confirme que ma vengeance n'était pas abusive, elle le mérite amplement.

Je lui réponds d'une grimace insultante.

— Ferme-là. (Je me tourne vers le producteur et hausse la voix.) Pardonnez-moi, ça me paraissait juste mieux.

Il hoche la tête et nous fait signe de nous remettre en place.

De nouveau, nos corps sont tellement proches que nous échangeons l'air que nous respirons mutuellement.

— Camilla... Tu... Tu es magnifique.

— Thomas... souffle-t-elle de nouveau.

Cette fois, je l'embrasse à pleine bouche.

Nos langues se mélangent alors que nous sourions d'aise.

De fausse aise.

La tension devient de plus en plus intense, bien qu'elle soit entièrement jouée, elle doit paraître réelle à l'écran.

Nos respirations deviennent essoufflées, et bientôt, mes mains parcourent son corps.

Il est régulier que je doive faire ce type de scène et pourtant, je n'ai jamais ressenti une telle gêne en la tournant.

Malgré tout, je garde la face et continue à jouer mon rôle.

Je suis Tyler Brooks, vingt-cinq ans, j'ai joué dans une dizaine de blockbusters, et j'ai trois awards.

Et surtout, je la déteste.

Aucune raison d'être déstabilisé.

Il me suffit de faire ce que j'ai toujours su faire, ni plus ni moins.

Nous continuons de tourner la scène, s'arrêtant régulièrement pour que les caméramans se déplacent, jusqu'à arriver dans le lit.

Peu à peu, nous nous débarrassons de nos vêtements, jusqu'à être presque nus, cachés sous l'attirail nous permettant de tourner de fausses scènes sexuelles.

Ainsi, nous continuons, presque nus, corps contre corps.

Et la seule chose à laquelle je suis capable de penser, c'est à quel point je hais cette situation, à quel point je hais devoir jouer à l'homme fou d'elle quand je la déteste.

Parce qu'elle n'est qu'une gamine qui est montée bien trop vite dans une industrie destructrice.

— Couper !

La scène enfin terminée, je me lève et pousse Harper du lit d'un pied.

— Eh ! C'était nécessaire ?

— Ouais. Je ne t'aime pas.

— Fais semblant, alors ! grogne-t-elle alors qu'elle se relève.

— Je le fais déjà devant les caméras. Laisse-moi être libre quand elles sont éteintes, tu veux ?

— Ça ne te donne pas le droit de me faire tomber !

— Non. Mais je me l'octroie.

— Connard.

— Pourrie gâtée.

— Va te faire foutre, Tyler.

— Toi aussi, Harper.

Elle marmonne dans sa barbe alors que je m'éloigne.

J'ai hâte qu'elle découvre le petit cadeau que je lui ai fait.

Scandal [ANCIENNE ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant