Chapitre 1

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Valérie observait son journal d'un regard lasse. Son crayon effectuait des allers et retours autour de ses doigts, tel un éternel manège qui réalisait toujours le même tour.

Il lui était difficile d'écrire quelque chose sur sa vie amoureuse, car celle-ci était aussi plate que l'eau du lac en face duquel elle se trouvait. Il était si calme qu'il reflétait le ciel et les montagnes qui l'entouraient tel un miroir.

Elle fronça légèrement les sourcils, stoppa son crayon entre son index et son pouce, puis posa la pointe sur la surface blanche du papier.

Elle chercha comment commencer sa phrase avant de finir par retirer sa main et de soupirer bruyamment. Elle n'avait rien à dire. Elle n'avait pas le cœur à écrire sur l'amour... Sur ses propres histoires amoureuses. Car tout était vide de sens.

Son regard brun observa les gens autour d'elle et se teinta de gaieté et de tristesse. Des amis qui sortaient ensemble pour une journée à se prélasser au soleil et à s'amuser. Des couples qui ne voulaient que passer un bon moment entre eux, a se câliner et s'occuper l'un de l'autre sans rien attendre en retour. Des enfants qui jouaient avec leurs parents... Un espace remplit de joie où elle ne ressentait pas qu'elle y avait sa place... Elle était comme le mouton noir parmi les moutons blancs. A l'écart d'eux.

Elle, elle ne ressemblait à aucune de ses personnes. Était-ce mal ? Non, probablement que non. Mais malgré tout elle ressentait un pincement au cœur. Elle aurait aimé leur ressemblait et pouvoir être... Juste normal. Mais ne l'était-elle pas ? Ou se prenait-elle simplement trop facilement la tête ? Le véritable problème, elle le savait, venait d'elle.

Elle avait des amis à qui elle tenait énormément et les revoir la rendait toujours heureuse. Mais ça la rendait aussi triste. Autour d'elle ils avaient commencé à construire leur vie. Un appartement, une maison, des enfants...

Valérie était encore loin de tout ça. Certes elle avait un travail et tout ce qu'elle pouvait rêver pour pouvoir réaliser ses passions et ses hobbies. Une famille et des amis en or.

Mais il lui manquait une part d'elle même. Il lui manquait ce quelque chose qui pimenterai sa vie. Il lui manquait ce sentiment d'amour. Ce sentiment d'amour qui comblerait enfin ce vide qu'elle ressentait dans son cœur. Ce vide qui lui était de plus en plus lourd à porter.

Elle avait tout fait pour enterrer ce manque au plus profond d'elle-même mais quand elle était témoin d'une scène comme celle qui se déroulait devant ses yeux, tout lui revenait en pleine figue tel un boomerang.

Elle voulait ressentir à nouveau ces doux frissons qui la ferait sentir désirée, aimée, vivante. Elle étendit inconscient sa main dans leur direction avant de la ramener contre sa poitrine. Son visage se teint d'une profonde tristesse. En avait-elle seulement le droit ?

Elle le ressentait plus que tout autre chose. Ce manque d'amour. Ce manque de ne pas avoir trouvé cette personne avec qui elle souhaiterait partager tout et n'importe quoi. Parler météo, regarder un film au fond d'un canapé blottie contre elle, manger des churros sur une foire, se disputer, se réconcilier... Elle ne demandait rien de plus. Et pourtant c'était comme si les barrières qu'elle avait érigé autour d'elle ne tomberaient jamais... Elle se sentait seule derrière ses barreaux où elle avait voulu protéger son cœur. Une protection qui aujourd'hui la faisait souffrir plus qu'autre chose... Car aujourd'hui elle ignorait comment interagir avec les autres. Par où commencer ? Dire quoi ? Comment aborder un sujet ? Comment combler un blanc dans une discussion ? Comment comprendre qu'on parle trop ? Comment ?

Elle ferma les yeux en voyant des visages familiers à qui elle n'avait pas parlé depuis des années. Ces visages avaient changés. Tout comme elle avait changé.

Un sourire se dessina sur ses lèvres alors que l'un d'eux venait de recevoir un ballon de l'un des enfants qui jouaient un peu plus loin. Elle n'avait aucun mal à le reconnaître. Il était le petit garçon dont elle avait été amoureuse pendant des années lors de son début de scolarité. Oui, un souvenir doux, naïf et joyeux d'enfance.

Son sourire s'approfondit en le voyant jouer quelques passes avec l'enfant en question avant de retourner auprès de ses amis et sans doute de sa petite amie, fiancée ou même sa femme se trouvait parmi eux.

Suite a cette seule pensée Valérie sentit un pincement au cœur. Elle secoua la tête et glissa une main dans ses cheveux brun. Un rire léger s'échappa de sa gorge. Elle n'avait aucune raison de ressentir cela. Et pourtant cette sensation de jalousie la prenait corps et âme. Elle était simplement jalouse et triste de voir les gens autour d'elle avancer et elle de rester sur place. Le temps ne s'était pourtant pas figer... Mais c'était comme si, renfermée derrière ces barreaux elle n'avait pas voulu admettre que les choses changent, évoluent. Elle se traita mentalement d'idiote, le sourire aux lèvres.

Elle n'avait aucun droit de s'en prendre à quelqu'un à ce sujet si ce n'était à elle-même. Oui elle ne pouvait que s'en prendre à elle-même...

Valérie laissa sa main retomber sur son journal. Ses doigts cherchaient malgré elle a attraper le papier vierge pour le froisser sans pourtant y parvenir.

Oui sa vie amoureuse était aussi blanche que ces pages. Et ces pages n'attendaient qu'une seule chose, être remplies de toutes les couleurs possibles. Mais elle ne leur laissait pas cette possibilité.

D'un geste rageur, elle écarta son crayon des pages trop fortement et celui-ci vola à quelques mètres d'elle. Elle ouvrit la bouche surprise elle-même par son excès de colère avant de soupirer.

Elle referma le journal, laissa sa main caresser la couverture en cuir puis le rangea dans sa besace. Elle se releva et s'étira, les mains orientées vers le ciel. Le soleil lui caressa la peau de son cou et apaisa les tensions de son corps. Elle laissa ses main retombaient le long de son corps, sa main droite chassa quelques brins d'herbes de son haut, puis elle attrapa la sangle de son sac le passa sur son épaule. Valérie s'éloigna de l'espace vert et du Lac en direction de la route qu'allait prendre la route de sa vie. Une route où se trouvait une intersection... Allait-t-elle continuer sur sa route en restant à droite ou allait-elle finalement prendre à gauche ? Et essayer de reprendre son cœur et sa vie sentimentale en main ? Allait-elle enfin choisir le chemin qui serait bon pour elle ?

Une main se posa sur on épaule. Surprise, elle se retourna pour rencontrer deux grands yeux bruns qu'elle n'avait jamais oublié. Il lui tendit un crayon fin et noir qu'elle reconnue immédiatement. Elle le prit, rouge jusqu'aux oreilles. Il avait donc vu jeter son crayon et ne pas être allé le rechercher...

Un sourire franc était dessiné sur les lèvres du jeune homme. Ils discutèrent quelques minutes puis se séparèrent.

La nuit commençait à tomber lorsque Valérie attrapa son crayon et qu'elle inscrivit une simple question sur son journal avant de se lever de sa chaise. Elle s'observa quelques secondes dans un miroir et sortit de chez elle le sourire aux lèvres.

" Is this the beginning of my story ? "

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