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PDV ALMA

La lumière éblouissante du soleil chauffe ma peau et me brûle la rétine. Assise sur la chaise de jardin, les pieds sur la table, ma tête est dirigée vers le ciel et mes yeux clairs s'efforcent de regarder le soleil déjà bien haut. Cela fait trois jours que je me suis évadé de cette prison. Trois nuits que je ne dors pas, restant éveillé à la belle étoile.

L'événement chez Bruce se rapproche de plus en plus vite, Ava a réussi à nous inviter en quelques coups de fil.

Les voitures ont été trouvées et achetées comme prévu, ce sont deux Jaguar noir sportbrake, simple et jolie.

Nous savons où Mickaela va placer les caméras et les micros.

Puis j'ai même trouvé une tenue, un costume noir large avec de fine rayure un peu plus clair que le reste du tissu. Je pense ne rien mettre sous la veste, elle se suffit à elle toute seule. Des poches seront cousues à l'intérieur pour que je puisse cacher mon arme à feu et d'autres gadgets.

Dans une semaine, je vais devoir faire preuve de sociabilité et remettre les pieds dans un endroit qui me dégoûte autant que mon existence.

Un long et lourd soupir exprime la fatigue que j'ai accumulée depuis plusieurs semaines. Mes mains sur les accoudoirs de la chaise, mes pieds ont retrouvé un contact avec la terrasse puis en m'appuyant sur mes mains, je me lève.

A force de rester le dos appuyé contre le dossier de ma chaise, la transpiration a trempé l'arrière de mon haut qui me colle à présent à la peau. J'en prends un propre dans la buanderie et change mon pantalon noir pour un short. Mes cheveux sont attachés en un chignon qui tient à l'aide d'une pince crocodile, pour libérer ma nuque et ainsi laisser le peu d'air frais circuler sur mon corps.

Aujourd'hui, je dois préparer la prochaine livraison pour Harvey. Il faut aussi que je trouve qui est le culotté qui me vole depuis plusieurs mois sans gêne.

Alexandre est allongé dans le canapé du salon, un prospectus lui sert d'éventail. Je l'interpelle et lui fait signe de me suivre. Il roule hors du canapé avant d'atterrir sur le ventre au sol, il enchaîne une dizaine de pompes pour son ego et sa dignité qui viennent de prendre un coup avec sa chute. Appuyer contre l'encadrure de la porte à entendre qu'il finisse son cirque, je retiens un rire devant son numéro.

Ce crâneur m'aide à remplir les caisses, il se charge des calculs sur les dépenses, les achats et les ventes que nous faisions.

Ensuite, tous ensemble, nous remplissons nos sachets de la dose nécessaire avant de les envoyer dans l'entrepôt de Harvey qui les fait passer au port. Il nous évite les contrôles et la prison pour le coup. Mais, si c'est cet homme la taupe, je n'aurais aucun mal à le tuer de mes propres mains et de trouver un autre pour faire le taffe à sa place. Des passeurs, il y en a plein, un peu d'argent sous leur nez et ils sont contents.

Avec Alex, nous allons dans la salle de réunion comme à notre habitude. À peine ai-je mis un pied à l'intérieur de la pièce, qu'une vague de chaleur m'assène en plein visage.

-La vache ! Il fait chaud ici bordel. S'écrie Alexandre.

Sans blague. Je le dévisage et lève les yeux au ciel désespéré.

-Va ouvrir les fenêtres au lieu de crier comme un dégénéré.

Il baisse les yeux sur moi puis s'exécute sans broncher. Bien que le vent de dehors soit chaud, la pièce est aérée et renouvelle l'air que nous pouvons respirer sans avoir l'impression de mourir à chaque inspiration.

Une fois, nous nous sommes installés côte à côte contrairement à la dernière fois, -ce qui est plus simple pour faire les calculs et les papiers nécessaires- nous sortons les classeurs rangés dans un casier à code lui-même caché derrière le grand tableau apocalyptique.

IndifférenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant