J'étais assise sur une chaise dans le café, j'étais propriétaire de ce lieu depuis près de deux ans. J'avais comme habitude de boire mon café à la même table chaque soir, au printemps, l'air doux et parfumé venant de l'extérieur passant par la fenêtre ouverte venait me chatouiller le visage et faire danser mes cheveux. La journée, les nombreux clients venaient boire un café, manger une viennoiserie, discuter des dernières nouvelles et rapporter les potins. Le facteur déposait le journal à heure fixe, tous les jours sauf le dimanche, tout en passant le bonjour aux quelques clients du matin, qui partaient tôt travailler.
Tous les jours, le même groupe d'Anciens venait s'assoir au comptoir et discutait politique du matin au soir, ils faisaient un quart du chiffre d'affaire du mois, avec les boissons alcoolisées qu'ils consommaient en grande quantité. Le matin, je voyais les enfants passer devant ma vitrine en direction de l'école, où ils passeraient la journée à apprendre à lire et à écrire, puis rejoignaient leurs parents pour rentrer chez eux. Cela me rappelait ma tendre enfance, qui était un souvenir heureux, je ne retenais aucun mauvais moments de cette époque.
Dans mon café, je travaillais avec mon doux mari, il s'appelait Robert, quel beau prénom ! Je n'avais jamais connu un aussi bel homme, tendre, généreux, et surtout à l'écoute. Je lui racontais tous mes soucis avec mes amies, et surtout les potins. Il me soutenait, me comprenait, m'aidait, et essayait de trouver des solutions à tous nos problèmes surtout financiers. Je payais un assez important loyer en raison de l'emplacement du café qui se trouvait en plein centre ville, et souvent j'avais du mal à joindre les deux bouts.
Heureusement, Robert, mon bel époux, m'aidait au café tout en travaillant la nuit à l'usine pour payer le loyer et autres dépenses, notamment l'électricité, le gaz, et surtout la nourriture.
Mais un jour, Robert avait vraiment dépassé les bornes. Ce soir-là, c'était Noël, une merveilleuse fête qui réunissait famille et amis, pour un grand repas généralement composé d'une dinde farcie, de petits légumes, de crudités tels que des crevettes ou encore du crabe, des huîtres et bien sûr le désert, mon fameux millefeuille issu de ma recette secrète.
J'étais seule avec mon mari, assise sur le canapé, nous avions passé une merveilleuse soirée à discuter de tout et de rien, nous voulions passer Noël entre amoureux. Robert se leva, sa pipe à la main et me dit qu'il allait fumer, il sortit. J'allais dans notre chambre, passant devant la cheminée et je regardais pendant une poignée de secondes la photo de notre mariage à Robert et moi, me rappelant ma belle robe choisie avec l'aide de ma mère désormais décédée.
Je m'assis sur le lit moelleux, observant la chambre, pensant à tout ce que Robert et moi avons construit ensemble, sans jamais lâcher prise malgré les dures épreuves que la vie nous imposait.
C'est alors que je remarquais une enveloppe d'un blanc immaculé avec un cœur rouge au centre posée sur la table de nuit de Robert. Mon cœur se mit à battre dans ma poitrine. Je rampais sur le lit jusqu'à la lettre, l'a prit et l'ouvrit en arrachant le cœur au passage. J'étais confuse et angoissée, pourquoi Robert avait-il une lettre avec un cœur rouge ! Un cœur rouge ! Posée sur sa table de chevet ? Je la lu, une boule se formait dans ma gorge et une larme coulait lentement sur ma joue. La lettre disait :
« Mon cher Robert, amour de ma vie,
Hier soir était un merveilleux soir, j'ai passé une merveilleuse soirée en ta douce compagnie, j'ai adoré le petit verre de vin exquis que tu m'a servi. Je te remercie de m'avoir raccompagnée chez moi.
J'aimerais que l'on se revoie. Que dirais-tu d'un rendez-vous demain soir chez moi. Écris moi par pigeon.
Je t'aime.
Ta belle et douce Clothilde. »Voilà ce que disait la lettre. J'étais folle de rage, mes pensées s'embrouillaient dans ma tête. Je me sentis affreusement mal, Robert me trompait ? Il avait commis une adultère, il allait le regretter.
Le lendemain, alors que je préparais mon millefeuille dans la cuisine, Robert entra. J'étais prête, il allait me le payer, j'avais cacher un couteau sous ma jupe, contre ma cuisse, dans un fourreau dont j'avais hérité de ma grand-mère. J'étais toujours en colère, mais je me contrôlais, j'avais élaboré un plan pour me débarrasser de son corps, j'allais le servir à manger !
J'espère que les clients aimeront, sinon je n'aurais qu'à me débarrasser du corps dans le ruisseau.
Robert s'approcha de moi, je sortis le couteau, le tenant derrière mon dos, attendant le bon moment pour frapper, je ne devais pas rater mon coup sinon il crierait et alerterait les quelques clients du matin.
Je me tournais vers lui, le regardais dans les yeux, l'embrassai et en même temps, lui plantais d'un coup l'arme dans le ventre, du sang chaud coula entre mes doigts, Robert tomba au sol dans un long râle d'agonie, je lui plaquais alors une serviette sur la bouche pour qu'il ne fasse pas de bruit.
Je jubilais. Voilà, je l'avais ma revanche. Il l'avais mérité, il n'avait pas le droit de me tromper, je voulais être l'unique femme dans sa vie.
Désormais, j'étais seule et enfin au calme. La police était venue chez moi, car bizarrement Clothilde aussi était morte. Je leur racontait alors une histoire toute fabriquée qu'ils gobèrent comme une grenouille mange une mouche.
Dans mon histoire, Clothilde, jalouse de moi, aurait poignardé Robert, puis se serait tuée par balle dans la tête regrettant ses actes, laissant derrière elle une lettre contenant toute ces explications.
Bien évidemment c'était moi qui avais trouvé cette lettre, que j'avais rédigé moi-même, mais ça, la police ne le saura jamais. Ils me crurent, évidemment, j'étais tellement crédible dans le rôle de la pauvre veuve dévorée par le chagrin, qui pleure son mari tuée par une femme jalouse.
Ils ne trouvèrent pas le corps de mon mari, car dans la lettre de « Clothilde », elle disait l'avoir brûlé puis avoir répandu ses cendres dans le ruisseau.Mais bien sûr, c'est en fait les clients qui firent disparaître le corps malgré eux, ils adorèrent, que diraient-ils s'ils savaient qu'ils mangeaient de la viande humaine, cuite sur le grill, saignant ou à point ?
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Son Ombre
Paranormal(Histoire courte) Une femme assassine son mari lorsqu'elle apprend qu'il l'a trompé avec une autre. Un an plus tard, alors qu'elle profitait du décès de son époux pour se faire de l'argent, elle est victime d'étranges manifestations. Qui est la myst...