Chapitre quatre

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Il était parti, vraiment parti cette fois, cela faisait une semaine. Je n'avais perçu aucun signe de sa présence.

La vie avait repris son cours normal, le facteur venait tous les jours distribuer le journal en passant le bonjour aux clients du matin, les enfants allaient à l'école dans la matinée accompagnés de leurs parents pour revenir chez eux le soir, la tête remplie de toutes ces leçons que l'on s'efforce de vous faire apprendre lorsque vous êtes dans votre parcours scolaire.

Ma petite vie était à nouveau paisible et monotone, j'avais rencontré des gens, je pourrais les qualifier d'amis mais je n'étais pas sure que de leur côté ils m'appréciaient à ce titre, c'était sans doute mon côté sadique et légèrement dérangé qui les freinait dans une possible amitié.

Parmi eux, il y avait un homme, Jonathan, grand, cheveux blonds, je détestais cela, excentrique, et surtout immature, j'avais l'impression qu'il m'appréciait plus que nécessaire, en tout cas si nous voulions rester ami, j'avais essayé de clarifier les choses, il n'avait pas vraiment écouté mon avis sur cette question, je n'aimais guère ce comportement, peut-être finira-t-il comme Robert si il continuait.

Malgré tout, Robert me manquait. Je ne m'étais pas rendu compte du vide qu'il avait laissé dans ma vie, mais ces paroles ne changeaient pas le fait que je ne regrettais absolument pas mes actes, pour rien au monde je n'aurais laissé cet homme dans ma vie.

Il ne m'aimait plus, du moins c'était ce que je supposais, je n'en aurais jamais confirmation et c'était très bien comme ça. J'avais gardé un souvenir très vague du moment où j'avais tué une deuxième fois mon mari, je ne savais pas exactement ce que j'avais fait, ce souvenir était très flou comme un rêve qui, dès qu'on se réveille commence à s'effacer petit à petit de notre esprit.

Je me souvenais avoir abattu ma hache, mais la suite était seulement une succession d'images dont je ne comprenais pas le sens.

J'étais aussi partie une petite journée à la campagne, chez une tante éloignée, prétextant vouloir respirer un peu d'air frais contrairement à l'air pollué et souillé de la ville. Ma tante m'avait accueilli à bras ouverts, heureuse d'avoir de l'aide pour s'occuper de la ferme dans laquelle elle habitait.

J'avais ainsi aidé à nourrir les cochons, les oies, les poulets et tous les animaux que comptaient son immense propriété, j'avais nettoyé les granges des vaches et le poulailler.

Elle possédait également une partie de forêt dans laquelle je m'étais promenée espérant oublier rien que quelques heures les sombres souvenirs du retour du fantôme de Robert, bien entendu, j'étais venu ici pour me rassurer, me réconforter à la perspective de reprendre mon travail dans l'endroit où était revenu Robert.

Je pensais à mille et une façons de le faire partir si jamais il revenait. Les bois sombres et remplis d'humidité m'apaisait et me permettait de penser de façon claire. S'il revenait, ce dont j'étais presque sure que la réponse était négative, je partirai, j'irai loin, très loin, dans un autre pays, là où il ne pourra pas me trouver, je mettrai en place toutes les protections possibles et nécessaires pour l'empêcher de revenir.

C'était le soir, je mettais mon pyjama, une longue robe blanche, démêlais avec difficulté mes longs cheveux roux, j'allumais ma lampe, préparais le livre que je lisais et me dirigeais à pas tranquilles mais néanmoins prudents vers ma salle de bain, je n'avais pas oublié que le fantôme de mon mari pouvait revenir à chaque instant et je restais extrêmement vigilante, prête à me défendre.

J'ouvris la porte d'un coup, inspectai d'un œil alerte ma salle de bain, vide, oui évidemment, vide. Étais-je vraiment devenu paranoïaque ? Ou alors l'avais-je toujours été ?

La deuxième interrogation était la plus plausible, d'après moi. Je me dirigeai vers la vasque qui constituait mon lavabo et me regardais dans le miroir.

J'avais de grandes cernes, je ne dormais pas beaucoup la nuit, j'imaginais que c'était normal après la situation que je viens de vivre. Je prenais ma brosse à dents, et contemplais longuement la bague de Robert posée à côté, je m'en étais débarrassé après la mort de mon époux en la vendant à un marchand qui me l'avait racheté à un bon prix, pourtant elle était là, c'était Robert qui l'avais laissé, pour que je puisse me souvenir que je n'étais pas folle, du moins, c'était de cette façon que je l'interprétais, il l'avait laissé pour que je me rappelle de lui, peut-être pour me faire culpabiliser.

Fin

Son OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant