Chapitre 14 - Feu et Monstre

54 2 437
                                    


--------------- Violet ---------------

Prostrée contre le mur, dans l'obscurité, je sentais mon cœur battre contre mes côtes douloureuses. Je sentais le plâtre de fortune qui me démangeait. Je sentais l'air entrer difficilement dans mon nez cassé, et sortir tout aussi péniblement. Après le « discours », Caleb m'avait envoyée dans la chambre où j'avais dormi la première fois. J'étais seule dans cette pièce vide.

Et je ne parvenais pas à ressentir quoi que ce soit.

Même la douleur qui émanait de tout mon corps était supportable.

J'attendais, tout simplement.

Qu'est-ce que tu attends, exactement ? disait une petite voix dans ma tête.

Je ne parvenais pas à lui répondre.

Car des souvenirs passaient en flash devant mes yeux, à chaque fois que mes paupières se baissaient.

Jane en train de me tendre ma robe argentée pour la fête de fiançailles de Samirah.

Mes yeux se rouvrirent, mais il n'y avait que les ténèbres autour de moi.

May dans mes bras.

De nouveau, mes pupilles rencontrèrent l'austérité de la chambre.

Caleb m'offrant une tartelette aux framboises.

Mes paupières se rouvrirent, mais c'était toujours la même obscurité. Je les fermai à nouveau, mais les gardai ainsi.

Christopher m'embrassant.

Le noir.

Christopher, moi, et les feux follets.

Le noir.

Christopher, indécemment proche de moi, dans l'antichambre du bureau de son frère.

Le noir.

Christopher, dans la lumière d'été, à Manhattan...

- Et votre nom, M. l'étudiant en sociologie à l'université de New York ?

Il sembla surpris. Je fronçai les sourcils, perplexe. Ne pouvait-il pas me dire son nom ?

- Chris, répondit-il pourtant. Christopher.

- Eh bien, enchantée, Chris-Christopher. Un nom très original que vous avez là.

Il soupira, et me regarda en plissant les yeux.

- Et vous, mademoiselle ?

- Essayez de deviner, fis-je, joueuse.

Il sourit narquoisement. Puis s'assit à mes côtés sur l'herbe, en posant son menton sur ses mains.

- Rose ? proposa-t-il.

J'écarquillai les yeux, surprise. Il était très proche de la vérité. Interprétant ma réaction comme une affirmation, il sourit comme un enfant.

- C'est ça ? J'ai deviné du premier coup ?

- Non, éclatais-je de rire en voyant son enthousiasme. Mais presque.

Avec une moue déçue, il réfléchit. Puis il parut comprendre.

- Violet ? chuchota-t-il.

Je souris légèrement. Il me rendit mon sourire.

- J'adore ce prénom.

Je rougis, puis détournai le regard.

Leurs NomsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant