ZEKROG 'ZEK' FILS DE TAURIG - La muraille de Baron et le troll aux écorces

ZEK

La première leçon que l'on reçoit en entrant au monastère, enfin après celle de l'oubli de soi, de la concentration et de la contemplation (qui m'as pris deux hivers pour rappel), c'est que la vanité et l'orgueil sont des défauts qui nous empêchent d'atteindre notre vrai Moi. Pour cela, comme chaque moine ici, je me fis renommer Zek. La tradition veut que l'on ne préserve que l'essence de la personne qu'était le moine avant de recevoir son enseignement, et on ne garde donc que la première syllabe de son ancien nom comme nouveau. Autant vous dire qu'avec des moines de tous horizons, je me suis habitué aux Zak-Zèk-Zéké-Zik. Ne le répétez pas mais le vrai nom de Maître Ho est Horace. je l'ai appris un des jours où son ancienne troupe , du temps où il était aventurier, étaient venus lui rendre visite.

Les 6 ans qui ont suivis ont mélangé méditation et renforcement tant par l'esprit que par le corps. J'ai continué de grandir, tant par l'esprit que par le corps également. Mon corps est devenu encore plus indestructible qu'avant, comme s'il avait été brisé et reforgé. Mais la plus grande transformation fut celle de mon esprit. J'ai été incapable d'apprendre à lire et à écrire, mais ma réflexion, ma compréhension, ma perception, mon vocabulaire... Je connais le sens du mot vocabulaire ! Bon j'ai toujours tendance à perdre parfois ma concentration et à oublier quelques trucs, mais j'ai découvert le monde comme je ne l'aurai jamais cru possible...

Mais il y a toujours eu des divergences entre mes frères moines et moi. Déjà dès mes premiers pas dans l'enceinte, je sentis des regards désapprobateurs à mon égard.

"Un ogre moine? C'est un scandale..."

"On aura tout vu, voilà maintenant que les bêtes veulent se comporter en humains..."

"Comment un être aussi stupide et ignorant qu'un ogre pourrais comprendre quoi que ce soit à la voie..."

"Sa présence en ces murs est une honte et une hérésie..."

Malgré toutes les épreuves que j'ai dû affronter pour prouver que j'en était digne, beaucoup ont toujours trouvé que je n'avais pas ma place en ces lieux. Certains ont même tenté de me faire quitter le monastère, par des mots, des menaces et parfois même par la force. Toutefois, je n'ai jamais répondu à leurs médisances. Même quand ils m'ont parfois roué de coups ou humilié dans le dos de Maître Ho, j'ai toujours gardé le silence, sans jamais chercher à me venger. Mon corps et mon esprit étaient devenus capables de supporter tout leur mépris et toute leur haine, leur peur... Encore aujourd'hui, je ne ressens rien d'autre à leur égard que de la pitié et de la peine, pour ces êtres dont le regard était souillé de craintes, et leur cœur gangrené par l'obscurité, sans même chercher la lumière.

Face à cette situation, mon cœur à commencé à changer lui aussi. Moi qui n'avais jamais su quoi faire de mon existence, qui s'était toujours contenté de la tranquillité de mon petit village et d'une vie bien tranquille, je me mis à rêver. Je me mis à rêver d'ailleurs, d'un monde où ce genre de comportement n'aurait pu sa place, où chacun serait accepté comme il est et pour ce qu'il est. Maître Ho a appelé cela "le paradoxe de la connaissance". Ceux qui ne disposent pas de la connaissance, ne peuvent en souffrir. Mais toute personne qui éveille sa conscience, doit subir le fardeau qui naît de la différence entre réalité et rêves. Je pense que c'est à partir de ce jour que Maître Ho compris que je ne resterai pas éternellement au monastère, bien que je n'en avais moi-même pas conscience à ce moment-là. Il aurait pu alors me renier, moi, son fidèle disciple en qui il avait vu un potentiel successeur, en qui il avait perçu une force capable de miracles. Mais ce qu'il fit reste encore aujourd'hui l'une des plus belles preuves qu'un monde différent est possible à mes yeux. Il me dit tous ces mots que je vous ai retranscrit, me pris dans ses bras, et me sourit chaleureusement. Puis il prononça ces mots qui me sont si chers :