XXVIII ◇ C'est pas si mal

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◇ Les nuages cotonneux menacent de libérer leurs petits cristaux brillants et l'air glacial s'impose comme une lame vengeresse face à l'aura chaleureuse de la vie.

Depuis le canapé, même enroulé dans un plaid, je sens la fraîcheur de l'hiver essayer de me mordre les os. Le feu crépitant dans la cheminée, une pelote de fourrure vient s'entasser timidement juste devant.

J'observe avec tendresse un Kounen tout guilleret accrocher un petit mobile fabriqué de mes mains au dessus d'un gros coussin duveteux, petit nid secondaire pour le bébé chaton. Étant à la limite du burn-out émotionnel, rien que ce petit rien me fait monter les larmes.

Je sens alors son odeur envahir mon espace lorsqu'il vient se blottir contre moi. Glissant mon corps rebondi à l'extrême entre ses bras quémendeurs, j'en profite pour inspirer une bouffée de son odeur et lui voler un baiser. La voix de Kounen résonne dans le silence de notre cocon.

- Je vais aller nous faire à manger. Toujours partant pour du porc pané ?

- Avec plaisir, j'ai la dalle

Me réinstallant confortablement au chaud, je laisse mon corps tomber dans une somnolence sereine avant de sentir l'humidité de la couverture au niveau de mes jambes.

Cette sensation me procurant un petit frisson désagréable, je regarde en direction de l'amas de poils dans le but de déterminer quel chat a fauté pendant que j'avais le dos tourné. Constatant qu'aucun ne manque à l'appel, je sens les poils de mon corps se dresser les uns après les autres.

Fébrilement, je glisse une main entre mes jambes pour m'apercevoir que mon jogging est trempé. A moins d'avoir perdu l'usage de mon périnée de façon prématurée, je ne pense pas me tromper en affirmant que c'est pour maintenant.

Tremblant d'excitation et d'appréhension, laissant libre court à mon cerveau pour qu'il liste toutes les informations nécessaires à ce moment, et beaucoup d'autres inutiles bien sûr me faisant stresser à outre mesure au passage, j'essaye de stabiliser ma voix un maximum pour ne pas faire paniquer mon homme se trouvant dans la cuisine.

- Mon chat ? Où en es tu de la préparation du repas ?

- Je viens juste de commencer Kinji, il va falloir patienter encore un peu

- Dis-moi, demain tu as des cours importants ? Ou des réunions ?

- Non, juste mon planning de base. Les premières années le matin et répétitions avec mes dernières années l'après-midi. Je serai rentré pas tard, ne t'inquiète pas

- Parfait. Au fait, je ne me souviens plus, ma valise est prête ou il manquait deux trois truc ?

- Elle est prête petit chat, depuis une semaine. Pourquoi ? Tu commences à angoisser un peu ?

- Non non, pas du tout. Je me disais juste que s'il tenait un peu plus de moi que de toi niveau ponctualité, il se pourrait que ce soit pour bientôt, très bientôt même

- Tu entends par là que je ne suis pas ponctuel ?

- C'est pas vraiment ce que je voulais dire mais effectivement...

Je n'ai pas réussi à finir ma phrase à cause d'un certain énergumène qui me rappelle à l'ordre. Sauf que ça sert à rien de m'envoyer des contractions, corps à la con, il ne sortira pas de lui même ! Replié autant que je le peux, je retiens mon souffle le temps que la douleur passe.

Mon mutisme alertant mon compagnon, je vois ça bouille apparaître dans mon champs de vision lorsque je me détends.

- Kinji ? Tu vas bien ?

◇ Anomalie ◇Où les histoires vivent. Découvrez maintenant