Chapitre 19

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 Après avoir été mutilée, Marine fut remise dans sa cellule. Son sang s'était mêlé à celui de tant d'autres sur le sol de la pièce.

Les gardes étaient repartis comme ils étaient arrivés. Sans un mot, sans aucune autre expression sur leurs visages que la haine. Ces hommes la détestaient tout simplement. Pourquoi ? Ils ne la connaissaient même pas, ils ne l'avaient jamais vue avant, ne lui avaient jamais parlé, jamais écouté. Ils ne savaient rien d'elle, de son histoire, de son passé, de ses rêves et de ses envies. Ils ne savaient même pas qui était le démon ! Alors comment pouvaient-ils se montrer aussi désagréable simplement à cause des soupçons de leur seigneur ? La parole d'un seul homme avait provoqué tant de haine. Tant de tristesse. Tant de morts. Tant de peur et de larmes.

Marine était restée longtemps dans le noir à se vider de son sang. Elle résistait à la douleur et à la colère. Puis elle s'était laissée aller et ses douleurs s'étaient peu à peu calmées. Jamais, jamais la fillette n'avait été frappée sur le ventre auparavant.

Elle comprenait mieux pourquoi ces vêtements de cuir avaient été faits. Ils laissaient libres les endroits les plus vulnérables de son corps à la merci des tortures Freyennes.

Sa robe en toile s'était déchirée au niveau du ventre et du dos, la fillette avait fini d'en découdre tout le tour pour s'en faire un bandage. Elle bénissait une nouvelle fois Ryan d'avoir été si gentil avec elle.

La fillette avait peur d'attraper toutes sortes de maladies bizarres, ou d'avoir une infection à cause de toutes ses blessures non soignées.

Elle avait passé un jour peut-être deux, voir même trois à attendre dans le noir et à parler occasionnellement avec Lola. C'était quelqu'un de drôle mais de profondément triste. Il lui arrivait de se mettre à pleurer sans aucune raison apparente.

Chaque jour, le vieillard Freyen venait leur apporter de quoi manger en lançant des regards mauvais de tous les côtés puis il repartait rapidement sans leur parler.

Lorsque Marine entendit un bruit résonner derrière la porte, dans le couloir, elle crut d'abord qu'elle rêvait. Quelqu'un venait. La fillette se redressa, elle n'avait presque plus mal, ou alors elle s'était habituée à la douleur, elle ne le savait pas. Marine était couverte de sang à force de rester dans cette cellule, de dormir sur ce sol ou jamais le liquide écarlate ne séchait complètement.

Les bruits s'intensifièrent. Il devait y avoir encore plusieurs Freyens. Quel courage ! Venir à plusieurs pour tabasser des gamins. Démon ou pas, tous ces moyens semblaient démesurés pour des enfants. Trois hommes encore. Les Freyens faisaient des allées et retour sans arrêt dans le couloir. À chaque fois qu'elles en entendaient arriver, Marine et Lola retenaient toutes les deux leurs souffles.

Cette fois, il semblait que ce soit pour elles. Les bruits de pas s'arrêtèrent près de leur porte. Bruits d'un trousseau de clés. L'une d'elle tourna dans la porte en tintant. La porte de la cellule s'ouvrit, trois hommes entrèrent. Encore. L'un d'eux tenait une torche.

La fillette n'en reconnut aucun, ce n'était pas les mêmes hommes qui l'avaient torturée. Elle vit alors le tissu qui lui bandait le ventre, il était imbibé de sang. La fillette elle-même en était couverte, elle le savait avant mais le fait de le voir l'effrayer bien plus que de l'imaginer. Elle se sentit sale et poisseuse.

Deux des hommes s'avancèrent dans la pièce tandis que l'un d'eux restait près de la porte ouverte. Marine était prête, elle savait qu'elle aurait encore à souffrir. À son grand étonnement les hommes ne se dirigèrent pas dans sa direction, mais vers Lola. La fillette se mit aussitôt à hurler de peur lorsque la grille de sa cellule fut ouverte.

L'Avarielle - La légendeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant