Seth - TW !
Ses mains. Je les sens encore. J'ai envie de vomir. Je vais vomir. Ça me dégoûte. Je vais-
— Seth, il faut que tu manges un bout...
Olivia coupe brutalement mes pensées en entrant dans ma chambre et je reprends une grande bouffée d'oxygène comme si j'étais en apnée depuis tout ce temps.
Je ne réponds pas et me retourne dans mon lit. Elle s'approche de ma fenêtre et entre ouvre cette dernière pour aérer la pièce que je ne quitte plus depuis des semaines. Elle s'assoit au bord de mon lit et passe une main dans mes cheveux trempés.— Tu as réussi à prendre une douche ?
Je lui réponds par un simple hochement de tête. Elle a l'air fière que j'ai réussi à me lever pour me laver mais si elle savait la vérité. Si elle savait que la raison pour laquelle j'ai autant de mal à me doucher est parce qu'à chaque fois que je pénètre dans ma cabine de douche je retrouve les sensations d'emprisonnement, celles de ses mains, le dégoût et la peur, chaque parcelle de cette soirée me revient et me terrorise ce qui me mène chaque fois à me brûler le corps et griffer ma peau pour effacer ses empreintes invisibles pourtant bien trop encrées dans ma chaire.
— Par contre il faut vraiment que tu manges Seth, c'est important tu comprends ?
Je refuse de manger car le moindre aliment que j'avale je le rejette seulement quelques minutes après à cause du dégoût et des nausées persistantes depuis cette nuit-là. Mais je le fais quand même, parfois, pour ne pas faire de malaises et pour rassurer un tant soit peu ma famille. D'ailleurs, je sais que Lia se sent coupable de m'avoir traîné en boîte cette nuit-là même si ce n'est pas sa faute, c'est en partie pour elle que je fais des efforts pour manger.
Alors quand Olivia revient avec plusieurs aliments à ma disposition qu'elle laisse sur ma table de chevet, je parviens à finir une pomme entière. Je prends une gorgée d'eau et retourne dormir directement après en espérant ne pas vomir le fruit que je viens d'ingurgiter.
Mais alors que j'essaie de replonger dans le sommeil, une notification me fait ouvrir les yeux. Je déverrouille mon téléphone la boule au ventre et je suis rassuré lorsque je vois que ce n'est pas encore un article rapportant les évènements de cette soirée. Mais à la place, c'est un message de Devon... Depuis des semaines je ne suis pas sorti de chez moi et depuis des semaines il m'envoie des messages auxquels je n'ai pas la force de répondre.
Tous les jours c'est approximativement les mêmes messages :
"Devon_Hwrd✓ : Salut
Devon_Hwrd✓ : Comme d'habitude, j'espère que tu vas un peu mieux aujourd'huiDevon_Hwrd✓ : Courage, si tu as besoin de parler hésites pas
Devon_Hwrd✓ : Bon rétablissement"Et comme chaque jour je laisserai ses messages en vu. C'est étrangement gentil de sa part de continuer à demander de mes nouvelles alors que j'agis de façon ingrate à ne pas répondre alors qu'il est celui qui m'a aidé, mais je n'y arrive pas. Il s'est passé des choses bizarres entre Devon et moi mais je n'ai plus la place dans mon cerveau pour y penser, alors je préfère l'ignorer, faire comme si de rien était, et me dire que la seule raison pour laquelle il persiste à m'envoyer des messages c'est uniquement par principe, par acquis de conscience.
N'arrivant pas à dormir, je contemple le plafond, les souvenirs tournant en boucle. Les sensations de ses mains reviennent. Mon lit n'est pas un endroit où je me sens en sécurité et mon confinement inquiète mes proches alors dans un élan presque miraculeux je me lève de mon matelas et attrape un survêtement gris. J'enfile les vêtements et rabat la capuche sur mes mèches blondes. J'ouvre mes volets, la lumière du jour m'aveugle et à cet instant je perds tout courage et n'ai qu'une envie : me recoucher. Pourtant je prends sur moi. Je regarde mon lit, enlève mes draps et en enfile de nouveaux, espérant retrouver un minimum de sérénité au sein de ma couette et de mes oreillers.
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We Own The Gift Of Forgiveness
Storie d'amoreDepuis 3 générations, à San Francisco, deux lignées riches et prospères se querellent.Ce qui n'échappent jamais aux médias,pourtant aucun des deux partis n'acceptent de se « soumettre » à l'ennemi... Les deux familles ne manquent pas d'inciter la c...