Fall out - L'Âme Vendue au Diable

Chapitre 13

La chevauchée a crue n'est pas idéale, je n'ai pas de point d'attache, je glisse, mais je ne me laisse pas abattre. J'ai un seul objectif, je dois m'éloigner le plus possible avant qu'ils me prennent en chasse. Je galope dans une plaine, j'aperçois un bois loin devant moi, je veux l'atteindre afin de me camoufler dans les ombres de la nuit et le feuillage. Je ne sais pas combien de temps j'ai avant que quelqu'un remarque mon départ. Dès que le perdant va voir son collègue, il va donner l'alerte sans connaître le danger. Est-ce que le gagnant va se réveiller et me dénoncer ? Ou est-ce que Raphe va venir dans la chambre s'assurer de ma présence ? Je n'ai aucune certitude à part que je dois atteindre la lisière du bois pour me sentir plus en sécurité.

Je perçois quelque chose dans mon champ de vision. Une ombre ? Un animal ? Je tourne la tête, mais ne tombe que sur la plaine ensommeillée. Mon cheval s'ébroue, je serre les jambes sur ses flancs et il pile. Je suis à deux doigts de valser en avant, mais j'arrive à me rattraper. Je regarde à nouveau droit devant moi et c'est là que je le vois. Raphe debout, il me fixe du regard, ses ailes sont dépliées dans son dos. Elles sont immenses. Il n'a pas l'air de bonne humeur. Ses cheveux sont décoiffés. Je n'ai pas le temps de l'observer plus en détail. Je tire les rênes de l'étalon et détale dans l'autre sens. Raphe jure et en moins de deux secondes il est de nouveau face à moi. L'animal pile à nouveau.

— Descends !

— Si tu penses que je vais t'obéir, c'est que tu ne comprends rien.

— Oh, tu vas le faire, de ton plein gré ou par la force, mais tu vas descendre.

Il fait un pas en avant. Je prends le temps de l'observer quelques secondes cette fois. Il est débraillé. Sa chemise est ouverte, je distingue dans le noir ses muscles saillants. La boucle de sa ceinture est défaite. Je plisse les yeux.

— Oh, tu n'aurais pas dû t'interrompre pour moi.

Cette phrase le stoppe net. Il fronce les sourcils tandis que je les hausse rapidement et lui indique d'un mouvement de tête son état. Il se rend compte que sa ceinture ne tient plus. Il se dépêche de la remettre en place. Une nouvelle ombre passe à côté de moi et se place derrière Raphe. Du renfort. C'est la rousse qui m'a escorté la première fois. Elle porte une robe fourreau noire avec une fente qui remonte jusqu'en haut de sa cuisse droite. Elle a des ailes moins imposantes que celles de Raphe, mais magnifiques, elle se dégrade vers le gris au bout des plumes. Son regard est assassin. Je me rends compte qu'il devait être avec elle. Je fais ce que je fais toujours. J'ignore les sentiments que leur proximité me fait ressentir. Je souris en ajoutant :

— Reprenez où vous en étiez. J'en ferais de même.

Raphe tourne légèrement la tête vers la nouvelle venue et lui souffle.

— Nema, laisse-nous.

— Mais...

— Je pense pouvoir me débrouiller seul.

— Sitael est en chemin.

— Dis-lui que je m'en occupe.