Je me souviens...

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Je me souviens de ce jour où je t'ai rencontré. Nous nous sommes croisés dans un couloir du lycée. J'étais nouvelle et je ne connaissais personne. Tu m'as souri et m'as demandé si j'avais besoin d'aide. A ce moment là, j'hésitais entre accepter ou partir. J'ai finalement cru en toi et en ta gentillesse, et j'ai admis que j'étais perdue. Tu m'as indiqué où aller et nous nous sommes rendu compte que nous étions dans la même classe. Sans trop réfléchir, je t'ai demandé si tu voulais bien rester avec moi, au moins pour le cours. Tu as accepté, toujours avec ce grand sourire qui te définissait si bien, et j'ai appris ton nom, tu t'appelais Tom. Pendant ce cours, on a sympathisé, on s'est mis à discuter, et nous avons fini par passer la journée ensemble. Tu étais là pour moi, dès le début. Au fur et à mesure, on s'est rapprochés. On ne s'est pas quittés de tout le lycée, on passait tout notre temps ensemble, autant pendant les cours qu'en dehors, on était là l'un pour l'autre, on se soutenait. Est arrivé le bac. En temps normal, j'aurais été stressée mais, par chance on était dans la même salle et ça m'a apaisée, j'étais confiante, on avait passé deux semaines à réviser ensemble. Sans surprise on a tous les deux été admis. C'était pour nous le moment de mettre en place notre projet, partir faire nos études et habiter ensemble, se retrouver seuls, rien que nous deux et juste profiter de la vie. En attendant de savoir si on était pris là où on voulait étudier, on a acheté l'appart et on s'est installés. C'était la meilleure période de ma vie, on était ensemble, on vivait comme on le sentait, il n'y avait que nous deux. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi.

Mais ça ne pouvait pas durer. Après quelques semaines de pur bonheur, les résultats des admissions dans les écoles sont arrivés. J'ai été prise comme je le souhaitais dans ma fac de médecine mais tu n'as pas été pris en école vétérinaire. Ce fut un choc, pour toi comme pour moi. Tu m'as dis que tu allais devoir rentrer, pour l'annoncer à tes parents. M'as tu raconté ce que vous vous êtes dit ? Je ne m'en souviens pas mais en tout cas, cela a eu l'air de te blesser. Après ça, tu as décidé d'abandonner "véto" et de devenir serveur. Même si cette décision m'a étonnée de ta part, j'ai trouvé ça bien que tu fasses autre chose, que tu oublies le reste. Mais on passait moins de temps ensemble qu'avant. La journée j'étais en cours, certains soirs, tu travaillais. Mais nos moments passés ensemble me faisaient toujours autant de bien.

 Un jour, tu m'as annoncé que tu allais partir une semaine, pour voir tes parents. J'étais ravie que tu les revoies, que vous passiez du temps en famille. J'ai continué d'étudier pendant cette semaine, en pensant à toi. Le dimanche soir, je suis partie me coucher en me disant que tu rentrerais dans la nuit. Le lundi à mon réveil, tu n'étais pas là, je suis partie en cours légèrement inquiète, je pensais que tu m'aurais prévenue si tu étais en retard. Mais j'ai pensé que tu n'avais simplement pas eu le temps, ou que tu n'avais plus de batterie. Le soir en rentrant chez nous, vers 23 heures j'ai reçu un appel d'un numéro inconnu. J'ai pensé à une publicité, je n'ai pas répondu à cet appel mais il a rappelé. Je me suis demandée qui c'était pourquoi il m'appelait, surtout à cette heure tardive. Il a rappelé une troisième fois. Me disant que cela devait être important, que c'était peut-être pour les cours ou quelque chose du genre, j'ai répondu. Je ne m'attendais pas à recevoir l'information que j'ai apprise à ce moment là.

L'homme au téléphone était ton frère, il m'annonçait que tu ne rentrerais plus jamais, que tu nous avais quitté, volontairement. Cette nouvelle fut un choc  pour moi, et m'a bouleversée. Je suis rentrée, la tête baissée. Une fois rentrée, j'avais à peine fermé la porte que je me suis écroulée dans un coin de la pièce et j'ai fondu en larme. on était pourtant heureux ensemble. Je m'en voulais de ne pas avoir remarqué que tu allais mal. Pourquoi ne m'as-tu rien dit ? J'ai pensé à toi tous les jours depuis cet appel, me rappelant notre histoire. C'était il y a trois ans maintenant, trois années de douleur, trois années depuis lesquelles mes proches me disent de tourner la page, de passer à autre chose. Mais peu importe ce que les gens pensent ou disent, pour moi c'est impossible, tu est la première et la seule personne que j'ai vraiment apprécié, que j'ai appris à connaitre, tu est la seule personne que j'ai jamais aimée. Je regrette de ne pas avoir pu faire autant pour toi que ce que tu as fait pour moi. J'aurais aimé te dire ce que je ressentais, que tu sois là, avec moi, et qu'on se souvienne du bonheur qu'on a vécu ensemble. Mais tu nous a quitté il y a trois ans et ce n'est plus possible. Je veux m'excuser une dernière fois auprès de ma famille et de toi, te remercier de m'avoir aidée ce jour là, au lycée. Et maintenant, je mets fin à ma souffrance et je m'en vais te rejoindre.

Je me souviens...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant