Chapitre 8

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« Parfois il est plus facile de croire rêver pour fuir la réalité »

Lisa

Allongée négligemment sur le dos je fixe le plafond silencieusement. Depuis une heure ou deux, peut-être même seulement dix minutes, la notion du temps me semble abstraite à cet instant.

On est samedi aujourd'hui et je ne sais pas quoi faire de ma journée. Habituellement je flânerais dans les quartiers peu recommandables de New-York comme la personne peu recommandable que je suis. Mais aujourd'hui je suis plongée dans une musarde qui ne me ressemble pas.

Émilie passe pour la sixième fois devant mon lit. Elle se penche pour regarder je ne sais quoi par la fenêtre puis fait volte face et reviens s'asseoir sur son matelas aux draps rose poudrés. Son petit manège commence sérieusement à m'agacer.

- Tu as un problème ?, osé-je demander même si ça fait des jours qu'on ne s'est pas adressées la parole

Elle laisse ma question sans réponse pendant plusieurs secondes. Les yeux toujours rivés sur le plafond, je l'entend tapoter frénétiquement son pied sur le parquet d'une façon très agaçante.

- Je...euh...par rapport à ces derniers jours... c'est que

- Abrèges.

- Je suis désolée pour mon attitude envers toi, hurle t'elle presque comme si c'était une libération

Je prends appuis sur mon coude et penche la tête pour la regarder. Ses joues sont rosies par l'embarras, elle se triture les doigts en fixant ses pantoufles lapins comme si elles étaient soudain la chose la plus passionnante du monde.

- Je ne vois pas pourquoi tu t'excuses, dis-je froidement en me laissant à nouveau tomber sur le lit

- C'était vache de ma part tu es une fille géniale et tu m'as même défendu la dernière fois

J'ai fait ça moi ?

Je crois qu'il y'a méprise. Je ne l'ai pas défendu elle, je ne comptais juste pas laisser cette pouffe me marcher sur les pieds.

- Élie a raison en tant qu'amis on ne devrait pas te rejeter parce que nous on voit ce que tout ces idiots ne voit pas en toi

- Émilie je ne suis pas ton amie.

Mon ton calme mais tranchant la fait déglutir. Je ne veux pas qu'elle se méprenne ou qu'elle pense que son indifférence m'a ne serait-ce qu'un peu touché.

- Tu veux m'ignorer ou me fuir ? Fais-le. Tu veux me parler ? Fais-le. Mais saches que peu importe ce que tu choisis de faire je n'en aurais rien à foutre

Elle ne répond rien pendant plusieurs secondes qui semblent interminables. L'atmosphère est soudain très pesante.

- Euh je suis encore...désolée

Sa voix se casse vers la fin mais je me persuade d'en avoir rien à faire. Qu'elle pleure si elle veut. Je n'ai dit que la vérité après tout.

Je sais que je ne devrai pas être si dure avec elle. C'est tellement égoïste de ma part. C'est tout à fait normal d'avoir peur en apprenant ce que j'ai fait. Pourtant, je n'ai pas envie de briser mes barrières avec cette fille , d'accepter de la considérer comme une amie en sachant que tôt ou tard elle finira sûrement par me lâcher.

J'ai peur de l'abandon alors je ne laisse personne entrer dans ma vie.

- Je ne sais pas si tu me détestes mais je tenais quand même à te dire que d'ici la fin de l'année nous serons amies. Ça que tu le veuilles ou non Lisa Park's

L'académie des kaijins Où les histoires vivent. Découvrez maintenant