Scandal [ANCIENNE ÉDITION]

Chapitre 10 - Tyler

Dès que je mets un pied dans la cuisine, Harper soupire sans se cacher.

— Cache ta joie surtout, lui fais-je remarquer.

Elle lève les yeux au ciel, me faisant la haïr encore plus.

— Tu as pas lu les règles que je t'ai donné, je me trompe ?

Mais c'est qu'elle commence à me faire chier avec ses foutues règles !

— Non. Je t'ai dit que je m'en foutais. On s'ignore. C'est la seule règle qui s'impose à nous. Sur ce, laisse-moi me faire à manger, j'ai la dalle.

— Règle numéro deux, commence-t-elle en ignorant mes paroles, ne pas fréquenter les endroits communs en même temps : chacun est limité à une heure d'utilisation du salon et de la cuisine, après quoi l'autre a le droit à une heure d'utilisation. En bref, casse-toi, tu viendras te faire à manger quand j'aurais fini. J'étais là avant.

— Non. Et puis, pourquoi ce serait toi ? Qu'est-ce que j'en sais que cela ne fait pas une heure que tu es là ? Je suis dans ma chambre depuis une heure et demie et la dernière fois que je t'ai vu, tu te trouvais déjà ici.

— Tu as dit que tu t'en fichais des règles.

— Ouais, mais puisque tu veux jouer, je vais jouer.

— Bien. Donc il me reste vingt minutes. Je me suis chronométrée.

Elle sort de sa poche son téléphone qui affiche en effet quarante minutes.

— Et qui me dit que tu ne l'as pas lancé plus tard ?

Elle pointe du doigt la caméra de surveillance.

— Tu n'as qu'à vérifier les footages.

— Je m'en fous. J'ai faim, alors je vais me faire à manger, point final.

— Non. Commande. Tu n'es qu'une diva, je suis certaine que tu ne sais même pas faire à manger.

— Dit-elle, me moqué-je. Pourquoi ce ne serait pas toi qui commanderais ?

— Parce que j'étais là avant. Et je suis végan, bonne chance pour trouver un truc qui a une bonne gueule.

Je lâche un rire sec.

— Et tu oses me dire que je suis la diva ? Regarde-toi en face d'un miroir. Tu milites pour des choses mortes et naturelles. Sérieux, tu penses que ne pas bouffer des oeufs va faire que tu sauves des animaux ? Fun fact : y'a déjà beaucoup trop de poules et elles sont obligées de pondre. Tu ne sauves personne.

Elle lève les yeux au ciel.

— Tu sais, on ne se bat pas pour que les poules arrêtent de pondre. On sait que c'est naturel. On se bat contre les élevages.

— Donc tu veux quoi ? Qu'on rende la liberté aux poules du monde entier et qu'on tente de les capturer pour avoir un œuf ?

Elle souffle.

— Tu fais exprès de ne pas comprendre, rassure-moi ?

Bien sûr. Je ne suis pas aussi con et mal éduqué. Mais la rendre folle me rend particulièrement heureux.

— Non. Explique-moi.

— Laisse tomber ! s'enrage-t-elle en se tournant vers la poêle remplie de légumes en train de griller.

— On partage ?

— Crève. Tu n'aime pas le régime vegan, alors pas touche.

Je me marre.

— On partage la cuisine ? Juste pour aujourd'hui. Crois-moi, je n'ai aucune envie de bouffer ton repas à base de fibres. Je vais crever de faim au bout de cinq minutes. Pas étonnant que tu sois si fine, tu bouffes autant que tes amies les poules.