Le garde fouilla dans le plan de travail. La fillette attendait docilement, attachée par les bras à une chaîne qui pendait du plafond.
Marine n'avait pas peur, elle savait que le remède de Ryan ferait son effet. Elle n'avait attendu qu'une dizaine de minutes après le départ du jeune homme pour qu'un Freyen n'arrive pour la torturer avant l'épreuve du sang. Sa douleur était ailleurs.
Elle sentait son cœur se serrer en pensant à son ami qui était parti. Ryan était parti. Il allait retrouver Maxime et Manon, il les mettrait à l'abri, il les protégerait. Marine gardait espoir pour eux, elle pensait qu'elle serait morte de toute façon. Tout ce qui lui importait c'était eux. Ses amis. Si le démon venait à se montrer un jour, ils pourraient lui venir en aide comme ils l'avaient aidée, elle. Elle qui n'était rien d'autre qu'une enfant.
Ryan était loin sur les routes, libre et sûrement heureux. Il devait savourer à chaque instant sa liberté nouvellement acquise. Marine l'imaginait bien, apprécier l'eau de la mer, portée par le vent, tomber sur sa peau. La mer et le vent qui hurlaient de plus en plus fort autour du château. Ces derniers temps, Marine aurait juré les avoir entendus s'engouffrer dans la forteresse. Ou bien ce n'était qu'un délire lié à l'enfermement.
Le garde semblait ne pas savoir ce qu'il cherchait dans les nombreux objets de torture. Il fouillait bruyamment entre les bouts de métaux. Pendant qu'un autre tenait une torche non loin de la fillette et qu'un troisième s'assurait qu'elle ne bougeait pas.
Les trois hommes avaient l'aspect minable des gens qu'elle n'avait fait qu'apercevoir depuis son arrivée. Ils n'avaient rien en plus, rien en moins. Les Freyens étaient comme une masse, différentiables par leurs comportements et leurs attitudes aussi bien que par leurs physiques.
Ryan avait cherché à cet endroit lui aussi. Il l'avait soignée, comme dans la prison hôpital. Il l'avait aidé quand rien ne l'y obligeait. Il avait pris de gros risques en faisant cela. Il en avait toujours pris. Ryan l'avait aidé depuis qu'elle avait franchi le seuil de la porte de la salle d'interrogation pour parler avec lui. Il l'avait pris sous aile et protégé, comme un frère, comme le père qu'elle n'avait jamais eu. Le jeune homme pourrait soigner ses amis s'ils venaient à se blesser.
Le garde sortit une plaque de métal du plan de travail et l'approcha de la torche. Les deux Freyens faisaient chauffer l'arme en se lançant des regards complices.
Ryan aussi avait un regard particulier. Ses yeux bleus ne brillaient pas comme ceux des autres. Il n'avait aucune once d'hostilité ou de malveillance dans les siens. Ils semblaient au contraire appeler au calme et au bonheur. Ryan était différent. Il l'avait toujours été même s'il tentait de le cacher. Il ne ressentait pas de haine ni de colère en voyant des enfants. C'est pour cela qu'il l'avait aidé et qu'il en avait souffert de son côté.
Chaque jour, chaque heure et chaque minute, Ryan prenait sur sa conscience tout le mal que faisaient les Freyens sur Terre. Il devait souffrir mentalement bien plus que la fillette ne pouvait souffrir physiquement. Ryan portait sur lui les actes de tout un peuple. Et ce peuple avait dû commettre bien des actes impardonnables pour se comporter d'une telle manière.
Les Freyens, la gloire de vaincre et de tuer un démon imaginaire qui n'est autre qu'un enfant apeuré. Des hommes qui n'aspirent qu'à la crainte. En y réfléchissant, les Freyens n'étaient pas bien différents des terriens, eux-même avaient causé tant de mal sur leur propre territoire au cours des siècles passés.
La plaque en métal était maintenant rouge. Marine sentit un Freyen la maintenir dans son dos. Le garde retira la plaque fumante de la torche et se tourna vers la fillette. Une lueur sadique brilla dans le regard du soldat quand il approcha l'arme du ventre de Marine. Elle savait qu'elle ne devait pas bouger, attendre.
Attendre la douleur. Ne rien faire d'autre que de penser, penser à Ryan, à l'extérieur et à la mer. Le garde sembla ne pas apprécier son manque de réaction. Il appuya son arme contre la peau de la jeune fille.
Marine hurla tandis que sa peau dégageait un bruit et une odeur infâme. Elle avait mal, tellement mal.
Mais elle n'aurait pas à souffrir longtemps. Elle prendrait le remède de Ryan pour attendre dans le noir de sa cellule puis les loups achèveraient enfin ses souffrances.
Ryan allait retrouver ses amis. Elle le savait, elle en était sûre. Elle n'aurait plus à avoir mal après.
– Maxime... murmura t-elle en sentant ses entrailles subir la chaleur de la lame.
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L'Avarielle - La légende
ParanormalEn un bois perdu et glacial, où la neige et le froid avaient tout recouvert, où le vent même avait cessé de souffler tant la température était basse. En ce bois, il n'y avait pas âme qui vive. Tout avait gelé et sur les sombres branches des arbres o...